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Quelles langues pour l'enseignement des sciences ? Arabe, français ou anglais ?
Enseignement
Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2005

Faut-il remplacer l'usage du français en Algérie par celui de l'anglais ? Cette question mérite d'autant plus d'être posée qu'elle est déjà soulevée depuis belle lurette par ce qu'on appelle en Algérie « le lobby anglophone ». Composé essentiellement d'arabophones, dont la majorité écrasante ignore totalement la langue anglaise, ce lobby aspire à substituer paradoxalement l'anglais au français comme langue d'usage en Algérie.
D'où vient donc que ce « lobby », qui ignore le parler et l'écrit de ces deux langues, opte pour l'anglais et se pose du même coup comme son défenseur acharné ? Du fait sans doute que ce lobby qui est composé plus d'arabophones que d'arabisants ressent un certain malaise lié au complexe d'infériorité vis-à-vis des francisants, complexe que l'on tente de lever ou d'effacer par la valorisation de l'anglais qui se révèle être moins entaché de péché colonial que ne l'est la langue française, laquelle est toujours perçue sous le seul angle « colonial » ou « colonialiste ». Les motivations implicites ou déclarées de ce choix en faveur de l'anglais se ramènent en somme aux arguments suivants : puisque l'anglais est une langue d'usage universel, celle de la technique et du commerce, donc plus parlée dans le monde que le français, il n'y aura dès lors aucune raison de ne pas opter pour l'anglais, ce qui suppose l'effacement progressif du français du paysage social et culturel de l'Algérie. Ce discours s'entend en effet souvent parmi les milieux arabophones dont l'ignorance du français n'a d'égal que leur ignorance de la langue de Shakespeare, ignorance flagrante qui les incite pourtant à en exalter les vertus. Sous prétexte que le français est la langue du colonialisme, ces arabophones prétendent devoir lui substituer l'anglais, comme si la langue anglaise n'avait pas partie liée, elle aussi, avec l'expansion coloniale européenne au cours du XIXe siècle, comme si elle était en outre une simple langue de « technique et de commerce » pure, innocente, et donc indemne de tout péché « originel ». Vouloir substituer au français l'anglais et croire ou faire croire que ce dernier est bien plus profitable à l'Algérie que le premier, c'est se tromper de choix de culture et de société, c'est poser de faux débats qui ne nous avancent pas d'un iota sur la voie de la compréhension de notre société. Le vrai débat n'est pas le choix d'une langue étrangère au détriment d'une autre langue étrangère ; le vrai débat est celui de savoir comment concilier l'usage non pas d'une seule langue mais de plusieurs langues étrangères avec la nôtre ou les nôtres. Vouloir, comme le suggère une partie des arabophones, substituer au français l'anglais revient à dire qu'il faille substituer à une langue « coloniale » ou colonialiste une autre langue colonialiste. Ces coteries d'arabophones érigées en défenseurs ignorants de la langue anglaise se distinguent en effet des arabisants et cette distinction est si fondamentale qu'elle mérite d'être notée. La différence entre les deux dénominations réside dans le fait que les arabophones se nourrissent plus au lait de l'idéologie islamo-nationaliste saisie dans sa version étroite, étriquée et dogmatique, alors que les arabisants s'alimentent aux sources de la culture arabo-musulmane saisie dans ses multiples dimensions religieuse, linguistique, mystique, philosophique, etc. Si les arabisants au sens de gens de lettres, de culture et d'ouverture d'esprit sur l'autre, se font rares dans notre pays affligé de faux clivages linguistiques et de querelles byzantines, les arabophones compris au sens de repli sectaire sur soi et de rejet de la culture française confondue à tort avec le système colonial s'accroissent au contraire en nombre et en importance. Leur force tient autant à ce nombre qu'à l'indigence des idées qu'ils véhiculent aussi bien dans leur environnement social, dans les médias qu'au sein des institutions dans lesquelles ils se trouvent intégrés. Constitués en réseaux de solidarité claniques solidement implantés en amont comme en aval de certains institutions sensibles, tels l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et certains secteurs de la magistrature, ces arabophones