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Pourquoi pas une nouvelle Andalousie?
PROJET D'UNION MEDITERRANEENNE
Publié dans L'Expression le 02 - 12 - 2007

Les pays du Sud, en l'occurrence, les sociétés arabes, attendent depuis longtemps une formule de vrai partenariat, loin des utopies et illusions, mais porteur d'avenir.
Les avis divergent au sujet de la proposition française, mais la plupart s'accordent à dire que sur le principe, c'est une belle idée pragmatique, que nul ne peut refuser, plus encore un rêve tant attendu, après des déceptions multiples. Tout le monde souhaite des relations étroites entre les deux rives, plus encore les peuples du Sud qui aspirent à retrouver une nouvelle Andalousie pas seulement la mise en place d'une zone de libre-échange. L'Europe est d'abord attractive, elle ne peut continuer à refuser l'adhésion d'autres pays sans proposer des alternatives. La Méditerranée est en attente d'un projet viable. Les pays du Sud, en l'occurrence, les sociétés arabes, attendent depuis longtemps une formule de vrai partenariat, loin des utopies et illusions, mais porteur d'avenir. De ce fait, le projet d'Union méditerranéenne ne peut que recevoir l'adhésion des pays du Sud, en particulier du Maghreb. Reste la Turquie qui ne peut, pour le moment, se contenter de cet horizon. Pour l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, et même l'Egypte, la Libye et la Mauritanie, il n'y a pas de réticences majeures, même s'ils attendent de voir le contenu. Le monde entier cherche à imiter le modèle européen et à s'en rapprocher. Il représente aux yeux des peuples de la rive Sud, avant tout, un type de développement à suivre. Les élites au Sud constatent que cet ensemble a commencé modestement, en s'appuyant sur des facteurs précis du développement industriel. Les pères de l'Union étaient pragmatiques. L'idée d'un marché commun économique et progressif a dominé sa construction, afin de ne pas compliquer au départ la démarche par des considérations politiques. Il a fallu du temps, près de cinquante ans, pour aboutir au modèle actuel, qui est impressionnant. Aux yeux des peuples du Sud, c'est un ensemble politico-économique des plus avancés. Actuellement, pour eux, les symboles de cette puissance sont sa monnaie la plus forte du marché mondial et le pouvoir d'achat. Cependant, des limites et des contradictions existent aussi. On doit s'inspirer de cette expérience qui s'appuie sur l'économie de marché, la sécularité et la technoscience, mais on ne peut pas l'imposer aux autres peuples, aux valeurs et aux contextes différents. Bien plus, il est vital de dialoguer, afin de bénéficier des critiques des autres et tenter de construire un monde valable pour tous, compte tenu du fait que les défis sont communs. Le projet de l'Union méditerranéenne doit être souple, pragmatique et réaliste à la fois, c'est-à-dire, se fixer des objectifs prioritaires et un plan pour entamer les applications, après concertations et implications des gouvernements et de la société civile.
Critiques
La première critique est d'ordre fondamental. L'Europe, depuis le départ, s'est construite comme un club fermé, bien en avance par rapport aux pays de la rive Sud. Dans ce contexte de fermeture, l'asymétrie, le déséquilibre et les disparités sont les facteurs qui inquiètent les observateurs. Le PIB par habitant en Europe est d'environ de 10.000 euros, pour en moyenne 3000 en rive Sud. Il y a lieu donc de viser la complémentarité pour rééquilibrer. Il a fallu du temps pour que l'Europe s'ouvre à d'autres régions de l'Europe, notamment celles du Sud. Aujourd'hui, malgré son élargissement à plus de 27, elle continue d'apparaître comme un ensemble autocentré. Sa vision semble encore fortement marquée par l'européocentrisme et le refus de vraiment dialoguer, partager la prospérité, et admettre les autres partenaires. La question controversée de l'adhésion de la Turquie est symptomatique de cette difficulté. Au lieu de respecter les conditions initiales et le calendrier tracé, les tergiversations, incompréhensibles pour les citoyens du Sud, sont enregistrées comme un refus d'ouverture. Malgré un début d'ouverture comme avec le projet du partenariat Euro-Med, déclaration de Barcelone de 1995, qu'il faut remodeler en liaison avec le projet d'Union, et la recherche d'une politique dite, aujourd'hui, de Voisinage, qui ne donnent pas de résultats escomptés, la rive Sud est en attente d'un dynamique réelle avec l'Europe, complémentairement toute l'Europe pour l'Euro-Med et celle du Sud pour l'Union-Med, pour coexister et faire face aux exigences communes. Quels sont les pays européens concernés par ce projet: France, Espagne, Italie, Portugal, Malte, Chypre, Grèce...? Et pour la rive Sud, les 10 pays qui participent déjà au processus euro-med: Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie, Egypte, Palestine, Syrie, Liban, Jordanie...? Le problème de fond semble plus concerner le consensus des pays européens, car ceux de la rive Sud sont réceptifs et n'ont pas d'oppositions de fond à ce projet, même si, échaudés, ils ont besoin d'être rassurés sur les objectifs, la méthode et les moyens à mettre en oeuvre.
