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Demain, les jeunes et la liberté du rêve
NE M'EN VOULEZ PAS, LE RÊVE EST GRATUIT(*) DE KAMEL BOUCHAMA
Publié dans L'Expression le 07 - 11 - 2007

A l'occasion de la sortie de son livre au 12e Sila, l'ancien responsable politique se confie à L'Expression.
L'Expression: A la lecture de votre livre, on sent qu'il y a une diversité de couleurs et d'événements qui participent de l'Histoire de notre pays jusqu'à nos jours. Mais l'on sent également comme des accusations à charge dans certains compartiments que vous réservez à la société et à l'Etat.
Kamel Bouchama: Mon livre...,ce n'est pas des «accusations à charge», mon livre est un constat accablant qui découle d'une réalité tout autant cruelle que désespérante. Cependant, comme je ne suis pas défaitiste, et encore moins nihiliste, mon livre se termine avec de l'espoir..., un cri d'espoir qui symbolise toute une jeunesse qui veut prendre en charge un avenir meilleur, qui veut s'occuper de son avenir. Je m'explique:
S'agissant de constat, j'ai fait l'Histoire de notre pays, en insistant sur nos origines, notre lutte implacable contre tous les envahisseurs qui ont des velléités d'annexion d'une grande partie de notre territoire et dont certains nous ont colonisés...J'ai fait état de nos réussites et de nos échecs...Mon livre se divise en trois grandes parties. La première que je viens de décrire se termine avec l'Indépendance de notre pays ou si vous voulez -ce qui est plus juste d'ailleurs- avec le recouvrement de notre souveraineté nationale. Cette partie est significative à plus d'un titre, car elle représente le combat d'un peuple depuis la profonde Berbérie. Elle représente également ses capacités, ses aspirations et l'ampleur de ses réussites malgré de grands moments d'adversité.
J'ai voulu, tout simplement, montrer la grandeur de notre peuple qui s'est toujours sacrifié pour de nobles causes.
Et les autres parties, parlez-nous encore?
La deuxième partie de mon livre se situe depuis 1962 et se termine en Octobre 1988. Là, bien sûr, le lecteur se demande certainement pourquoi ces deux dates. Eh bien, j'ai voulu situer cette période dans notre «Histoire post-indépendance», peut-être la plus importante et la plus conséquente. Car c'est pendant cette période que notre pays a eu le plus de réformes, d'adaptations aux expériences nouvelles et de reconversions que lui imposait la souveraineté nationale. C'était la période où le système était placé sous le contrôle du parti unique et de l'économie planifiée. Et, malgré ce système, aujourd'hui décrié et abhorré par les tenants d'un autre système autrement plus désordonné, d'où l'économie de bazar, notre pays avait de quoi être fier de par le rendement dans plusieurs domaines et le respect qu'on nous vouait qui, malheureusement, se sont confondus et atténués aujourd'hui.
En réalité, cette période que j'ai clôturée avec ce grand événement du «5 Octobre», nous permettra de considérer à sa juste valeur la période suivante qui s'amorce avec une autre ambiance autrement plus chahutée et plus mouvementée dans tous les domaines. J'ai voulu montrer à quel point nous avons failli dans presque toutes nos entreprises en n'étant pas vigilants comme nous l'étions avant.
J'ai voulu montrer à quel point notre inconscience nous a été préjudiciable et nous a placés dans des situations d'inconfort et de grande faiblesse. Ainsi, la corruption, le vol, le terrorisme, le régionalisme, le népotisme, les passe-droits et j'en passe, ont été le lot de cette période que l'Histoire classera parmi les plus pénibles que l'Algérie ait connues.
Les faits relatés dans ce chapitre sont réels puisque je les ai tirés de la presse nationale. D'ailleurs, nous les vivons au quotidien. Ainsi, personne ne pourrait me traiter de celui qui verse dans l'exagération ou de celui qui excelle dans la provocation. Franchement, je n'ai pas du tout cet esprit, et je le montre fort bien dans le dernier chapitre quand je termine avec les jeunes. Pourquoi les jeunes? J'en parlerai après, mais pour l'instant je dis que j'ai voulu être positif et je dois l'être dans un livre de cette importance et qui, de surcroit, transmet un message.
