Certains partis prennent le train en marche, le jeu en vaut la chandelle, paraît-il. Le PRA de Kamel Bensalem, le Pnsd de Mohamed Chérif Taleb, le mouvement de Bouacha, le parti de Ali Zeghdoud...ont, soit tenu leur congrès de conformité ou sont sur le point de le faire. Une condition sine qua non pour pouvoir participer aux élections législatives du 17 mai. Les petits partis se réveillent, se bousculent au portillon, au risque de mettre la clé sous le paillasson et sombrer dans une profonde léthargie. A quelques encablures du scrutin du 17 mai, cela ne fait pas très sérieux. Qui serait d'ailleurs convaincu du contraire? Apparemment, la loi le permet puisque aucune date butoir n'a été fixée. Les pouvoirs publics, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités Locales, connu pour être aussi raide que la justice et très sourcilleux sur ce type de question, ne peut être permissif à ce point. Il serait judicieux d'y remédier. La pratique politique a besoin de soigner une image déjà bien ternie. Qui fait donc courir ainsi ces «embryons» de la classe politique en Algérie? N'existe-t-il pas assez de partis structurés au pouvoir et dans l'opposition qui tirent leur légitimité de conditions historiques, portés par une assise populaire et ancrée dans une tradition de culture militante? Les grosses pointures ont déjà bien du mal à mettre de l'ordre dans leurs rangs. Redressement, scissions, congrès bis, crise interne....Cela donne de la peine à voir. La confiance des électeurs leur est ôtée, leur crédibilité malmenée. Et voilà que des partis-fax resurgissent comme de beaux diables. A la rescousse de quoi? De la République? De ses institutions? La très vénérable Entv leur ouvre ses portes, leur déroule le tapis rouge sur un plateau. Faire le coup de feu. C'est important. Les silhouettes n'ont pas changé. Certains ont pris de l'embonpoint, cela se voit. Ils sont là. Ils nous parlent à travers le petit écran. L'expérience au sein du CNT, l'époque des DEC, la résistance au terrorisme, la tragédie nationale, leur fibre nationaliste, mais aussi de leurs difficultés avec l'administration pour participer aux élections du 17 mai. Ils prennent acte, interpellent le ministre de l'Intérieur et promettent de présenter des listes dans toutes les wilayas. Les candidats ne manquent pas. Opportunités de tout acabit, affairistes en tout genre...Une occasion inouïe de tenter sa chance pour ceux qui sont en mal de reconnaissance. Voir sa photo placardée sur les panneaux prévus pour la circonstance avant de se faire laminer par les partis aux appétits gargantuesques. Une participation symbolique? L'enceinte du palais Zighoud-Youcef, martyr de la révolution, devenue pour l'occasion, la poule aux oeufs d'or. Une mine d'où devrait être extraite «l'essence» des compétences. Un hémicycle qui devrait réunir «la crème des meilleurs fils» de l'Algérie qui se mettront au service et à l'écoute des préoccupations citoyennes. L'héritage véritable, le message à ne pas trahir de nos martyrs: faire don de soi, à la patrie, sans contrepartie. N'est pas Ben M'hidi qui veut. Les principes sont foulés aux pieds. Qui fait donc courir ainsi tous ces partis? Prendre le train en marche alors qu'il est déjà entré en gare? Soutenir le plan de développement économique initié par le chef de l'Etat? Un leitmotiv, un prétexte. Augmentation du pouvoir d'achat, crise du lait, envolée du prix de la pomme de terre, amendement de la loi sur les hydrocarbures, stratégie industrielle. Qu'étaient-ils? Remettre en selle leurs partis, leurs mouvements, c'est l'odeur de la sacro-sainte Assemblée nationale qui les allèche. Circulez, y a rien à voir, serait-on tenté de dire. Mais pour plus de spectacle,... on n'est pas à un fou près, et même pourquoi pas, un parti de plus ou de moins, puisque les carottes semblent déjà cuites.