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La contre-violence et la civilisation
Publié dans L'Expression le 22 - 03 - 2007

Nombre d'esprits modernes étrangers se posent la question: la civilisation musulmane prône-t-elle la violence?
Il est urgent de tenter d'apporter un éclairage clair et succinct sur la question sensible de la violence, de la guerre, notamment les énoncés de la Sourate IX du Coran qui sont souvent mis en avant, par les uns, pour tenter de justifier, pour les autres, d'essayer d'accuser que l'Islam préconiserait l'usage de la violence. Il y a lieu de souligner que le mot Islam en arabe est de la même racine que le mot Paix, Salam est un des beaux noms de Dieu. L'Islam et son Prophète préconisent à chacun des croyants, pris individuellement face à l'adversité, de pardonner, de patienter, de faire preuve de miséricorde, comme preuves de la piété. Le Coran donne comme exemple à suivre celui d'Abel qui dit à son frère Caïn: «Si tu tends la main sur moi pour me tuer, je ne tendrai pas la main pour te tuer. Je crains Dieu, Seigneur des Univers». Le Coran dit aussi: «Celui qui tue injustement un être humain, c'est comme s'il avait tué toute l'humanité..» Cela est la base des préceptes de non-violence. Pour l'Islam la guerre est un état d'exception que les circonstances et les ennemis imposent. La légitime défense n'a pas été autorisée au début, les musulmans de la première heure ont patienté sans aucunement réagir face à la répression et sévices qu'ils subissaient. La légitime défense fut ensuite autorisée par la révélation, mais strictement codifiée. L'Islam interdit absolument toute forme d'agressions. Le recours à la force est autorisé à des conditions très strictes et précises, uniquement sous la forme de légitime défense, de résistance à des agressions et violences. C'est la contre-violence. Un ultime recours, comme légitime défense, que nul ne peut nier. Il n'y a donc pas de guerre sainte, mais de guerre juste, au sens d'acte de légitime défense, de contre-violence, contraint et forcé.
Légitime défense
C'est une obligation à titre collectif, pour ne pas favoriser le rapport du loup et de l'agneau, pour défendre le droit à l'existence et à la liberté, sauvegarder la pérennité de la religion et de la nation, de la communauté, du peuple auxquels on appartient. Les êtres lucides assument ce principe. Personne au monde, ni aucun peuple, ni aucune nation, n'ont jamais tendu l'autre joue en cas d'agression. La «contre-violence» que le Prophète, modèle de l'homme total, qualifia de «petit djihad», comme légitime défense, avec des conditions très strictes, n'est en aucun cas ces pratiques de violences aveugles qui dévient et déforment le vrai sens. Ne jamais être l'agresseur, préserver les civils, les faibles, la nature, et rester toujours équitable: telles sont certaines des conditions. C'est le principe de la légitime défense et non point «guerre sainte», comme le traduisent certains à tort. Saint Augustin, les Pères de l'Eglise et les Prophètes bibliques n'ont pas dit plus. Le djihad est une notion qui signifie l'effort sur soi. Le grand djihad, comme le souligne le Prophète, est la maîtrise de soi, l'élévation spirituelle, le bel agir. En fidélité à ces prescriptions, les musulmans, dans leur immense majorité, réprouvent l'instrumentalisation de la religion et la violence aveugle. Ils savent qu'elles sont issues de lectures arbitraires des textes, d'une part, et, d'autre part, qu'elles ont des causes politiques, vu les agressions, les brutalités et les manipulations que subissent des personnes, souvent incultes, poussées au désespoir.
L'histoire des musulmans, depuis 15 siècles, démontre que l'écart entre la théorie et la pratique n'est pas important, de manière générale, malgré un certain nombre de dérives, d'usurpations du nom, et d'infidélités au texte et au Prophète, notamment que l'on constate en notre sombre époque.
Les musulmans en général admettaient et recherchaient la coexistence pacifique, le vivre ensemble et respectaient le droit à la différence. Plus encore, si l'on consulte l'Imam Malek, le maître du droit religieux en terre arabo-amazighe, le Maghreb, respecter l'autorité, l'Etat, les institutions du pays garantes du vivre ensemble, est un devoir fondamental. Le souci de stabilité et de quiétude est majeur, ce qui est légitime. La violence qui perturbe la paix sociale est considérée comme une faute grave. En direction des étrangers, les conversions et l'expansion de l'Islam se sont, la plupart du temps, opérées grâce à l'éclairage, à l'alchimie et la force de la vérité de la Révélation, la persuasion et la tolérance, comme l'attestent les faits, et les décrivent la majorité des historiens et des orientalistes. XV siècles après, les nouvelles et nombreuses conversions en sont la preuve. Aux temps de la violence de la chrétienté, de l'inquisition et autres formes de répression et oppression, les juifs et autres minorités se sont réfugiés en terre d'Islam.