La deuxième critique est d'ordre stratégique. La crédibilité du projet en dépend. L'Europe semble surtout viable économiquement, mais soumise aux contradictions du libéralisme sauvage et pas assez créative politiquement. Le monde de la Méditerranée souhaite que l'UE s'implique plus pour réduire les inégalités, équilibrer les rapports de force et travailler à un ordre juste, cohérent et multipolaire. Depuis la fin de la guerre froide, la crise du droit et des relations internationales et l'insécurité dans le monde se sont accentuées, aux yeux du Sud à cause de la tentative d'hégémonie, par la première puissance et ses alliés, d'agir en dehors des institutions internationales, ou de les instrumentaliser, et de vouloir imposer par les pressions, les ingérences ou la force, un système unipolaire injuste. La violence des puissants, la loi du plus fort et les inégalités créent le désespoir et engendre des réactions extrémistes, le terrorisme des faibles et des violences aveugles. L'Europe doit s'impliquer davantage, sortir de l'attentisme ou du suivisme. L'opinion publique au Sud souhaite qu'elle assume un rôle pionnier de médiateur et d'acteur efficace pour le règlement pacifique et diplomatique des différends et des conflits et la réforme des organisations internationales. La nécessité d'oeuvrer en particulier pour un règlement juste et équitable du conflit du Moyen-Orient qui demeure le problème politique majeur sur lequel la communauté euro-méditerranéenne ne peut se permettre de faire l'impasse et qui, en tout état de cause, pèse lourdement sur tout processus de coopération Euro-Med, et le projet d'Union-Med, voire les prend en otage. Le projet de partenariat Euro-Med et l'Union méditerranéenne seront viables, en étant justes, tel est le maître mot. La troisième critique est liée à l'équité et aux visées. On constate que la question de l'énergie est au centre du projet, un enjeu stratégique. L'Europe se fournit à près de 70% en Afrique du Nord, (principalement Algérie, Libye, Egypte) pour le pétrole. Les pays comme l'Algérie, qui est le troisième fournisseur de l'Europe, et dispose en la matière d'un crédibilité sans faille et d'atouts majeurs, ne refusent pas, a priori, de discuter au sujet de la nature du partenariat et d'un avenir énergétique durable et diversifié, autant au sujet des sources que des clients, afin de garantir à tous l'approvisionnement et sortir du schéma de simples pourvoyeurs d'énergies. Sur le plan des aides au Sud, on constate que pour 10 euros consacrés, en termes d'aides ou d'investissements à l'Europe de l'Est, région respectable, uniquement un seul euro est destiné au Sud. Et seul en moyenne 0,2% du budget des pays européens est consacré à l'aide aux pays du Sud. Un déséquilibre flagrant, alors que l'avenir des relations internationales relève surtout du rapport Nord-Sud. La coopération de l'Union européenne avec d'autres régions du monde, si légitime et naturelle soit-elle, ne peut avoir les mêmes incidences sur l'avenir de l'humanité que la coopération avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée. De plus, les relations entre les populations, les collectivités locales des deux rives et les sociétés civiles sont insuffisantes. Les contacts et les aides sont faibles malgré des efforts et la proximité. Par exemple, Alger, Tanger ou Tunis sont plus proches de la rive Nord, de Barcelone, de Palerme ou de Marseille, que n'importe quelles autres capitales d'Europe. De plus, le Sud est un marché d'avenir et représente un monde émergent qui partage nombre de valeurs avec ses voisins autour de la Méditerranée, même si les marchés de la rive Sud sont cloisonnés et divisés et que se pose la question de la convertibilité de leurs monnaies. La complémentarité économique entre les deux rives est un atout pas assez exploité. Une identification claire et quantifiée des instruments financiers de solidarité et d'aide qui accompagnent les objectifs de la coopération économique entre pays euro-méditerranéens, est peu visible. Il s'agira, à l'avenir, de réhabiliter ensemble l'objectif d'une incitation des échanges et des investissements européens vers les pays du Sud.
