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A quoi sert la pédagogie?
LA FORMATION D´UN CITOYEN CULTIVE
Publié dans L'Expression le 10 - 01 - 2008

La famille, l´école et les médias sont aujourd´hui les sources de la pédagogie dominante, les milieux éducatifs.
A l´école, à l´Université, mais aussi dans la vie courante, on se demande si la pédagogie tient encore une place. En effet, au vu de la faiblesse de la communication entre les générations, des atteintes à l´éthique, des dialogues de sourds, au vu de la rupture des liens sociaux, on se demande qui donne la priorité à la pédagogie pour se faire comprendre et former un citoyen responsable et vraiment cultivé? A quoi sert la pédagogie? Le corps enseignant mérite d´être encouragé, car il déploie d´immenses efforts qui semblent ne pas être perçus et soutenus à leur juste valeur, alors que c´est l´avenir de la société qui est en jeu.
Le terme de pédagogie dérive du grec "conduire, mener, accompagner, élever". La mal-vie des jeunes, mais aussi le malaise des enseignants et de toute la société devrait obliger chacun de nous à revoir sa pédagogie. Le pédagogue, théoriquement, est un adulte sage et instruit qui accompagne l´enfant et toutes les personnes en formation dans leur découverte et acquisition du savoir et de la maîtrise des méthodes pour se connaître, résoudre les problèmes de la vie en société et apprendre un métier. Chaque civilisation et époque a sa propre pédagogie, qui tient compte à la fois des valeurs et principes qui la régissent et des objectifs fixés.
Aujourd´hui, on semble avoir de grandes difficultés à se faire comprendre et à apprendre aux jeunes, de manière pédagogique, c´est-à-dire, en favorisant l´esprit critique et l´amour de la connaissance. Au début du XXeme siècle, la science de l´éducation, née à la fois des sciences humaines et sociales, désignait l´art de la pédagogie.
Aujourd´hui, avec la spécialisation, l´expression s´emploie au pluriel: les sciences de l´éducation. Elles s´étudient en empruntant des données multiples à plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales, sociologie, psychologie, linguistique, histoire, biologie, économie, philosophie. Car la pédagogie est considérée comme pluridisciplinaire. Elle nécessite une vision verticale et horizontale, pour faire synthèse, car elle concerne la mentalité, le milieu et l´identité de la personne.
L´art de former les hommes
Depuis le temps de l´Andalousie, avec des penseurs qui étudiaient comment former un type d´être humain universel et équilibré, à l´humanisme de la Renaissance qui recherchaient un idéal de l´individu accompli, il y avait un souci de transmettre le savoir idéal. L´accent était mis sur l´aspect moral, en vue de forger des caractères honnêtes et ouverts au monde.
Avec les philosophes, la pédagogie devient une méthode. Descartes fut celui qui institua le discours de la Méthode, à partir du doute, de la critique et de la logique, en vue de favoriser un savoir savant objectif. Puis avec l´essor des sciences, la pédagogie devient non seulement utile pour tous, mais incontournable pour perpétuer le savoir au plus grand nombre. Depuis trois siècles, avec la généralisation de l´enseignement et des écoles, la pédagogie est devenue la base du métier d´enseigner, on veut former les jeunes au monde moderne. En 1762, Rousseau qui a écrit Emile ou de l´éducation précise qu´il s´agit de l´art de former les hommes. Il énonce dans cette oeuvre son principe qui va influencer nombre de pédagogues: "L´enfant naît bon et c´est la société qui le corrompt." Selon lui, il est nécessaire que l´enfant ait envie d´apprendre et qu´il ait connaissance d´un métier pratique. La pédagogie doit donc avoir pour but de faire confiance à l´intelligence des jeunes, de leur donner le goût et la curiosité de la connaissance, acte qui doit rester lié au réel et non simplement à des théories invérifiables ou démagogiques.
La famille, l´école et les médias sont aujourd´hui les sources de la pédagogie dominante, des milieux éducatifs. Si ces discours dévalorisent le savoir et la connaissance et font l´apologie du gain facile, des mythes et de la ruse, la société est vouée à la décadence. Si au contraire, les adultes donnent l´exemple du savoir, de la critique objective et du savoir-faire et préfèrent lire, écrire, produire de l´art et des techniques, la société sera développée et civilisée.
Pour la science de l´éducation moderne, chaque individu peut se former à une fonction qui réponde à ses aptitudes et talents. La société, en mettant l´action sur la démocratisation politique d´une part et une pédagogie qui tienne compte des niveaux et aspirations de chacun d´autre part, développera la solidarité, le civisme, le respect de l´autorité et le sentiment patriotique. Sinon, sans savoir, ni respect du droit, les discours et les actes non pédagogiques, c´est-à-dire inadaptés, démagogiques et non démonstratifs démobiliseront les jeunes et les pousseront à la facilité et au désespoir, au lieu de l´appréciation de l´effort et la pratique de la patience.