monolingues, qui se font les chantres de la langue anglaise à laquelle ils n'entendent goutte, prétendent que les maux culturels dont souffrent l'Algérie proviennent essentiellement des usagers de la langue française dans notre pays, et non pas de l'école fondamentale qui les a formatés dans le sens de la fermeture, de la haine ou du rejet de l'autre. A l'inverse de ces arabophones aux horizons intellectuels bornés, les vrais arabisants entichés de modernité et de rationalité savent que l'apprentissage des langues étrangères, y compris celui de l'ancien colonisateur constitue un facteur d'enrichissement de la culture nationale, une nouvelle fenêtre ouverte sur le savoir universel, qui est un patrimoine commun de l'humanité civilisée. L'anglais, le chinois, le sri lanki, le russe, etc. sont, comme langues porteuses de civilisation, les bienvenues en Algérie. Que le français, comme langue, soit condamné ou stigmatisé chez nous par certaines coteries arabophones et arabophiles au motif qu'elle est la langue de l'« ex-colonisateur » ne doit pas nous faire oublier qu'elle fait partie, qu'on le veuille ou pas, d'un pan entier de notre histoire culturelle, sociale et urbaine. Le français et la culture française s'enracinent dans la culture du pays et dans les mémoires collectives, et peu importe d'ailleurs que ces mémoires ou souvenirs soient négatifs ou positifs. Faut-il sous prétexte de liquider l'héritage colonial éliminer de nos paysages urbains les édifices légués par la France, tels que les monuments historiques, les immeubles d'habitation et les églises ? Faut-il raser aussi les ruines romaines de Timgad, de Tipaza, de Djamila et de bien d'autres, sous prétexte que ces ruines sont le legs de l'impérialisme de la Rome antique, victorieuse de Carthage et des insurgés berbères ?
L'école, instrument de pouvoir
Que la détestation de la langue française par ces arabophones soit le plus souvent motivée par leur complexe d'infériorité envers les « francophones », cela ne fait pas de doute. Ce qui ne fait pas de doute aussi, c'est que ces derniers sont plus utilitaristes que francophiles dans la mesure où le français, dont ils sont les usagers, leur sert davantage d' instrument de promotion sociale et de faire-valoir que de référence culturelle digne de ce nom. Autrement dit, c'est moins le contenu culturel qui les intéresse que l'aspect formel et technique rattaché au prestige de la langue française. Ces francophones, contrairement aux apparences, ne sont pas épris de la France et de sa culture ; ils sont seulement fascinés par ses réalisations techniques et par les formes les plus superficielles de sa civilisation. Instrument de promotion et de faire-valoir, le français sert à maintenir et à renforcer des positions de pouvoir au profit de ceux qui en sont les premiers usagers. Langue de la technique, de l'administration et de la diplomatie, le français se révèle être donc une manière d'instrument de domination et de suprématie, une sorte d'épée de Damoclès suspendue sur la tête des arabophones et des arabisants aussi, qui se sentent tous plus ou moins rabaissés ou humiliés par la mainmise sur le pays d'une langue exogène, pire, à relent colonial ou colonialiste. Le désir de beaucoup de substituer au français l'anglais s'explique par ce clivage linguistique dont les antécédents remontent à l'aube de l'indépendance. Le rejet du français est lié donc, chez ces arabophones frustrés à l'idée d'être rejetés ou privés des postes prestigieux : technique, politique, administratif et diplomatique, les amène à dénigrer le français et les francophones, à exalter les vertus de la langue anglaise dont ils ignorent aussi bien le signifiant que le signifié, à glorifier la langue arabe et à jeter leur dévolu sur le secteur éducatif tout en faisant de l'histoire nationale et du nationalisme algérien leur domaine privilégié, leur chasse gardée... Tous ceux qui ne partagent pas leurs idées, sentiments, opinions ou convictions religieuses sont considérés comme des « traîtres », des suppôts du colonialisme français et marqués au sceau de l'infamie. Les Berbères, qu'ils soient modérés ou extrémistes, suscitent également méfiance et suspicion. Les Kabyles surtout seraient tous ou presque « pro-français », s'ils n'étaient pas tout bonnement susceptibles de se convertir en masse au christianisme sous l'impulsion secrète des missionnaires