La violence en pays d'Islam contre les non-musulmans, comparativement, ne fut jamais systématique et génocidaire. Mais toujours passagère, limitée à des problèmes politiques et liée à des groupes incultes. L'expression de Dar el Islam, espace de l'Islam, opposée au reste du monde, à Dar El harb, espace de la guerre, propre à un contexte idéologique ancien des confrontations, n'est ni consensuelle ni coranique. D'autant que le mot guerre «harb» n'existe pas dans le Coran. La plupart des guerres de résistance musulmanes, comme celles de l'Emir Abdelkader en Algérie, n'ont pas dégénéré, bien au contraire, par exemple, le traitement des prisonniers et le respect de la parole donnée par les Algériens étaient exemplaires, de l'avis unanime de leurs adversaires.
Quant à la Sourate IX, il faut signaler que c'est la seule sourate qui ne débute pas par la formule religieuse: «Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux», et les commentateurs classiques ne sont pas unanimes quant aux raisons de cette absence. Certains disent qu'elle est un prolongement de la huitième. Plus encore, il n'y a pas d'accord quant à l'ordre de la descente de la révélation de cette Sourate. Ce n'est pas forcement la dernière révélée. Ce qu'il y a lieu de retenir, c'est le fait que la bismillah soit une formule de Paix qui ouvre toutes les Sourates du Coran. Le contenu de cette Sourate, sans la bismillah, concerne, nous disent la plupart des commentateurs, la relation avec les polythéistes, les païens, les idolâtres des tribus violentes qui trahissaient leurs promesses et les pactes de paix conclus avec le Prophète. Le Coran précise au verset 12: «S'ils violent leurs serments, après avoir conclu un pacte avec vous, et s'attaquent à votre religion, combattez les chefs des infidèles, car pour eux il n'y a point de serment qui vaille, et ce afin qu'ils renoncent à leur hostilité.» De plus, l'ordre de combattre ne cible ici que les chefs polythéistes qui ont conclu les pactes et les trahissent. Les chrétiens, les juifs et les autres peuples qui respectaient les pactes ne sont pas concernés par cette Sourate, à l'exception du verset 29.
Le Prophète a reçu l'ordre, lors du pèlerinage (en 631), de prendre définitivement ses distances face aux polythéistes, et notamment par rapport à ceux qui agressaient les musulmans. En conséquence, le Coran lui demande d'annoncer la rupture définitive des liens avec le paganisme et les polythéistes, en leur précisant que le Paradis leur est fermé. Il leur demande en conséquence de se repentir, d'où le nom, le titre de la Sourate: El Tawba.
La Sourate prend soin d'annoncer aux polythéistes et idolâtres qui ont trahi leur parole et le pacte de paix, un délai de quatre mois pour se repentir, faute de quoi ils seront combattus. Le verset 5 les menace, afin de mettre fin à leur trahison, sédition et agressions, mais précise: «S'ils se repentent et reviennent à Dieu, laissez-leur le champ libre, car Dieu est indulgent et clément». Plus encore, le Coran ajoute au verset 6: «Si un polythéiste cherche protection auprès de toi, protège-le jusqu'à ce qu'il entende la Parole de Dieu...car les polythéistes sont, en vérité, des gens qui ne savent pas.» C'est une forme claire de droit d'asile, de protection et d'ouverture tolérante sur l'autre, y compris l'athée, le dénégateur, le polythéiste, qui ont le droit de s'interroger, de chercher à comprendre et connaître. Nul n'a le droit de les condamner. Le verset 7 précise: «Tant qu'ils seront loyaux avec vous, soyez loyaux avec eux. Dieu aime les gens pieux.»