Votre livre est écrit sous forme de pièce de théâtre, en même temps que vous lui donnez une connotation de rêve...C'est quoi cette forme d'écriture?
En fait, le rêve dans ce texte n'est qu'une sorte de métaphore ou, si vous voulez, une fantaisie de style que j'ai adoptée pour faire passer certaines expressions lourdes pour définir une réalité très amère que nous vivons difficilement. Quant à la forme théâtrale, elle y est bien sûr et on la sent. Je l'ai voulu ainsi, à la Bertold Brecht, pour faire participer les véritables acteurs qui sont représentés par toutes les couches de notre société. C'est, en effet, tout le pays qui est là, présent dans ce théâtre où se joue une pièce à mille facettes...Enfin, c'est une bonne recette pour dire tout haut ce que tout le monde sait, mais n'ose dénoncer dans cette ambiance de complaisance, d'obligeance et aussi d'indifférence généralisée.
Ai-je réussi dans ce style? En tout cas, j'ai le mérite d'avoir essayé et osé. Toutes les formes sont bonnes pour contribuer à trouver les solutions à nos problèmes. D'abord en parler, aisément, franchement, est une forme de contribution positive, au-delà du courage qu'elle implique.
Ce qui est frappant dans le premier acte, c'est cette insistance sur nos origines. N'est-ce pas à dessein que vous avez écrit cet acte et dans ce style par trop soutenu?
En effet, vous l'avez deviné. J'ai conçu cet acte dans ce style, persistant, convaincant, tranchant quelquefois, pour situer notre origine et effacer cette image surannée que certains veulent nous coller en nous taxant de «peuple qui se cherche» encore, car ne connaissant pas exactement ses ancêtres et son aire géographique. Je dis, en ce premier acte, que nous sommes bel et bien des Berbères amazighs, que nous avons subi plusieurs cultures, notamment punique, phénicienne, gréco-romaine, byzantine, et qu'enfin l'Islam, qui est venu avec son message de paix et de civilisation, nous a réunis sous sa bannière et nous a installés dans sa culture arabo-islamique.
Dans cet acte également, je fais état de ces grands moments que notre pays et notre peuple ont vécus. A travers l'énumération de nombreux événements, je fais la comparaison entre ce que nous étions dans notre bravoure, notre solidarité et notre engouement pour la patrie et ce que nous sommes devenus après, par nos mauvaises pratiques et notre tendance à l'indifférence et au renoncement.
A la lecture de votre ouvrage, on sent que vous écrivez avec beaucoup de passion, voire d'amertume, en abordant certains sujets. Réfutez-vous ce constat?
De la passion, peut-être, et cela parce que je vis avec mon livre, mais jamais avec de l'amertume quand il s'agit de relater la réalité du terrain. Je serais sinon cet écrivain subjectif. Mais si vous le voyez ainsi, est-ce de l'amertume que de s'exprimer directement et de balayer du revers de la main cette complaisance qui nous a longtemps réduits au stade de flagorneurs invétérés? La situation est tellement grave qu'il faut la décrire dans ses contours les plus visibles. Il faut en parler courageusement tout en proposant les meilleures solutions...C'est ce que je fais dans le dernier acte.
En effet, à la fin de la pièce, vous donnez la parole aux jeunes. Expliquez-nous pourquoi votre rêve se termine ainsi?