Mais surtout de mettre l'accent sur les transferts de connaissances, de compétences et la formation au savoir et au savoir-faire, notamment, afin de stabiliser les populations et de réduire la fuite des cerveaux et le flux des immigrations. Problème qui concerne toute l'Afrique. Reste à comprendre qu'il y un trop grand tapage au sujet des nouveaux migrants. Des dizaines de milliers de jeunes ou plus qui apportent leur force et leur vitalité à l'Europe ne doivent pas être perçus comme une menace. Les murs et les barrières ne sont pas une solution juste ou durable. Il faut, certes, apprendre à tous à respecter les frontières, mais en restant généreux et en redonnant de l'espoir aux jeunes des pays pauvres ou en voie de développement. Certes, la question du taux démographique n'est pas perdue de vue, 2% pour le Sud, 0,5% pour le Nord. Mais sans possibilité de mobilité et de circulation des personnes, le projet d'Union n'aura pas d'avenir.
La quatrième critique concerne la dimension démocratique, culturelle et humanitaire. À l'exception de quelques expériences encourageantes, des acquis, qui méritent d'être consolidés et améliorés, et des gestes symboliques forts, comme la visite du chef de l'Etat français à la Mosquée de Paris durant le Ramadhan, une première, l'Europe ne semble pas assez respecter le droit à la différence des nouvelles minorités dans la Cité, les populations musulmanes. La propagande du choc des civilisations et des discriminations domine. Même si des efforts de différents acteurs politiques, sociaux ou médiatiques européens sont perceptibles et travaillent pour le vivre-ensemble; la banalisation de l'islamophobie, explicite et implicite, est le nouveau racisme qui alimente l'insécurité et affaiblit la position européenne. Les droits des citoyens européens de confession musulmane sont bafoués en ce qui concerne les dimensions civiques, le travail, le logement, l'accès aux moyens de communication et la circulation des personnes et ceux liés à l'exercice du culte. Les pays du Sud ont besoin de voir l'Europe mettre en oeuvre ses principes de droits de l'homme. L'Europe est à l'avant-garde de la modernité mais il y a des insuffisances qui inquiètent. Après la fin de la guerre froide, afin de faire diversion aux problèmes d'injustice et de tenter d'asseoir une hégémonie fondée sur la loi du plus fort, le système mondial dominant, par un besoin inhérent, s'est inventé un nouvel ennemi. Pourtant, l'Islam a contribué à l'essor de l'Occident. Sur le plan de la connaissance, les études objectives et l'enseignement de la religion et de la civilisation musulmane et de la langue arabe, ont reculé en Europe. Le traitement de cette question en rive Nord est fait souvent pour des raisons sécuritaires ou économiques. La crédibilité de l'Europe, sa sécurité, son influence dans le monde, sont en jeu. En tant qu'ensemble proche du Sud, elle est face à ses responsabilités. Son caractère démocratique est mis à l'épreuve dans son rapport aux citoyens et peuples de confession musulmane. Elle peut être pionnière en matière de partenariat, de démocratisation et de respect de la différence. L'apport des pays du Sud sera aussi stratégique: énergie, culture, démographie, espaces économiques émergents.
Besoin de l'autre
Ce que revendiquent les peuples du Sud, ce n'est pas un traitement spécial, mais un projet concerté, variable et évolutif. Cela est possible et peut se résumer en un point: les reconnaître comme peuples et citoyens à part entière, afin de mettre fin à la politique du deux poids, deux mesures qui les discrimine et les enferme dans le confessionnel.
Pour assurer sa crédibilité et sa mission, l'Europe doit donner l'exemple sur comment assumer le vivre-ensemble, l'unité et la pluralité, avec des règles communes. Les deux rives ont besoin les unes des autres. L'Europe a besoin du Sud afin que les inégalités, la marchandisation du monde et la perte de valeurs ne ruinent pas l'humanité. Reste aux citoyens et aux sociétés du Sud à assumer de leur côté le renouveau des valeurs spécifiques, l'évolution de l'interprétation de leurs textes, l'apprentissage démocratique, la bonne gouvernance et l'engagement pour réinventer avec leurs amis européens un projet d'Union où se conjuguent authenticité et modernité, indépendance avec solidarité.
Les sociétés en rive Sud, malgré toutes les difficultés et retards, veulent se mettre en mouvement, avec un souci du respect des normes propres et des valeurs universelles. D'autant que 70% des citoyens ont moins de trente ans et sont avides de modernité.
N'est-ce pas légitime? Ils savent que la démocratie entre les deux rives est la condition du développement, de la sécurité et de l'Union, une nouvelle Andalousie des temps modernes.
www.mustapha-cherrif.com


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