L'aigle bleu de la compagnie aérienne privée, Khalifa Airways, s'est envolé pour le stade du 5-Juillet, afin de couvrir de ses ailes protectrices le match Algérie-OM et d'offrir aux Algériens en général et aux Marseillais en particulier une image positive et feutrée de l'Algérie. La raison de la politique vient de céder la place au sport du coeur. Tout était là pour faire de ce rendez-vous sportif anodin une ode à l'amitié et à la fraternité. Un match amical qui a rendu à l'Algérie sa «réputation», perdue un 6 octobre, de nation hospitalière et pacifique. Le sport a réussi avec des prouesses techniques là où les meilleurs diplomates de la politique échouent généralement. La rencontre de jeudi a prouvé, bleu sur blanc, qu'avec le sport on pouvait construire l'image et la réputation d'un pays fort, il suffit d'y mettre le «paquet» et surtout l'ambition. La venue d'une pléiade de vedettes du show-biz français telles les stars du cinéma hexagonal, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, mais aussi quelques «bonnets» du sport phocéen à l'image de Jean-Louis Dreyfuss, président de l'OM, Bernard Tapie, manager général, et quelques figures de la politique comme le maire de Marseille, M.Gaudin et le président de la région Provence-Côte-d'Azur, M.Michel Vauzelle, est un signe fort du réchauffement des relations entre la France et l'Algérie. Et comme cela ne pouvait pas suffire pour effacer les huées de la Marseillaise lors du match Algérie-France, considéré par les Français comme l'événement le plus marquant après les attaques américaines du 11 septembre, on a invité le gratin de la jet-set française, à commencer par Mario, la star academy, Bernard Montiel, l'animateur de Vidéo gag, Sophie Favier, l'ancienne vedette de TFI ou encore le fils Belmondo venu représenter son père. Il faut également ajouter quelques grands noms de l'économie florissante française comme l'opticien Afflelou, originaire d'Algérie, mais qui n'y est jamais revenu depuis 1962. Quoi qu'il en soit, toute l'armada du PAF (Paysage audiovisuel français) était présente pour découvrir cette nouvelle icône de l'Algérie, faite de ciel bleu, de bâtiments blancs et surtout d'un peuple chaleureux qui veut vivre en paix et en sérénité. En visitant Bab El-Oued, on a presque oublié ces images d'horreur de Bentalha ou de Raïs où l'Etat algérien était accusé à tort d'avoir abandonné son peuple. Khalifa a réussi là où quelques-uns, désignés pour la circonstance, ont échoué, et a rendu enfin au pays cette image d'une terre hospitalière, d'un pays touristique, et surtout la dignité d'un peuple pacifique qui a toujours refusé la violence et la haine. Dommage que cette révolution médiatique et cette prouesse en communication n'aient pas touché d'autres secteurs et demeurent «sclérosées» dans le sport, plus particulièrement dans le football considéré par les conseillers d'Abdelmoumen Khelifa comme l'opium du peuple et le langage caché de la diplomatie. L'oiseau bleu a réussi donc, en l'espace d'une soirée, à survoler Alger La Blanche et à offrir à des invités aussi prestigieux que modestes, le moyen de partager cette joie du sport et de la paix, effaçant ainsi cette image désolante d'un match qui a failli provoquer un incident diplomatique entre Paris et Alger. D'ailleurs, Franck Le Boeuf, le capitaine de l'OM, qui était contre la tenue du match contre l'Algérie à Paris, a changé d'attitude et a déclaré, à l'issue du match de jeudi, qu'il ne fallait pas faire d'amalgame entre le peuple algérien et ceux qui avaient envahi le stade lors du fameux match du 6 octobre dernier. Comme quoi un banal jeu de ballon peut contribuer à changer la vision de tout un peuple. Il clair que cette rencontre footballistique n'est pas close et qu'il faut s'attendre ces jours prochains, voire quelques mois à la réorganisation d'un match retour entre les champions du monde et l'EN et ce, en vue de tourner définitivement cette page noire et contribuer à l'esprit de rapprochement entre ces deux rives de la Méditerranée.