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L'expérience espagnole du vivre avec les musulmans
DISCRIMINATIONS ET RACISME EN EUROPE
Publié dans L'Expression le 18 - 10 - 2007

Les musulmans d'Espagne sont passés de 100.000 à 1 million de personnes environ en dix années.
La récente rencontre internationale de Cordoue à l'initiative de l'Espagne sur la question des discriminations à l'égard des musulmans a permis aussi de montrer que des efforts existent dans certaines sociétés européennes, même si la ligne dominante est en général préoccupante, marquée par le retour de la xénophobie en rive Nord. L'Espagne fait partie de ces rares pays qui tentent, non sans difficulté, de démocratiser et humaniser ses relations avec ses citoyens de confession musulmane. Nouveau visage d'un Islam en Europe, les musulmans d'Espagne sont passés de 100.000 à 1 million de personnes environ en dix années.
L'Espagne tente de faire le choix de l'immigration contrôlée, mais essaye aussi de renouer avec son passé musulman. Des considérations sécuritaires et économiques prévalent le plus souvent, mais aussi des facteurs réalistes et un souci de mettre en pratique des principes d'équité.
Depuis la sortie de l'Andalousie en 1492, avec la chute du dernier émirat, celui de Grenade, suivie de la reconquista, de représailles graves et un refoulement à grande échelle, de la période lumineuse musulmane en Espagne, les musulmans avaient comme disparu ou presque du paysage ibérique. Pour les Espagnols, et d'autres Européens, l'Islam est une réalité liée aux migrants et à la violence. Préjugés et amalgames injustes. L'Islam est assimilé aux images déformées de pauvreté, de violence, à l'étrange étranger réfractaire au progrès. On oublie ainsi l'apport civilisationnel des musulmans à la renaissance européenne et leur apport à son développement moderne.
Volonté de coexistence
Des figures comme Ibn Rushd, Ibn Sina et Ibn Arabi sont inconnues pour de nombreux Espagnols. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle et la démocratisation moderne de l'Espagne pour que la visibilité de cet héritage et de cette population redevienne une réalité et que la mémoire au sujet de l'apport des musulmans soit revisitée. Qui se souvient par exemple que le fondateur de la cité de Madrid, fut un Arabe, Muhammad 1er émir de Cordoue, ou que la traduction et les commentaires des grandes oeuvres scientifiques du monde furent réalisés durant la période arabo-musulmane et, bien plus, que l'universel civilisationnel et le vivre-ensemble ont été possibles sur la base des valeurs coraniques?
Aujourd'hui, il y a une volonté de dialogue et de coexistence. En 1992, une loi cadre, après consultation, fut promulguée pour organiser les rapports du culte musulman et de l'Etat. Le ministère de la Justice ayant la charge de ces domaines.
Les principes adoptés sont positifs et considérés comme des acquis majeurs: inviolabilité des mosquées, exception fiscale de non-imposition pour les associations cultuelles à l'instar des églises chrétiennes; assistance religieuse pour les musulmans dans les hôpitaux, les prisons et dans l'armée. Respect du droit musulman en matière de mariage, enseignement de la religion musulmane dans les écoles, carré musulman dans les cimetières et respect du rite funéraire. Cependant, la mise en oeuvre de ces principes a mis du temps, presque suspendu, selon les conjonctures politiques. Et un principe civique n'est toujours pas inclus, pourtant décisif pour l'égalité des droits, celui de voter pour les migrants, à tout le moins au niveau des élections locales. De manière générale, mis à part le milieu traditionaliste, et des pesanteurs selon les conjonctures, les Espagnols ont admis la réalité des citoyens de confession musulmane. Bien plus, après les attentats du 11 mars 2004, la majorité du peuple espagnol, objectivement, a su faire la part des choses. Il n'y a pas eu de chasse aux musulmans ni d'amalgame entre terrorisme et Islam, même si des questions furent posées et des débats menés. Les responsables des associations islamiques, de leur côté, ont condamné sans réserve la violence et expliqué son caractère immoral et antireligieux. Suite aux attentats, une majorité d'Espagnols, qui avait manifesté contre la guerre en Irak, a même sanctionné démocratiquement le gouvernement en place pour avoir engagé l'Espagne aux côtés des Etats-Unis.
L'organisation de la communauté musulmane, malgré des clivages classiques, commence à donner des résultats. Le processus de représentation des musulmans d'Espagne est récent. Environ une centaine d'associations activent dans la transparence et avec l'aide de l'Etat. L'Etat verse une enveloppe d'environ un million d'euros à ces associations. Cela, comparativement, est faible par rapport aux subventions que reçoivent les Eglises chrétiennes, mais c'est un début d'acte de reconnaissance.
