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El Hakim, mon frère...
LE DR GEORGES HABACHE NOUS A QUITTES
Publié dans L'Expression le 30 - 01 - 2008

Hommage à l'Homme de principe et au combattant qui a laissé un pays et un peuple en plein mouvement.
Le fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (Fplp), Georges Habache, n'est plus. Une autre nouvelle qui nous attriste et nous trouble, en ces jours où ses compatriotes, de diverses confessions, mais des Palestiniens avant tout, souffrent le martyre devant l'oppression et la haine qu'impose le régime totalitaire israélien aux requêtes, somme toute fondées et légitimes de ce peuple qui ne veut abdiquer, malgré tout, devant la force et les douloureuses épreuves qu'il subit.
Cette disparition est une grande perte pour le peuple palestinien. Elle l'est également pour les militants algériens ainsi que pour l'ensemble des patriotes arabes qui savent donner la véritable résonance aux droits inaliénables des peuples qui luttent pour recouvrer leur souveraineté dans leur patrie spoliée.
Le Dr Georges Habache -que nous appelions el-Hakim-, leader historique, s'est éteint après soixante ans de militantisme, que dis-je? de combat dur et loyal aux côtés de son peuple qui, depuis des décennies, se trouvait confronté aux pires souffrances perpétrées par les sionistes, inhumains, sauvages, implacables quand ils lui imposaient et lui imposent, jusqu'à maintenant, des «programmes» d'Holocauste, les mêmes qu'ils ont subis par ceux qui veulent s'amender aujourd'hui en les aidant effrontément. La dernière opération de blocus et de privations -qui ne sera malheureusement pas la dernière, au train où vont les choses avec cet ennemi acharné- n'est qu'un aspect intimidant et farouche de cette «administration» qui ne veut reconnaître aucun aspect du droit de ce peuple qui défend une cause juste..., sa véritable cause.
«L'Histoire prendra fait et cause, à n'en point douter, pour le droit pour lequel a vécu et mourut Georges Habache», disait le président Bouteflika, dans son message de condoléances à son homologue Mahmoud Abbas. En effet, el-Hakim, l'un des fidèles amis de l'Algérie, n'a cessé, pendant toute son existence, de combattre, en fervent défenseur, contre la «délégataire» des Américains, qui représente dignement leur pouvoir et leur suprématie, tout en préservant leurs intérêts et les siens, évidemment. Georges Habache savait, de son vivant, et il en était conscient, que la lutte du peuple palestinien est une lutte de longue haleine, puisque le déséquilibre des forces entre des deux parties belligérantes, incomparables sur tous les plans, n'était et ne sera jamais à l'avantage des Arabes -même réunis- et encore moins à l'avantage des Palestiniens, qui sont pratiquement seuls...,sur le terrain de la résistance.
El-Hakim luttait, malgré sa maladie, son handicap. Il avait cette foi de combattant de la liberté qui comprenait que le mal était profond, qu'il leur venait de loin, depuis 1897, quand se réunissait à Bâle le premier Congrès sioniste qui allait créer «la Banque et le Fonds national juifs» pour l'achat des terres en Palestine. Là, Magyar Theodore Herzl exposa sa conception du sionisme en même temps qu'il proposa un Etat qui permette «aux Juifs de retrouver leur dignité et leur sécurité». En bon philosophe-écrivain, ce Hongrois d'origine n'a pas oublié son autre «religion» et n'a pas hésité à ressusciter ce vieux rêve que caressent tous les Juifs: «Réaliser la promesse biblique du Grand Israël et dont l'étendue dépendrait de la fortune des armes».
Ainsi, le projet de Herzl fit son chemin et, en 1916, la France et la Grande-Bretagne convoitent la Palestine et posent le problème de son internationalisation par les accords Sykes-Picot, après avoir étudié la situation au Moyen-Orient et convenu qu'elle était dangereuse, car pouvant changer les rapports dans la région. La déclaration de Balfour intervient une année après, en 1917, et elle est «pertinente», puisqu'elle met à nu les visées expansionnistes de l'Europe. Ainsi, vint la décision de l'Etat britannique, communiquée par Arthur James Balfour, secrétaire au Foreign Office à Lord Walter Rothschild, vice-président du Board of deputies of British Jews: «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de ce projet [...]»
