Allons-y pour une petite histoire qui s'est déroulée il y a de cela bien longtemps lorsqu'on voulait se débarrasser d'un magistrat «rigide» qui savait dire non à l'intimidation, aux magouilles de toutes sortes, aux complots, et autres ignobles micmacs. Un matin de printemps, vers les dix heures et quelque, au 5e étage du palais de justice d'Alger, des cris stridents furent entendus dans presque toute la bâtisse. Un jeune fille, qui s'avérera être une ancienne greffière, courrait, en pleines marches d'escalier, en direction du 3e étage. Elle arriva alors au niveau du secrétariat du procureur général et demanda à être reçue par le patron, déjà sur le pas de la porte du bureau. Il l'invita à s'asseoir, en demandant lentement ce qui se passait. La jeune fonctionnaire de la justice, essoufflée et paniquée par ce qu'elle venait de vivre trois minutes plus tôt, selon ses seuls «dires» dans le bureau du procureur général, cracha, sans même réfléchir aux retombées de sa catastrophique déclaration, qu'elle venait de «faire l'objet de violents attouchements animaux de la part de son ''patron'', le président de la chambre administrative». Le magistrat pria la fonctionnaire de remettre en place son chemisier déchiré et demanda à ce qu'on convoqua immédiatement le magistrat incriminé. Quatre minutes plus tard, le mis en cause par sa subordonnée était au rendez-vous. La confrontation fut rapide, et le pauvre magistrat fut prié de contresigner le procès-verbal d'audition et de ne pas quitter le tribunal, alors que la greffière touchée au plus haut point par le drame fut exemptée pour le reste de la journée. Puis, plus rien ne se passa pour aujourd'hui. Quelques jours plus tard, le juge dénoncé comparut devant le conseil de discipline de la magistrature et fut dirigé vers une autre juridiction afin d'y être entendu. Il sera finalement condamné à un an d'emprisonnement ferme pour harcèlement sexuel sur une employée, «coupable, selon le juge interpellé, jugé et condamné, de complicité de complot sur mon honorable personne» !