D'abord, je voudrais que le rêve de chaque Algérien se termine de la sorte..., avec les jeunes, avec leurs convictions, avec leurs projets et leurs espoirs. Ensuite, je vous dirais que j'ai toujours répondu à ce genre de questions très simplement: «J'écris pour les jeunes...» J'écris pour eux parce qu'ils sont l'espoir de notre pays et les garants de son avenir. C'est pour cela que je les engage à être plus proches des problèmes qui se posent à nous en termes de difficultés et, par voie de conséquence, qui doivent être solutionnés dans le cadre d'une vision plus saine, d'un futur meilleur. En tout cas, qui, mieux que les jeunes, peut dénoncer une situation aussi inextricable que la nôtre? Je pense que le message sera bien compris par tous et que nous devons reconnaître, une fois pour toutes, que nous avons failli dans l'application de notre mission, notamment en ces dernières décennies où des comportements d'obséquieux complaisants nous ont poussés à accepter des situations autrement plus confuses et incommodes. Voilà pourquoi je pense que les jeunes doivent avoir le rôle principal dans le calendrier de demain. Sans eux, l'espoir ne sera pas permis, car les jeunes ne réfléchissent pas comme nous...Ils s'en balancent de nos complexes, de nos préjugés, de nos états d'âme, même de nos convictions ou de nos principes que nous affichons avec ostentation, et auxquels nous ne croyons pas tellement. Ils pensent sérieusement aujourd'hui que «nous les avons roulés dans la farine» et que nous n'avons pas été à la hauteur pour maintenir cette flamme qui naissait au lendemain de l'Indépendance.
En effet, le message de ce rêve -qui est gratuit, bien sûr, et qui n'engage que celui qui l'a fait- est significatif à plus d'un sens. Il doit être perçu comme un engagement des jeunes pour reconstruire ce pays qui a tant souffert par la bêtise de leurs aînés, dont je fais partie totalement. J'assume, comme toujours, ma responsabilité dans ce climat de désuétude et de dégradation.
Juste une dernière question qui se rapproche de la première. N'est-ce pas audacieux ce que vous écrivez dans plusieurs de vos pages..., pardon, ce que vous dénoncez à partir de votre rêve?
Oh que non! Je ne dénonce pas dans ce livre, je donne des exemples -déjà connus- pour remuer les consciences et arriver à la conclusion suivante: «Il faut nettoyer les écuries d'Augias». Il faudrait que les choses changent dans notre pays. Je voudrais que tout le monde soit convaincu de ce postulat. Ainsi, au risque de le répéter, mon livre n'est pas une suite de provocations, puisque les thèmes évoqués sont dits et redits à longueur de journée, ils sont reproduits constamment par la presse nationale et repris à l'unisson par les responsables, y compris par le chef de l'Etat, lui-même. Ce dernier, n'a-t-il pas dénoncé la corruption à haute échelle? N'a-t-il pas condamné avec véhémence le régionalisme dans ses étendues les plus larges? N'a-t-il pas déploré l'inconscience des cadres qui l'entourent et ne les a-t-il pas tancés publiquement pour que je me doive, tout petit que je suis, de garder le silence des morts et ne pas réagir, ne serait-ce que pour libérer ma conscience?
Non et non! Ce n'est pas de l'audace. Ce que j'écris là est la réaction de tout militant conscient de l'importance de la dégradation qui ronge son pays et qui le pousse à réagir en écrivant des mots justes et vrais, que la liberté du rêve autorise à propager dans les esprits de jeunes, que la sincérité et la fougue conduiront vers plus de sérieux et d'efficacité. Enfin, je vous confie que j'ai dépassé l'âge de l'adolescent puéril et que je n'attaque personne dans ce livre, sachant que moi-même j'étais responsable au plus haut niveau et que je n'avais pas eu cette audace de rectifier ce qui devait être rectifié. C'est un constat d'échec que je fais avec une demande véhémente qui ne peut plaire dans certaines sphères du pouvoir. Je dis courageusement -et là, il faut avoir cette audace-, «partez messieurs, vous qui ne pouvez gérer convenablement, et laissez vos places à ceux qui peuvent les combler et nous redonner ce sourire tant espéré et...tant attendu». Partez et respectez le slogan que vous avez vous-mêmes, pardon nous-mêmes, tant et tant de fois déclamé: «Les hommes qu'il faut, à la place qu'il faut».
(*) Ouvrage paru aux éditions Alpha


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