Janvier 1919, deux ans après, l'Europe décide le morcellement du Moyen-Orient en provinces administrées selon le système mandataire. La Syrie, le Liban, la Palestine et l'Irak ont chacun un tuteur, et la Conférence de San Remo, en avril 1920, donne des droits à la Grande-Bretagne pour administrer la Palestine.
Face à ces poussées expansionnistes, les Arabes s'organisent, se mobilisent, combattent, mais ne tiennent pas longtemps devant la force de la répression à laquelle ils étaient confrontés.
En 1945, les sionistes redoublent d'insistance auprès de la Grande-Bretagne pour l'application du programme du «Biltmore» et exigent la création immédiate de l'Etat d'Israël. Ensuite, après la venue de 600.000 colons, le plan est arrivé à sa phase finale. En 1947, la question est sur le bureau de l'ONU. Son Assemblée générale décide la création d'une Commission spéciale qu'elle appelle l'UNSCOP...Viennent ensuite les exactions, en territoires déjà occupés, les massacres en série de Palestiniens, les dépossessions de terres et de biens. C'est l'apocalypse, c'est effectivement l'extermination des Palestiniens...Un véritable holocauste avec l'approbation des grandes puissances.
Les Etats arabes rejettent ce plan de l'ONU et entrent en conflit armé avec les Juifs. Jusqu'au 14 mai 1948, la région s'embrase en une véritable guerre contre un induoccupant aidé, soutenu et officialisé sur les lieux par les grandes puissances ainsi que par la plus haute instance du monde. Cette dernière date représente effectivement l'affront que fait le monde aux Arabes, en général, et aux Palestiniens, en particulier, par la création de l'Etat fantoche d'Israël.
El-Hakim, Georges Habache aimait, lors de nos nombreuses rencontres, me faire cette brève rétrospective -que je reproduis en hommage à sa mémoire-, une rétrospective douloureuse, bien sûr, pour m'assurer que le problème palestinien est dans ses veines et qu'il est en fait le problème de tous les Arabes. Ressasser ces faits, continuellement, représentait pour lui un exercice, non pas de style, mais une sorte d'offensive contre cet occupant oppressif, rébarbatif, dictatorial, qui a spolié sa terre et l'a cloué sur une chaise roulante. Georges Habache, dans cette situation difficile, ne pouvait combattre son ennemi qu'à travers des mots justes qu'il semait à tout vent, une stratégie qu'il réglait personnellement pour sa formation et enfin une passion de nationaliste impénitent.
Il aimait communiquer. Je me rappelle de ces rencontres avec el-Hakim, en compagnie de feu Si Mohamed-Chérif Messaâdia et de l'incontournable Si Djelloul Mélaïka, celui qui s'est longuement dépensé avec les «Mouvements de libération» qui luttaient pour leurs droits et leur souveraineté nationale. Il nous tenait jusqu'à une heure «impossible» de la nuit. Il nous communiquait ses sentiments, ses aspirations, ses espoirs et souvent ses déceptions...Il en avait, comme tous ceux qui vivent des situations pénibles.
Je me remémore également ces longues heures de débats, quand j'allais lui rendre visite chez lui, à Damas et à Amman. Il était toujours accueillant, affable. Il essayait de se lever pour me prendre dans ses bras, chaque fois que je frappais à sa porte...,mais en vain. Là, il se crispait, pris par cette hargne subite et cruelle du handicap qui le traumatisait, et se reprenait aussitôt, comme ces grands seigneurs qui montraient toujours de la contenance...,ce comportement noble et digne, même dans les moments difficiles.