français. Ces arabophones sont légion à l'université. Leur idéologie tout comme leur discours fortement teinté d'un nationalisme à base religieuse les rapproche du fondamentalisme et de l'extrémisme, version Hassan Al Banna. Nourris plus d'une culture stéréotypée, faite de raccourcis et d'a priori que d'une culture puisée aux sources vives de la civilisation historique de l'Islam, ils s'efforcent par tous les moyens d'occuper le champ intellectuel et universitaire par la seule idéologie de l'exclusion de ceux qui rejettent leurs présupposées idéologiques. Monolingues et insuffisamment formés au plan de l'enseignement et de la recherche scientifique, beaucoup d'entre eux n'ont été consacrés « docteur » que grâce à des jurys de complaisance. Conscients de leurs faiblesses intellectuelles évidentes et de l'usurpation de leurs titres ronflants de docteur et de professeur, ces coteries d'arabophones se serrent les coudes et se montrent d'une agressivité pathologique envers celles et ceux qui ne partagent pas leurs convictions idéologiques et partisanes. La culture dont ils se recommandent ou prétendent être les promoteurs se révèle à l'examen pauvre en images et en contenus sémantiques ; elle est l'exacte opposée de la culture naguère enseignée par les penseurs critiques de l'Islam historique, tels Ibn Roschd, Avicenne, Al Massaoudi, Ibn Khaldoun et bien d'autres. Ces hommes dont il est question sont le produit ou le reflet exact de l'école algérienne. Telle qu'elle existe, elle ne saurait produire autre chose que ce profil d'hommes aux pâles figures. Pour compléter enfin le tableau, je donne la parole au docteur Maïz, qui va nous analyser l'enjeu des langues en Algérie et la passion que certaines d'entre elles soulèvent. Enfermés dans leurs fausses certitudes, ces hommes « aux pâles figures », autrement ces conservateurs infiltrés dans les rouages de la sphère éducationnelle, faisant de l'école un instrument de pouvoir, de l'enfant un outil de contrôle par son dressage et son endoctrinement pure et simple à la seule cause de l'ordre établi. Ces fonctionnaires et enseignants, majoritairement inféodés naguère et maintenant au parti unique, sont l'un des facteurs non négligeables, entre autres, de la décomposition de l'école, mais qui se trouvent tous articulés autour d'une donnée centrale : l'idéologie. C'est ainsi que l'institution éducative, qui s'est détournée de son rôle éducatif et de sa mission de dispensatrice du savoir, s'est transformée en une machine d'abrutissement et de perversion de la conscience collective, dont les dix années de terreur et de sang n'en sont que le début d'une véritable et grave cassure dans la société où la dualité ne s'exprime plus seulement en termes de classe sociale, mais également en termes de culture et de référents identitaires. N'a-t-on pas connu et vu des intellectuels, des professeurs, des hommes de lettres, de culture, et des journalistes assassinés par des adolescents parce qu'ils étaient, à leurs yeux, porteurs de civilisation occidentale et donc de modernité ? Une étude sociologique sérieuse et approfondie montrerait sans nul doute l'énorme responsabilité de l'école et de ses promoteurs dans la dérive, voire la déraison de cette société faite d'adolescents immatures inconscients, en perte de repères, parce que formés pour ne pas dire dressés et endoctrinés dans cette école qualifiée de « démocratique », fondamentale et authentique Une autre conséquence aussi dramatique que cette école hâtivement arabisée et imposée a fini par engendrer une masse d'adolescents et de jeunes adultes impuissants à formuler une pensée critique tant leur esprit a été structuré sitôt par une idéologie, où l'obscurantisme le dispute à l'indigence culturelle et à la civilité. En témoigne en effet le langage à contenu grossier ou vulgaire débité par les jeunes à l'occasion des rencontres des match de foot dans les stades de nos villes. Outre ce langage qui résonne désagréablement aux oreilles allergiques à la vulgarité s'ajoute chez ces jeunes formés à l'école algérienne la quasi-impossibilité de traduire clairement leur pensée lors d'un échange oral avec autrui. Comparés à leurs pairs arabes, libanais, égyptiens ou syriens lesquels s'expriment avec aisance et clarté, nos adolescents font au contraire preuve de confusion et d'un parler digne de la langue du sabir. Autrement dit : incompréhensible.
