Emmanuel Macron s'est exprimé, ce jeudi, sur ses rapports avec Abdelmadjid Tebboune et sur les relations algéro-françaises. Intervenant au lendemain du procès de Boualem Sansal et de la décision de la justice française sur le dossier Bouchouareb, le chef de l'Etat français a mis en avant la «confiance» qu'il plaçait «dans le président Tebboune». Macron, qui a eu des propos bienveillants, a également noté la «clairvoyance» de son homologue.Cette sortie médiatique, de nature à faire baisser les tensions dans les relations algéro-françaises de plusieurs crans, préjuge d'un retour du dialogue entre les deux pays au plus haut niveau de l'Etat. Cette perspective est d'autant plus plausible que le président français a fait une révélation dans ce dossier. En effet, Macron a affirmé avoir échangé «plusieurs messages» avec le président Tebboune. Ces déclarations faites en réaction à la peine de 10 ans de prison, requis par la justice algérienne à l'encontre de Boualem Sansal, tranche nettement avec les propos haineux de Retailleau et de quelques anciens hauts responsables français proches de l'extrême droite. Le ton n'est pas du tout à l'invective, et le chef de l'Etat français va plus loin en évoquant le contentieux politico-diplomatique, qui divise depuis des mois l'Algérie et la France, en des termes autrement plus responsables. Il a ainsi clairement affirmé son intention de ne pas mélanger le «destin» de Boualem Sansal avec le reste des points à régler avec l'Algérie. Cette dissociation entre le cas Sansal et le contentieux politique et diplomatique algéro-français est un juste retour à un fonctionnement normal entre deux Etats souverains. Par cette séparation des sujets, le président Macron ouvre une porte au dialogue avec l'Algérie et désavoue, dans le même temps, son ministre de l'Intérieur qui a justement pris prétexte de l'arrestation de son «ami l'écrivain» pour se déchaîner sur l'Algérie. Retailleau a, à plusieurs reprises, assumé la relation directe entre l'affaire Sansal et les «mesures graduées» qu'il dit prendre contre l'Algérie. Macron a fait montre de non-ingérence dans les affaires internes de l'Algérie, en assumant une volonté de dialogue constant avec Alger, indépendamment du sort qui sera réservé à Boualem Sansal. Le président français plante le ministre de l'Intérieur et apporte l'argument qui détruira le scénario-catastrophe que déploie l'extrême droite de son pays pour faire voler en éclats de ce qui fonde les relations entre l'Algérie et la France. Emmanuel Macron ne s'arrête pas en si bon chemin et annonce une prise de parole en «temps voulu» sur l'ensemble du contentieux à l'origine de la crise polico-diplomatique. Tout en soulignant la gravité de cette crise, les connaisseurs des relations entre les deux pays notent le ton ferme, mais serein, du locataire de l'Elysée. C'est là un signe qu'un travail sérieux a été réalisé en coulisses, et la prochaine prise de parole du président Macron sifflera la fin de la récréation pour l'extrême droite. Il n'est pas dit, cependant, que Retailleau et consorts déposeraient les armes, mais l'initiative ne devrait plus venir de Place Beauvau, mais du Quai d'Orsay et de l'Elysée. Il va de soi que les voix racistes ne cesseront pas pour autant, puisqu'elles disposent d'un canal d'expression permanent à travers des médias acquis à leurs thèses. Il faut souligner, par ailleurs, le formidable travail effectué par des personnalités de la scène politique française, reconnues et respectées. Dominique de Villepin et Ségolène Royal, pour ne citer que les plus en vue, ont su trouver les mots pour identifier le grand danger que fait courir l'extrême droite à la stabilité de la France. Régulièrement interpellé par ces voix sages pour reprendre en main le dossier des relations entre l'Algérie et la France, Emmanuel Macron a fait, ce jeudi, un premier geste très significatif et annoncé une intention de régler les questions pendantes avec l'Algérie, dans le respect mutuel de la souveraineté des deux nations. Le président français peut compter sur l'engagement des forces de progrès en France. Elles organisent, aujourd'hui, plusieurs marches populaires contre l'extrême droite et ses relais médiatiques. Le succès de ces manifestations mettra en évidence l'hypocrisie et les mensonges d'une caste politique bien identifiée. Celle-ci n'a-t-elle pas déjà failli détruire la France lors de la Seconde Guerre mondiale et entreprend, ces derniers mois, de rééditer la même basse oeuvre au profit du sionisme international?