Face à l'adversité, aux menaces et agressions perpétrées par les polythéistes qui cherchaient à tuer le Prophète et à liquider l'Islam et ont commencé les hostilités comme le précise encore le Coran, il est demandé, par le verset 14, aux croyants de combattre: «Combattez-les donc! Dieu les châtiera par vos mains et les couvrira d'ignominie. Il vous fera triompher d'eux, guérira ainsi les coeurs meurtris des croyants.» Il ajoute au verset 16 que la légitime défense est incontournable, une épreuve, comme un mal nécessaire et libérateur: «Avez-vous supputé que vous serez laissés à l'abri de toute épreuve, que Dieu ne connaît pas ceux qui, luttant pour sa cause, n'ont pris aucun associé en dehors de Lui, de son Prophète et des croyants? Dieu est, en vérité, informé de ce que vous faites.». Le Coran nous dit encore, verset 20: «Ceux qui croient, émigrent, mettent leurs biens et leur personne et font effort, combattent, pour l'amour de Dieu, sont à un rang considérable auprès de Dieu, ce sont eux qui seront le plus récompensés.» Au regard de l'hostilité des idolâtres et polythéistes, qui menacent le devenir de la communauté naissante, le Coran encourage les croyants à la fermeté et à la résistance, pour la face de Dieu.
Dans ce contexte d'hostilité subie, de risque et d'épreuve, le verset 29 énonce aux musulmans le devoir de résistance: «Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu, ni au Jour dernier et ne s'interdisent pas ce que Dieu et son Prophète ont prohibé. Combattez également ceux parmi les gens du Livre, qui ne professent pas la religion de la vérité, à moins qu'ils ne versent la capitation directement et en toute humilité.» Il n'y a pas confusion entre les polythéistes et les gens du Livre (juifs et chrétiens...), qui, s'ils sont pacifiques et non auteurs d'hostilités et d'agressions, sont respectés. Il est seulement demandé le paiement d'un impôt en échange de leur autonomie et liberté de culte. L'ordre, au conditionnel, de résister, dans le contexte de la naissance de l'Islam, concerne certains «parmi les gens du Livre», dit le Coran, qui pratiquent l'arrogance, l'agression et refusent de payer l'impôt. Même si des antagonismes perdurent, et qu'il faut pratiquer la vigilance, les conditions et le contexte des événements relatés par la Sourate IX n'existent plus aujourd'hui. Le Sceau des Prophètes est auprès de son Seigneur, l'Islam est présent aux quatre coins du monde et les frontières entre les individus et les peuples s'estompent. Il faut en tirer les leçons et garder le cap sur la coexistence, la non-violence, la contre-violence, jamais la violence, en témoin fidèle, comme dit le Coran qui: «recommande le bien».
Sortir de la loi du plus fort
Dans tous les cas de figure, légitime défense, résistance, mesures préventives, contre-violence et autres actions durant 23 ans, temps de la mission prophétique finale, n'ont coûté que moins de 100 personnes tuées pour les musulmans et autant pour les polythéistes. L'histoire des religions et des empires, contrairement aux préjugés, n'aura jamais enregistré de conquête de tant de territoires et de coeurs avec moins de pertes. Par exemple, la prise de la Mecque s'est faite sans aucune effusion de sang et a institué la pratique du pardon aux adversaires. Tout comme l'expansion de l'Islam naissant s'est faite sur la base de trois choix: -Ecouter, prendre connaissance de la Parole révélée et l'adopter librement. Garder son ancienne croyance monothéiste (juive, chrétienne, sabéenne, zoroastrienne...), préserver son autonomie et coutumes, et simplement payer l'impôt de compensation. -Refuser les deux premiers choix et se mettre en état d'hostilité. La plupart du temps, ce fut l'un des deux premiers choix qui fut adopté, l'Islam se présentant, le plus souvent, comme logique, simple, tolérant, libérateur et égalitaire, comparativement aux systèmes en place à l'époque dans les autres contrées et cultures. Cette Voix qui parle à la raison et au coeur, Le Coran est comme une lumière qui transforme, gagne et apaise les coeurs, et non point la contrainte. «Dieu guide à sa Lumière qui Il veut», nous dit le Coran, qui ajoute à l'adresse du Prophète, et après lui à chaque croyant: «Tu n'es point chargé de les oppresser, mais de les avertir!» Une éthique du dialogue et de la contre-violence, du respect de l'autre différent, dont les sociétés humaines, en général, et musulmanes, en particulier, ont aujourd'hui bien besoin, afin de sortir du règne de la loi du plus fort et de créer une nouvelle civilisation universelle qui fait défaut.
Site www.mustaphacherif.com


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