L'entité sioniste a dit jeudi préparer un plan pour un départ «volontaire» de Palestiniens de la bande de Ghaza, malgré le tollé international provoqué par une proposition de Donald Trump d'une prise de contrôle américaine du territoire palestinien et d'un déplacement de sa population. Le mouvement de résistance palestinien Hamas, contre lequel l'armée sioniste a mené une guerre dévastatrice à Ghaza pendant 15 mois, a affirmé que la proposition du président américain était «une déclaration d'intention d'occuper» le territoire palestinien. « Nous refusons de remplacer une occupation par une autre. Ghaza appartient à son peuple, qui ne partira pas», a affirmé le Hamas. Trump a annoncé son plan mardi, au côté du Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche, alors qu'un cessez-le-feu est en vigueur à Ghaza depuis le 19 janvier et que les négociations indirectes sous l'égide des médiateurs avaient repris sur la suite de cette trêve. L'un des médiateurs, l'Egypte, a estimé que le soutien sioniste au plan Trump menaçait ces négociations censées préparer la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu. Cet accord a déjà permis la libération de 18 prisonniers sionistes et d'environ 600 Palestiniens détenus dans les geôles de l'occupation. De nouvelles libérations sont prévues samedi, avaient annoncé des sources du Hamas, la semaine dernière. Netanyahu a qualifié l'idée de Trump de «remarquable». Evoquant sa rencontre avec le président américain, il a déclaré ensuite penser «qu'il faut bien étudier cette idée, qui est la plus originale qui a été proposée depuis des années» dans une vidéo sur X. Son ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré avoir «ordonné à l'armée de préparer un plan qui permettra à tout Ghazaoui le souhaitant de partir vers n'importe quel endroit du monde qui accepte de l'accueillir». L'entité sioniste a pris de mutiples secteurs de Ghaza et contrôle toutes les sorties du territoire où elle assiège quelque 2,4 millions de Palestiniens depuis octobre 2023. Son agression génocidaire y a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué des destructions colossales. Elle a par ailleurs confirmé jeudi avoir frappé au Liban «deux sites qui contenaient des armes du Hezbollah», alors que la date de son retrait du sud du territoire libanais a été repoussé précédemment au 18 février. En lançant l'idée d'une prise de contrôle américaine de Ghaza afin de la reconstruire et d'en faire la «Côte d'Azur du Moyen-Orient», Trump a répété que ses habitants pouvaient être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, qui ont pourtant rejeté cette option. Jeudi, il est revenu à la charge. Ghaza sera «remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats», ajoutant que, d'ici là, les Palestiniens «auraient déjà été réinstallés» ailleurs dans la région. «Aucun soldat américain» ne sera nécessaire pour ce faire. Pour Vincent Chetail, professeur de droit international à l'Institut des hautes études internationales et du développement à Genève, «il n'est pas réaliste de penser qu'autant de monde partiront de leur plein gré. S'ils le font, ce sera inévitablement sous la contrainte directe ou indirecte». Même s'il reste flou, le plan Trump met surtout en péril l'idée d'une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies, défendue par une majeure partie de la communauté internationale mais à laquelle l'entité sioniste s'oppose violemment. Et pour l'ONU, ce plan est illégal au regard du droit international». Tout transfert forcé ou déportation hors des territoires occupés sont strictement prohibés», a souligné le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. La proposition de Trump est «illégale» et «complètement absurde», a dit la rapporteure spéciale de l'ONU en charge des territoires palestiniens, Francesca Albanese. « Il est essentiel d'éviter toute forme de nettoyage ethnique», a dénoncé le patron de l'ONU, Antonio Guterres. L'Egypte et la Jordanie, qui reçoivent des aides américaines cruciales, et l'Arabie saoudite, poids lourd du Moyen-Orient, ainsi que d'autres pays arabes et occidentaux ont rejeté le plan américain. Le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer Trump le 11 février à Washington. La première phase de l'accord de trêve a permis «une augmentation massive» de l'aide humanitaire avec l'entrée de «plus de 10 000 camions» à Ghaza depuis le 19 janvier, selon l'ONU. La deuxième phase est censée permettre la libération des derniers otages et mettre fin à la guerre, avant une dernière étape consacrée à la reconstruction. Le Programme alimentaire mondial a appelé «tous les donateurs» à l'aide pour nourrir les Ghazaouis et reconstruire le territoire palestinien. «L'ampleur des besoins est gigantesque.»