Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté vendredi les dirigeants du Soudan du Sud à mettre fin à la confrontation politique, à libérer les responsables détenus et à mettre pleinement en oeuvre l'accord de paix de 2018. «Tous les nuages sombres d'une tempête parfaite se sont abattus sur le peuple du pays le plus récent du monde et l'un des plus pauvres», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Ce que nous voyons rappelle sombrement les guerres civiles de 2013 et 2016, qui ont tué 400 000 personnes». Ses propos font suite à la récente escalade de la crise dans le pays, le premier vice-président, Riek Machar, ayant été placé mercredi en résidence surveillée à Juba, la capitale, alors que les affrontements s'intensifient et que des attaques contre les populations civiles sont signalées. Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance en juillet 2011, mais la guerre a éclaté en décembre 2013 entre les forces loyales au président Salva Kiir et les forces d'opposition dirigées par Machar, faisant des centaines de milliers de morts. L'accord de paix de 2018 a mis fin aux combats et établi un gouvernement d'union nationale. Estimant que l'heure était au dialogue et à la désescalade dans l'intérêt du peuple sud-soudanais qui souffre depuis longtemps, Guterres a déclaré: «La Corne de l'Afrique est déjà en proie à des troubles et ne peut se permettre un nouveau conflit, pas plus que le peuple du Soudan du Sud.» Il a appelé les dirigeants de ce pays à mettre fin à la confrontation politique, à libérer les responsables militaires et civils détenus, à rétablir pleinement le gouvernement et à mettre en oeuvre les engagements pris dans le cadre de l'accord de paix de 2018. Le chef de l'ONU a également exhorté la communauté régionale et internationale, en tant que garante de cet accord de paix, à «parler d'une seule voix» pour soutenir le processus de paix et s'opposer à toute tentative visant à le saper. «Le Soudan du Sud a peut-être disparu du radar du monde, mais nous ne pouvons pas laisser la situation sombrer dans l'abîme», a-t-il dit. Antonio Guterres a déclaré à la presse que les Nations unies travailleraient en étroite collaboration avec l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). «Aujourd'hui plus que jamais, les dirigeants du Soudan du Sud doivent entendre un message clair, unifié et retentissant: déposez les armes. Faites passer le peuple du Soudan du Sud en premier», a-t-il souligné. Sur le terrain, le vice-président sud-soudanais Riek Machar a été assigné à résidence, parce qu'il préparait une rébellion, a affirmé vendredi le pouvoir sud-soudanais, alors que le secrétaire général de l'ONU a appelé les dirigeants du Soudan du Sud à «déposer les armes» de crainte que le pays ne replonge dans la guerre. Un convoi de véhicules lourdement armés conduit par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale avait pénétré mercredi soir «de force dans la résidence du vice-président» à Juba et arrêté celui-ci, selon le parti de Machar. Riek Machar a «agité» ses «bases» pour qu'elles se rebellent contre le gouvernement et que le pays «retourne en guerre», a expliqué vendredi le porte-parole et ministre de l'Information Michael Makuei Lueth, avant de confirmer son assignation à résidence. «Il fera l'objet d'une enquête et sera traduit en justice», a-t-il encore affirmé.