Un effort est fait pour enseigner la religion aux populations concernées, cours facultatifs dans les écoles à forte fréquentation de musulmans, par exemple, trente professeurs en Espagne enseignent l'Islam et un programme de renforcement est prévu. Des ouvrages d'éducation religieuse sont conçus collectivement et seront bientôt mis en circulation.
La difficulté réside, selon les musulmans d'Espagne, dans le fait que non seulement la vision de la gauche et de la droite sur la question musulmane est souvent opposée et qu'il n'y a donc pas de continuité sur cette question, mais que des résistances sont encore enregistrées. Certains courants de la droite espagnole, sous influence des traditionalistes, voient d'un mauvais oeil l'installation et la visibilité de l'Islam en Espagne.
La sagesse du roi
Du côté de la gauche, on prône une relative politique d'égalité sociale et de respect de la différence. C'est pourquoi, actuellement, le gouvernement mais aussi les élus locaux, comme en Catalogne, sont ouverts et attentifs aux demandes formulées par les musulmans. La sagesse du roi d'Espagne renforce le climat de convivialité.
Certains intellectuels engagés s'interrogent sur le fait que les autorités privilégient parfois des acteurs associatifs musulmans conservateurs pour le processus de représentation et écartent peut-être les Espagnols musulmans intégrés à la société et capables de négocier face à l'Etat.
La Commission islamique de dialogue et de consultation au sujet des affaires musulmanes en Espagne est parfois l'objet de critiques. La commission n'a toujours pas, selon certains, réellement les moyens de défendre l'intérêt collectif du culte musulman en Espagne. Par-delà ses réserves et critiques, et le long chemin qui reste à parcourir, il y a un climat de renouveau de la confiance entre citoyens de confession musulmane et les autorités.
L'Espagne se veut à la pointe du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. Ce n'est pas par hasard que la déclaration du processus Euro-Med a eu lieu à Barcelone; plus encore, l'initiative de l'Alliance de la civilisation, devenue un projet de l'ONU, est espagnole. Et la dernière réunion de l'Osce à Cordoue fut organisée par l'Espagne. Une Maison arabe, équivalent à l'Institut du monde arabe de Paris, est fondée à Cordoue et la Fondation des Trois cultures a son siège à Séville. Une importante première réunion sous l'égide de l'ONU sur l'Alliance des civilisations est prévue en janvier 2008 à Madrid pour dynamiser cette démarche d'avenir.
Des pays comme l'Espagne ou l'Autriche, autre exemple, pour des raisons diverses, tentent de reconnaître le droit à la différence, une oeuvre à encourager tant l'islamophobie est devenue en Europe une triste réalité.
L'heure est grave. Alors qu'après l'innommable de la Seconde Guerre mondiale, le credo fut Plus jamais cela et que nous avons besoin les uns des autres, confrontés aux mêmes défis, le fossé se creuse. Une prise de conscience doit être entreprise. Il y a lieu donc de concevoir des solutions conformes, profondes et des plans d'actions durables et non des réponses de conjonctures. Avant tout, solution politique, pour arrêter de discriminer.
Le monde est en attente d'un signe fort de la part de l'Europe qui marque la volonté politique d'arrêter la spirale de la haine. Ensuite, solution juridique, pour stopper les dérives xénophobes, tout en respectant le principe sacro-saint de la liberté, notamment d'expression. Et, enfin, solution culturelle et éducative pour combler les vides.
La crédibilité de l'Europe, sa sécurité, son influence dans le monde sont en jeu. En tant qu'avant-garde du développement moderne dans nombre de domaines, elle est face à ses responsabilités. Son caractère démocratique est mis à l'épreuve dans son rapport aux citoyens et peuples de confession musulmane. Il n'y a pas d'alternative au dialogue et au respect de l'autre.
Ce que revendiquent les musulmans, ce n'est pas un traitement spécial. Cela peut se résumer en un point capital: les reconnaître avant tout comme citoyens à part entière, par l'application des principes fondamentaux des droits de l'homme et des droits des peuples à leur égard, afin de mettre fin à la politique du deux poids, deux mesures qui les discrimine, les enferme dans le confessionnel.
Leurs droits sont bafoués en ce qui concerne les dimensions civiques, le travail, le logement, l'accès aux moyens de communication et la circulation des personnes, et ceux liés à la pratique de leur croyance, l'exercice du culte. Reste aux citoyens musulmans et aux sociétés musulmanes à assumer de leur côté le renouveau des valeurs spécifiques, l'évolution de l'interprétation de leurs textes, l'apprentissage démocratique, la bonne gouvernance, le respect des valeurs communes aux sociétés d'accueil et l'engagement pour réinventer un projet de vie où se conjuguent authenticité et modernité.


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