Une loi scélérate et antipédagogique
Un système d'enseignement authentiquement bilingue avec comme deuxième langue le français aurait pu être un outil contre cette médiocrité linguistique, mais l'étude des langues, et du français en particulier, a été réduite à la portion congrue avant de tomber dans les années rouges en complet déclin ; parallèlement, l'initiation à ces langues a été le plus souvent confiée à des enseignants dont beaucoup ont été insuffisamment formés. Le dénigrement du français, joint à l'idée « imbécile » de vouloir le remplacer par l'anglais, n'est point d'ordre pédagogique, mais bien d'ordre idéologique, puisqu'il obéit de manière évidente à une manœuvre politicienne ayant comme objectif l'exclusion de l'élite francophone des postes et des centres de décision, qu'arabophones et arabisants n'ont cessé de convoiter. La conséquence de cette école algérianisée a été de produire plus d'illettrés et d'analphabètes monolingues que d'élèves véritablement éduqués au sens le plus moderne de ce mot. Témoins de cette situation désastreuse, et sans parallèle dans les annales de l'humanité civilisée, sont ces fameuses dix classes de la wilaya de Mascara qui, à la fin de l'année scolaire 2004-2005, avaient obtenu 0% de « reçu » à l'examen de sixième ! Dans ce cas, ce n'est point le risque d'endoctrinement qui s'avère grave, mais bien le vide creusé dans les cerveaux de ces jeunes enfants. C'est là un véritable « cas d'école »qui aurait dû mériter plus d'attention et plus d'intérêt que cette inutile, voire incompétente commission qui a abouti à des sanctions ayant touché plus les lampistes que les véritables responsables de cette banqueroute intellectuelle. Cet acte irresponsable est d'autant plus grave qu'il restera inscrit à l'actif de M. Benbouzid et de son équipe qui n'ont pas su ou voulu nous épargner cette insulte suprême. Face à cette dictature légiférée sous la pression du conformisme idéologique, on ne saurait trop répéter que les bases d'une réelle volonté de réforme en matière d'éducation et d'enseignement ne saurait se réaliser pleinement sans que soit écarté le lobby arabophone de la sphère éducationnelle ; lobby qui prétend régenter l'esprit et l'âme des Algériennes et des Algériens selon sa vision partisane. La crise de l'école et ses conséquences sur la société sont suffisamment graves pour ne pas exiger une réelle réforme, rapide et globale, ainsi qu'une réflexion d'ensemble, car la réforme initiée par le ministre et mise en place par petites doses homéopathiques, faites d'instruction et de circulaires, est totalement dénuée de bon sens et de raison. Cette crise de l'éducation et ses résultats désastreux (en moyenne 80% d'échec) a conduit donc à une véritable crise de la société reflétée par la production d'une génération de désenchantés, par un retard de la société dans la compétition internationale, par les défis qui nous sont lancés par la mondialisation, toutes choses en somme aggravées par une absence totale de prise de conscience de ce phénomène, y compris dans ses aspects les plus visibles, tels que le chômage massif des jeunes, les phénomènes de délinquance de plus en plus importants et variés que la seule répression ne saurait endiguer. Au total, seule une réforme audacieuse affranchie de l'idéologie, ouverte à l'universel, soucieuse d'efficacité et de cohérence et dans laquelle l'enfant passe d'un palier à un autre sans rupture, où le primaire prépare le collège et celui-ci le lycée et où ce dernier prépare l'université, voilà la réforme qui devrait retenir enfin l'attention de tous les responsables de ce secteur sensible et stratégique qui est l'éducation nationale. S'agissant de cohérence, il est inconcevable de vouloir imposer aux écoles (et notamment aux écoles privées) l'arabe comme langue d'enseignement des matières scientifiques, alors que ceux-ci sont enseignés à l'université en langue française, et c'est ce qui explique, comme l'a noté le ministre de l'Enseignement supérieur, R. Haraoubia, les 80% d'échec en première année universitaire. Certes le ministre Benbouzid a réussi à faire passer sans débat, une loi obligeant les écoles privées à dispenser le programme de l'enseignement public, et exclusivement en arabe. Une telle loi est, à nos yeux, antipédagogique et qui plus est injuste et scélérate puisqu'elle prévoit une condamnation à la prison ferme les chefs d'établissement qui ne s'y seront pas conformés ! Il est vrai que Benbouzid a bénéficié de la complicité d'une assemblée dont les trois quart des membres, toutes étiquettes par ailleurs confondues, s'occupent davantage de leurs affaires personnelles quotidiennes que des choses éducatives qui sont pourtant essentielles pour l'avenir de leur propre progéniture. Mais M. Benbouzid n'entend pas les choses de cette oreille. Il entend au contraire persévérer dans son erreur sans se rendre compte des dégâts qu'elle est susceptible de provoquer encore dans le système éducatif déjà mis à mal par sa politique de courte vue. Si, en fin de compte, l'erreur est humaine, persister cependant comme le fait ce ministre dans l'erreur serait alors une faute qui mériterait condamnation et sanction. Et cette condamnation sera d'autant plus justifiée qu'elle sera le fait de ces centaines de milliers de jeunes que cette école aura marginalisé et exclu de la société.
Par Mohamed Maïz, Docteur et universitaire et Ahmed Rouadjia, professeur des universités, historien et politologue.


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