Des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés étaient en route, hier, pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Ghaza, après un compromis de dernière minute entre le Hamas et l'entité sioniste pour la libération de six autres otages. Cette avancée préserve un cessez-le-feu fragile et ouvre la voie à d'autres échanges de prisonniers israéliens et de détenus palestiniens dans le cadre d'un accord visant à mettre fin à l'agression barbare sioniste qui dure depuis plus de 15 mois dans la bande de Ghaza dévastée, dont la quasi-totalité des habitants ont été déplacés. Un flot ininterrompu de Ghazaouis, hommes, femmes et enfants, est filmé par les médias durant leur marche, chargés de bagages ou poussant des chariots, sur l'artère côtière vers le nord du territoire palestinien dans la matinée. Des chants et «Allah akbar» s'élevaient par moment des colonnes de marcheurs. De longues files de véhicules se sont aussi formées à Nousseirat dans l'attente de l'ouverture du passage aux voitures, qui doit encore accélérer ce vaste mouvement de retour. Selon la Défense civile du territoire, ils étaient des «dizaines de milliers» à s'être mis en route dès le week-end, mais pour se heurter au refus sioniste de les laisser passer via le corridor de Netzarim, qui coupe le territoire en deux au sud de la ville de Ghaza. L'entité sioniste avait «justifié» ce blocage par la non-libération d'une civile captive à Ghaza, Arbel Yehud, et l'absence d'une liste recensant les morts ou vivants parmi les 87 otages encore à Ghaza, dont 34 déclarés morts par l'armée. Le Hamas avait de son côté accusé l'ennemi sioniste de «violer» l'accord de trêve. Dimanche soir, l'entité a finalement annoncé un règlement, après l'engagement du Hamas à libérer trois otages jeudi, notamment Arbel Yehud et, comme prévu par la première phase de l'accord de trêve, trois autres samedi. Hier matin, «le passage des Palestiniens déplacés a commencé le long de la route Al Rachid via la partie ouest du point de contrôle Netzarim vers la ville de Ghaza et la partie nord» du territoire palestinien, a annoncé un responsable du ministère de l'Intérieur du Hamas. « C'est un sentiment formidable de rentrer chez soi, auprès de sa famille, ses proches, ses êtres chers et pour inspecter sa maison, s'il y a toujours une maison», confie dans la foule en marche Ibrahim Abu Hassera. Certains des marcheurs s'agenouillent pour une prière, ou embrasser la terre. Ce retour de déplacés est une «victoire» contre «les plans d'occupation» de Ghaza et de «déplacement» forcé des Palestiniens, s'est réjoui, hier, le mouvement islamiste palestinien. C'est «une réponse à tous ceux qui rêvent de déplacer notre peuple», a enchéri son allié, le Jihad islamique. Le Hamas, tout comme le président palestinien Mahmoud Abbas et de nombreux pays arabes ont dénoncé dimanche l'idée lancée par le président américain, Donald Trump, de déplacer les habitants de Ghaza vers l'Egypte et la Jordanie pour, selon ses termes, «faire le ménage» dans le territoire. Il a suggéré un déplacement «temporaire ou à long terme». Pour les Palestiniens, cette suggestion renvoie à la «Nakba», ou «Catastrophe» en arabe, le nom donné au déplacement de masse qui a suivi la création de l'entité sioniste en 1948. « Nous déclarons à Trump et au monde entier: nous ne quitterons pas la Palestine ou Ghaza, peu importe ce qui arrive», a martelé un déplacé originaire de la ville de Ghaza, Rashad al-Naji. Rival du Hamas qui avait chassé l'Autorité palestinienne et pris le pouvoir à Ghaza en 2007, Mahmoud Abbas a condamné «tout projet» visant à déplacer les Ghazaouis. La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, tout comme l'Egypte ont réaffirmé dimanche tout rejet d'un «déplacement forcé» des Palestiniens. La Ligue arabe ainsi que le Parlement arabe ont mis en garde contre «les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre», ce qui «ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique». La première phase de l'accord de cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 prisonniers sionistes contre quelque 1 900 détenus palestiniens dans les geôles israéliennes. Dans le deuxième échange survenu durant cette trêve, quatre soldates sionistes ont été libérées samedi par le mouvement de résistance palestinien contre 200 détenus dans des geôles israéliennes. Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages et conduire à la fin définitive de la guerre. La dernière étape doit porter sur la reconstruction de Ghaza et la restitution des corps des prisonniers sionistes morts dans les bombardements de l'armée d'occupation sioniste.