L'Algérie est en phase de redessiner les contours d'une nouvelle carte géostratégique dans toute la région du Sahel, ainsi que dans le pourtour méditerranéen et dans le voisinage méridional de l'Europe. Toutes les donnes en interaction laissent entrevoir un rôle plus accru de l'Algérie dans la détoxication de la région sahélienne, notamment à travers un vaste programme de développement socio-économique, pilier de la lutte contre les phénomènes djihadistes, mais aussi l'instabilité politique galopante dans cette partie géostratégiquement centrale de l'Afrique. Il y a quelques jours, des médias africains, spécialisés dans les affaires de défense et de géostratégie mondiale, annonçaient la sollicitation de l'Algérie par le Nigeria en vue d'une assistance pour conforter ses efforts de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent. C'est le renseignement financier nigérian qui, inquiet de la teneur de la situation sécuritaire et la prolifération des activités terroristes dans la région, entend «relancer la coopération régionale dans la lutte contre le financement du terrorisme». Par coopération régionale, cela s'entend reprendre langue avec le Niger et le Burkina Faso, avec lesquels le courant ne passe plus, depuis le fameux bras de fer engagé par la Cedeao contre les nouveaux maîtres de Ouagadougou et de Niamey. Le Nigeria a échafaudé une stratégie de lutte contre la criminalité financière et les principaux groupes terroristes présents dans la zone afin de sortir de la liste grise du Gafi en 2025. Or, l'affinement de la stratégie de lutte contre le financement du terrorisme exige une coordination parfaite et sans équivoque afin d'assécher les sources de financement offshore des groupuscules djihadistes au Nigeria et, par ricochet dans la région. Mais pour cela, le Niger doit passer inévitablement par l'Algérie afin d'obtenir des garanties de réussite dans ce contexte. Certains pays très actifs dans ce volet précis, comme le Maroc, ne sont plus en odeur de sainteté auprès de nombre de pays africains, qui ont fini par découvrir le pot aux roses. Qui mieux que les Algériens pour mener à bien cette médiation difficile et peu envisageable sur le terrain ? Malgré certaines interférences exogènes et les jeux troubles de certains pays occidentaux et arabes, avec la complicité ardue du voisinage, l'Algérie a su capitaliser son aura traditionnelle et historique avec le Burkina Faso, le Niger et le Mali pour maintenir une certaine cohésion régionale sur nombre de questions géostratégiques et influer sur la géopolitique régionale. Le Mali, qui semblait faire le jeu de certaines parties hostiles à l'Algérie, semble revenir à de meilleurs sentiments grâce à une diplomatie discrète mais, surtout, efficace et bien affûtée. Avec les Etats-Unis d'Amérique également, l'Algérie a toujours fonctionné en tant qu'acteur de stabilité et de maintien de la paix dans la région et au sein du continent. Le partenariat sécuritaire algéro-américain évoqué récemment par l'ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis constitue une preuve supplémentaire de cette ambition du pays d'occuper les premiers plans dans le continent ou, du moins, dans la région dangereuse du Sahel. Le ballet des délégations militaires et des hauts gradés de l'OTAN, ces derniers mois, en Algérie témoigne également de ce regain d'intérêt de la part des grandes puissances et conglomérats occidentaux inquiets, à juste titre, quant à l'apport pacificateur et stabilisateur du pays dans cette région méridionale de l'Europe. Les Européens inquiets de la présence russe dans la région du Sahel et les «menaces» que «cette présence pourrait constituer sur la sécurité de l'Europe», sollicitent l'Algérie pour s'assurer un dialogue et des garanties pérennes sur ce volet précis. De facto, l'Algérie se positionne comme un acteur pivot dans la stabilisation et le maintien de la paix et la sécurité dans toute la région sahélo-saharienne, ainsi que dans son voisinage immédiat. Ce qui n'est, certes pas, du goût de certaines puissances occidentales et autres relais arabes tout aussi toxiques, habitués à avoir main basse dans cette zone à fortes turbulences. Il est de notoriété publique que certains pays, pliant aux revendications terroristes, ont contribué largement au financement du terrorisme, notamment les groupuscules djihadistes dans la région du grand Sahel. Autant dire que l'Algérie est en passe de devenir le pays pivot que les grandes puissances espèrent voir émerger dans cette partie sensible de la Méditerranée. Aussi les Africains, qui ont fini par prendre conscience des véritables enjeux en cours dans la région, entendent démasquer tous ces apôtres du néocolonialisme, tapis dans les recoins de l'Afrique, devenus des facteurs de déstabilisation et d'asservissement du continent. Le compte à rebours est désormais engagé contre ces pays toxiques et leurs relais d'outre-mer.