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«Le roman me permet de transfigurer la réalité»
Leïla Hamoutene, écrivaine, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 07 - 04 - 2025

L'Expression: Abîmes est votre premier livre, un recueil de nouvelles paru en 1992 chez l'Enag. Comment est-il né?
Leila Hamoutène: Ces années-là ont marqué un changement radical dans notre société: d'abord le code de la famille que je considère pour ma part comme une espèce de code de l'indigénat car le statut de la femme est passé de celui de citoyenne à part entière à celui de mineure. Il faut y ajouter l'émergence de mouvements rétrogrades qui, à la faveur des changements politiques allaient amener notre pays à la décennie noire. J'ai vécu ces événements comme tout un chacun, mais j'ai éprouvé le besoin de faire vivre cette réalité à des personnages que je pouvais imaginer, ainsi, ils ont pu aller dans leur parcours plus loin que je ne pouvais aller.
Vous faites partie des écrivains talentueux ayant fait partie de la formidable aventure littéraire de la maison d'édition Marsa. Vous y avez publié votre premier roman Sang et jasmin en 2001. Est-ce que vous pouvez nous parler de cette expérience aussi belle qu'originale?
Marsa m'a effectivement donné l'opportunité de publier Sang et jasmin qui raconte l'expérience combien douloureuse de trois jeunes adolescents affrontant des événements d'une violence inouïe. Impuissants, ils ont assisté à cette déflagration sans pour autant perdre leur envie de vivre, d'aimer, de rire. J'étais enseignante à l'époque et les jeunes que je côtoyais ressemblaient à mes personnages. Le roman m'a permis de transfigurer cette réalité et parfois de la dépasser.
Vous touchez à trois genres d'écriture: la poésie, la nouvelle et le roman. Dans lequel de ces trois catégories, vous pensez que vous vous exprimez le mieux? Et quelle est la différence, selon vous, entre un genre et un autre?
Je me suis toujours sentie à l'aise dans la nouvelle parce qu'amatrice de suspense j'ai aimé jouer avec la chute que ce type d'écrit privilégie, j'aime faire attendre mon lecteur, le surprendre, l'exaspérer parfois. De plus, un recueil de nouvelles permet à l'auteur de toucher à des domaines différents dans chaque nouvelle. Ainsi, dans Abîmes ou le Sablier, j'ai pu parler de la femme, de l'injustice qui leur est faite souvent, de l'enfant, de sa fragilité, du temps qui passe, etc. Le roman se déroule dans une certaine continuité, il développe des intrigues secondaires, il peut changer de point de vue, apporter des réflexions, des descriptions détaillées. Les personnages peuvent être plus nombreux, plus complexes. Les thèmes sont plus nombreux aussi, toucher à la condition humaine, à des questions philosophiques...c'est cet aspect qui fait que j'aime aussi le roman. Le roman absorbe l'attention dans la continuité.
La femme est au coeur de votre oeuvre? Est-ce inévitable lorsqu'on est femme écrivaine?
Ce n'est pas inévitable car l'imagination d'un auteur peut tour à tour lui donner à faire vivre un personnage masculin ou féminin mais dans le cas d'un personnage féminin, les faits peuvent être racontés de l'intérieur par les écrivaines car faisant partie de leur vécu et ils prendront de ce fait une tout autre dimension.
Dans Le châle de Zeineb, il est aussi question de la lutte du peuple algérien pour son indépendance et de la place que la femme y a occupée. Peut-on en savoir plus?
J'ai commencé à penser à l'écriture de Le châle de Zeineb au lendemain du cinquantenaire de notre indépendance, j'ai entrepris d'abord de lire, m'imprégner de cette histoire si tourmentée, cette occupation violente, la cruauté qui la caractérise, c'est pendant ces lectures que j'ai croisé Zeineb, je la voyais, elle m'accompagnait dans mes lectures et c'est ainsi que l'idée de ramener Zeineb à ses descendantes et à leur combat m'est venue.
De 1840 à 2012 des femmes se sont exprimées, elles ont fait entendre leurs cris de révolte contre l'occupant,- mais aussi contre ceux qui voulaient les brimer et faire oublier leur combat.
Dans ce livre, vous avez réussi la prouesse de relater 200 années de l'histoire de l'Algérie. Comment y êtes-vous parvenue?
Mes lectures m'y ont beaucoup aidée et puis, à vrai dire, à un certain moment j'ai simplement suivi mes personnages tant j'étais engagée à leur côté.
Les événements que vivait Zeineb relançaient ceux que Warda affrontait, ceux-ci entrainant à un retour vers ceux que vivait Hafsa en 1945 et ainsi de suite....
Vos romans ont la particularité d'osciller souvent entre le passé et le présent. Pourquoi écrivez-vous de cette manière?
Nous vivons de cette manière, le présent nous occupe, l'avenir nous préoccupe et le passé nous fait réfléchir. Ce va- et -vient constant constitue l'essence même de notre existence, je n'ai fait que suivre cette inclinaison naturelle dont, d'ailleurs, Le seuil du moment est une illustration.
Vous avez signé chez Casbah éditions Blockstrap, un roman Jeunesse. Pouvez-vous nous parler de cette expérience singulière, et nous dire pourquoi les écrivains algériens n'écrivent que rarement des romans Jeunesse?
Le fait même d'avoir des enfants, des petits enfants, des élèves, de côtoyer journellement les jeunes m'a interpellée. D'ailleurs, le premier volume consacré aux aventures de Sami «Sami et la planète bleue» aborde un fait qui continue encore plus à me préoccuper avec la guerre menée aux civils de Ghaza: la violence. Comment pouvons-nous accepter que l'innocence de nos enfants soit jetée dans les arènes, au milieu des combats injustes qui marqueront leur devenir à jamais? «Blocstrap», quant à lui, aborde aussi une thématique d'actualité: la place d'internet dans nos vies.
De tous vos livres, peut-on savoir, lequel considérez-vous comme étant le plus abouti et lequel a été le mieux accueilli par vos lecteurs, pourquoi, selon vous?
Peut-être Le châle de Zeineb parce qu'il a été primé et forcement mieux accueilli, mais pour ma part, je les considère avec une certaine part d'indulgence car ils font partie de moi.
Y a-t-il une place à l'autobiographie dans vos livres? Peut-on avoir plus de détails?
Je n'ai, pour l'instant, jamais décidé de parler de moi de façon formelle, mais il est sûr qu'une part de nous se dévoile subrepticement dans nos écrits, nos sentiments, nos souvenirs, nos révoltes se mêlent à ceux de nos personnages, nous prenons soit fait et cause pour eux ou nous les rejetons lorsqu'ils incarnent ce que nous n'aimons pas au moment où nous écrivons. C'est assez délicat à expliquer.
Votre roman Le châle de Zeineb a remporté le prix Escale littéraire d'Alger. Comment avez-vous vécu cette expérience? Vous a-t-elle revigorée?
Une distinction de ce type attire forcement l'attention sur vous et du coup aussi sur vos écrits et c'est évidemment une satisfaction. Chez nous, malheureusement peu de gens lisent et le plaisir de rencontrer des lecteurs devient sporadique pour s'estomper peu à peu.
Quel sera le thème de votre prochain livre?
L'époque actuelle est riche en bouleversements et en drames, les sujets de réflexion ne manquent pas non plus faisant que je suis personnellement dans une période de grand trouble qui va, je l'espère, m'amener à me déterminer.


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