En ce XXIeme siècle, la notion de pédagogie a évolué. La pédagogie devient une pratique, un ensemble de méthodes pour aider l´enfant et l´adulte en formation à s´adapter à l´évolution rapide du monde, des métiers et des connaissances. Les pédagogues doivent utiliser des éléments de psychologie motivante, afin d´aider chacun à s´épanouir et réaliser l´équilibre entre l´ancien et le nouveau. L´éducation est perçue comme un acte global de construction de la personne et non comme une simple retransmission de connaissances.
Plusieurs stratégies et choix de méthodes, selon les écoles scientifiques existent: celle qui prend en compte seulement l´individu, l´enfant ou l´adulte, pédagogie adaptée à l´âge et à la personne, celle qui tient compte de la culture et du milieu social, celle enfin qui se veut, elle, pragmatique et expérimentale. Toutes visent par des voies différentes à la socialisation. Il s´agit par la pédagogie, à l´école ou dans un mouvement culturel ou politique d´établir un climat de confiance et de compréhension réciproques, entre l´émetteur et le récepteur, en recherchant l´interactivité. De nos jours, le sens de la pédagogie renvoie à la manière dont va se faire la formation qualitative d´un enfant ou adulte plutôt qu´au contenu proprement dit de cette formation. Il s´agit des processus de mise en oeuvre dans l´acquisition de connaissances, afin d´acquérir des méthodes autant que des savoirs. D´où que les discours et les programmes chargés qui mettent l´accent sur la quantité et la répétition sont désastreux. C´est à partir de ces conceptions opposées sur le rapport entre théorie et pratique, entre quantité et qualité, entre dialogue et monologue avec l´élève, que se classent les différents courants de pédagogie. Les techniques sont variées, le plus important reste l´engagement de l´enseignant. Un des aspects-clefs est de combiner ce que l´on veut transmettre et ce que sait déjà l´enfant, ou ce qu´il est capable de découvrir lui-même. Les spécialistes précisent qu´il y a lieu d´harmoniser progressivement les savoirs instruits reliés à la notion d´enseignement aux savoirs construits qui font confiance à l´autonomie de l´enfant. En ce sens, la pédagogie est à la fois l´oeuvre de l´enseignant et le milieu de l´élève. Car, la famille, l´école, les médias, les stades, la mosquée, sont autant de sphères où l´enfant entend ou fréquente des "pédagogues".
Tout le monde sait que l´acquisition du langage, de la personnalité et des codes culturels sont à la base de tout enseignement. Comment les sélectionne-t-on et les assimile-t-on? Un individu peut apprendre et s´adapter à un changement en s´accommodant volontairement à la nouveauté, à partir de son esprit critique et du savoir méthodologique reçu de ses maîtres. Il peut, au contraire, subir l´influence que des individus plus âgés, plus savants, plus expérimentés, plus ou moins bien intentionnés, exercent sur l´individu en cours de sa formation. La pédagogie doit favoriser la première voie.
La motivation à l´acquisition des connaissances est multipliée par le fait d´avoir à discuter des questions, des relations sociales, des rapports conflictuels, des opinions différentes. Ainsi, le fait d´avoir à discuter et à confronter les points de vue entre deux personnes ou groupes qui ont des conceptions opposées favorise l´émergence d´un processus de négociation, de consensus, d´apprentissage du respect de la différence. A l´issue des débats et du dialogue les concernés apprennent à respecter l´autre et adhèrent à une solution élaborée en commun. Le débat, la participation, de manière organisée et disciplinée, et non l´autoritarisme, motivent et mobilisent.
Le parler-vrai
La pédagogie moderne a aussi pour but d´apprendre à travailler en équipe, point faible des sociétés en voie de développement. Il est important d´apprendre à résoudre des problèmes ensemble, de ne pas croire que le cloisonnement, la rétention de l´information et le monopole du pouvoir sont la solution. Parler vrai des problèmes, libérer l´expression, écouter tous les points de vue et donner l´exemple est l´acte pédagogique par excellence. Le mensonge est l´antipédagogie. Nous avons à réapprendre l´apprentissage par problème. Les élèves et citoyens apprenants, regroupés par équipes, doivent apprendre à débattre et travailler ensemble pour résoudre un problème.
Il s´agit, par l´interactivité, par l´apprentissage de l´écoute de l´autre, d´aboutir à des compétences de résolution de problèmes. Rien n´est impossible. La tâche de l´équipe est d´expliquer les aspects fondamentaux et de les différencier des aspects secondaires du problème et de tenter de les résoudre tous dans un processus progressif. La démarche est guidée par le pédagogue qui assume un rôle de facilitateur du discernement et de médiateur. C´est justement cette fonction de médiateur qui est centrale pour toute société et décisive pour l´avenir. Dans le monde arabe la dévalorisation des actes de raisonner, de réfléchir, de savoir, d´enseigner ne peut plus durer. La jeunesse est disponible à écouter et apprendre, à condition que la société se libère des mythes et des discours paternalistes et populistes. La prise de parole pédagogique est primordiale pour sortir des fuites en avant.
(*) Spécialiste en relations internationales
www.mustapha-cherif.com


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