Il était lucide. Il parlait bien, il me subjuguait par son style clair, par son arabe percutant, par ses tournures chatoyantes. Il savait retenir le souffle de son interlocuteur, parce qu'il allait au fond des choses. La Palestine, Israël, les Nations unies, les Américains, l'Europe, le droit au retour des Palestiniens dans leur territoire, le Monde arabe, ses soutiens, ses alliances, ses défections, les nouvelles situations qui s'imposaient dans la région, l'excès de slogans, le travail irrationnel des nôtres et la vision étriquée de ce panarabisme et de ce panislamisme, ces deux grandes options qui ne peuvent se réaliser dans l'empirisme et l'utopie...,tous ces sujets nous retenaient pendant longtemps autour d'un interminable café parfumé à la cardamone. Le Dr Georges Habache me disait un jour, en son bureau à Damas, un bureau où je sentais ce parfum de la terre palestinienne, parce que trop d'objets étaient là, partout, accrochés aux murs, sur les tables, sur les commodes et sur de petits guéridons..., il me disait, concernant notre unité qui le tenait à coeur: «Une démarche pour l'unité du Monde arabe n'a jamais été entreprise, malheureusement! C'est pour cela qu'il faut écarter les outrances du passé, bannir les préjugés et foncer honnêtement et surtout courageusement vers la construction de cette unité qui sera une arme efficace pour notre développement et l'arme redoutable qui fera notre respect dans le concert des nations». Le Docteur parlait avec son coeur. Il s'exprimait dans la langue des visionnaires qui ne désespéraient pas de voir un jour ce monde revenir aux premières loges du progrès et, pourquoi pas, rayonner sur le monde -à travers sa culture-, comme il l'a fait dans le passé. «Ainsi, m'expliquait-il souvent, nous saurons le chemin qui nous reste à parcourir et, nécessairement, nous ferons la différence entre les grandes périodes de notre Histoire et par-delà, et au regard des crises qui se succèdent et de l'irréversible déclin lié à l'incapacité de nos différentes "Directions", au cours de ces dernières décennies, à leur manque de perspicacité et d'audace, nous n'aurons pas le droit de faire l'amalgame et surtout d'occulter une longue période de combat qui allait connaître la réussite s'il n'y avait de la confusion et ce manque de courage.»
C'était cela, Georges Habache, un homme simple, humble, respectable, reconnaissant. Je terminerai cet hommage sincère avec ce dernier qualificatif: la reconnaissance. Il était, que Dieu l'accueille dans Son Vaste Paradis, très reconnaissant avec ceux qu'il a connus et approchés. Je me rappelle quand, en ce 4 juin 2002, j'avais ouvert un registre de condoléances à l'ambassade d'Algérie à Damas après le décès de Messaâdia, le Docteur s'est déplacé de Amman avec tous les responsables politiques de son organisation. Et, une fois au siège de la chancellerie, il a demandé à ses accompagnateurs de le mettre «debout» pour saluer l'emblème national algérien et mettre une gerbe de fleurs devant la photo du défunt. C'était un moment pathétique que j'ai vécu ce jour-là, vraiment! Ainsi, très difficilement, aidé par son courage et sa foi, il s'est maintenu droit, retenu péniblement par les siens, pendant une bonne minute...,le temps de dire une prière...
Voilà ce qu'était le Dr Gorges Habache, ce dirigeant que j'ai bien connu à Alger, mais beaucoup plus pendant mon séjour au Moyen-Orient. Ce papier, écrit à la hâte, en cette triste circonstance, est beaucoup plus un hommage à l'Homme de principe et au combattant qui a laissé un pays et un peuple en plein mouvement, qu'un concert de louanges où il faudrait avoir, en le rédigeant, plus d'égards au style et à la syntaxe.
Dors en paix mon frère Georges! Tu as laissé un pays et un peuple qui réussiront, malgré le temps et la complexité de leur combat. Tu as laissé des traditions de lutte, celles qui ont animé les jeunes de Deir Yassine et de Kafr Qassem, celles qui ont lancé d'autres jeunes dans l'impétuosité de la fameuse bataille d'El Karameh, et enfin, celles qui ont engagé «les enfants de la pierre», la plupart, des écoliers, dans l'Intifadha qui défie les chars et les grandes stratégies...Oui, dors en paix, à côté de ces milliers de martyrs et de ceux que tu as longtemps côtoyés, les Abou Ayad, Abou Djihad, Abou Lotf et Abou Ammar, notre grand frère qui nous a quittés dans des circonstances douloureuses, au moment où la Palestine avait encore besoin de lui. Dors en paix et profite de cet espace frais et serein, parce qu'arrosé du sang des meilleurs enfants de la Palestine qui, demain, à l'heure du jugement, crieront en choeur: «Nous n'avons fait que notre devoir!»
(*) Ancien ministre et ex-ambassadeur


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