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Une pensée de Tiaret
HOMMAGE À MOHAMED BOUAMARI
Publié dans L'Expression le 04 - 12 - 2006

Nous, Tiaretiens, gardons du cinéaste Bouamari le souvenir de ce grand gaillard, expansif, au ton naturel et aux amitiés qui ne se marchandent pas.
Ces souvenirs remontent aux années 1970 et aux années 1980 à cette époque où la cinémathèque de Tiaret rayonnait de tous ses éclats et où l'ennui qui ronge aujourd'hui bon nombre de mes concitoyens, n'avait guère de place. La culture était là, l'art et l'amour des arts étaient là, et de ce fait, ils empêchaient l'acheminement de l'esprit vers la paresse intellectuelle et l'indifférence.
Bouamari venait donc assez régulièrement à Tiaret pour projeter et débattre avec des cinéphiles passionnés sur les thèmes qu'il traitait dans les longs métrages, autant les invités de la cinémathèque étaient exigeants, autant Mohamed Bouamari jouissait d'une adresse qui lui permettait de s'en tirer à bon compte, de ne pas perdre pied ni être désarçonné par les intraitables. Nous retenons de lui l'aspect d'un homme modeste et humble. Et ceci nous l'avions constaté, Boumediene, l'ancien directeur de la Cinémathèque de Tiaret et moi-même, à savoir que le réalisateur n'était pas tellement choqué qu'il soit hébergé dans un asile de vieillards avec qui il accepta de gaité de coeur de partager le gîte et le couvert. Tiaret ne disposait pas encore de structures d'accueil convenables et confortables, il fallait donc recourir à ce que nous pouvions trouver sous la main. Mohamed, malgré son infirmité des deux mains, fut un talentueux manipulateur de la caméra, avant bien sûr, d'accéder à la chaise du réalisateur.
Mohamed aimait rire, et nous riions avec lui aux larmes, alors nous avions aussi cette manie de le taquiner, il ne s'en offusquait point. Un jour, Boumediene lui conseilla de ne jamais lever ses mains pour interpeller un garçon de café pour une commande qui dépasserait plus de cinq convives, lui qui n'avait pas tous les doigts de la main...
Quand le coeur est généreux, l'âme forte et l'esprit critique, un handicap physique, quelle que soit sa proportion ou sa nature, n'a aucune prise sur la personne et ne secrète aucun complexe. C'est toujours à Tiaret, en 1987, que toute l'équipe qui tournait sous la direction de Mohamed Chouikh (La Citadelle) fut invitée à Tiaret par ce grand ami des artistes, je veux nommer Missoum Boumediène. Les acteurs, entre autres, Felloussi, Saïchi, Haïmour, Fettouma, Sissani, Bouamari et Momo, se trouvaient en pause et avaient profité d'un week-end pour quitter El Kalaâ (Relizane) -lieu du tournage- et joindre la ville de Ali Maâchi. Cela eut lieu en novembre 1987. Déjà, nous avons l'impression que nous enjambons les années à pas de géant. C'était aussi pour la première fois et la seule fois que je rencontrais Momo. Nous nous sommes habitués à taquiner Bouamari; cette fois-ci il me fixa d'un regard menaçant quand je lui avais balancé: «Alors, Mohamed, tu n'es plus derrière la caméra. C'est les vaches maigres ou quoi?» En réalité, il a été sollicité par Chouikh, et il n'a pas dit non. J'ai dit plus haut que Mohamed ne souffrait d'aucun complexe. S'il avait le don et le talent de se trouver tantôt derrière ou devant une caméra, en quoi cela pouvait-il le gêner.
Le plus terrible des souvenirs, celui qui frisait le tragi-comique, c'était lorsque Bouamari faillit être embarqué par la police de Tiaret pour être conduit manu militari devant les autorités judiciaires de Sétif. Comme cela était devenu coutume, Bouamari se trouvait dans les murs de Tiaret pour participer à une semaine culturelle. Vers minuit, des policiers se pointent à l'hôtel d'Orient pour appréhender le cinéaste. C'est le branle-bas de combat. Il est conduit au commissariat. Aussitôt avertis, Boumediene et moi-même, nous rejoignons notre infortuné cinéaste. On nous apprend qu'il était recherché et la police avait pour mission expresse de le conduire -sous bonne surveillance- jusqu'à Sétif. Motif...retard dans le paiement d'une pension alimentaire. Il nous a fallu convaincre le procureur général de Tiaret qu'il était incommode et inacceptable de traiter un cinéaste algérien de la sorte et que Tiaret n'avait pas cette sordide habitude de jeter ses invités en prison. Notre brave Mohamed échappa de justesse de passer la nuit en geôle. Le lendemain, le magistrat de Tiaret saisit son confrère à Sétif pour suspendre momentanément le «mandat d'amener». La semaine culturelle n'avait pas encore démarré et nous ne pouvions débattre d'un film en l'absence de son réalisateur. Nos «lamentations culturelles» ont obtenu gain de cause. Ces choses se sont adoucies pour Bouamari qui eut, dès la clôture de la semaine culturelle, toute latitude de rejoindre paisiblement Sétif pour régler une question de pension alimentaire.
Voilà quelques souvenirs et une mésaventure d'un homme qui ne pouvait pas laisser son talent dépérir à cause des intraitables forteresses de la censure.
Un grand projet lui tenait à coeur. Et cela me fait beaucoup de peine aujourd'hui, que Mohamed soit parti sans avoir pu réaliser un documentaire sur les massacres du 8 mai 1945. un grand moment dans l'histoire du martyrologe algérien sur lequel le cinéma algérien ne s'est pas trop attardé.


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