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Il était une fois la lettre manuscrite
LE «CLIC» L'A COMPLÈTEMENT ENGLOUTIE
Publié dans L'Expression le 07 - 10 - 2008

Mon frère me demandait de ne plus lui adresser de lettres imprimées. Il ne ressentait nullement, disait-il, la fibre fraternelle qui nous liait. Il voulait que je prenne à chaque fois ma «plume sergent-major» pour coucher sur du papier blanc mes salutations.
«Je vous écris ces quelques lignes pour vous faire savoir que je suis en bonne santé et j'espère que ma lettre vous trouvera de même...» Ces quelques lignes...on ne les écrit plus et on n'en reçoit plus. Où sont donc les Lettres Persanes de Montesquieu dont on nous a gargarisés, ou les correspondances de Mme de Sévigné qui ont bercé notre jeunesse? On n'en veut pas tant, mais on est en droit de se demander ce que sont devenus nos réflexes épistolaires d'antan. Eh bien, ils ont été happés par la modernité qui aligne de nombreux autres moyens plus sophistiqués les uns que les autres pour communiquer rapidement mais sans laisser «d'empreinte humaine».
Le «clic» a englouti cet art méconnu même par ses propres auteurs qui écrivaient de façon naturelle. Que ce soit sur un mobile, pour envoyer un SMS (Small Message Service) et pardon, en abrégé parfois à deviner selon...ou sur un clavier d'Internet et même par fax tiens! Pour la moindre occasion, le mobile est là aujourd'hui pour appeler, envoyer un message, faire une commande, demander un renseignement... et j'en passe. Jusqu'où nous mènera la technologie de la communication? Mais est-ce cela, la communication humaine?
En parallèle, l'Internet fait des siennes en vous joignant instantanément avec votre interlocuteur ou plutôt votre semblant de correspondant «par écrit». Il est virtuel. Il est vrai que la lettre électronique constitue (enfin) la solution au «timing» serré qui nous presse, aux embouteillages pour se rendre à la poste, trouver une place pour garer sa voiture, puis faire une «chaîne» interminable devant le guichet...Ensuite demander le bordereau à remplir pour une lettre recommandée, se pousser pour écrire à même le guichet, et se glisser à nouveau entre deux clients qui vous regardent de travers, pour le joindre à la lettre à envoyer...bref l'enfer! Donc, admettons quand-même que la lettre électronique est un procédé génial surtout lorsqu'on s'aperçoit que c'est aujourd'hui le dernier jour pour envoyer sa lettre recommandée.
Hélas, ni le timbre de la voix ni l'empreinte de l'écrit ne sont là pour vivre le dialogue et le sentir vibrer dans ses tripes quand on écrit à la main. Récemment, je recevais une missive de mon frère qui vit «là-bas». Il me demandait de ne plus lui adresser de lettres imprimées, ni dactylographiées, ni par Internet.
Il ne ressentait nullement, disait-il, la fibre fraternelle qui nous liait. L'écriture imprimée était devenue agressive pour lui. Il voulait que je prenne à chaque fois ma «plume» pour coucher sur du papier blanc mes salutations et les nouvelles qu'il aimait tant lire en «entendant», au fond de son imaginaire, les fibres auditives de ma voix! Pour appuyer ses «desiderata», il m'expliquait que cette formule le rapprochait plus de moi et de la famille. Cela lui rappelait, disait-il encore, la plume «sergent-major» que nous trempions dans le liquide violet de l'encrier blanc, que nous utilisions tous deux pour faire ensemble, sur une «meïda», nos devoirs de classe...
Ce ne sont là que des anecdotes anciennes ressenties qu'il relatait à son frère très proche de lui. Elles ressemblent à beaucoup d'autres historiettes qui remuent le passé des générations précédentes bouleversées par la «hight tech» qui les fait, hélas, s'éloigner des choses simples de la vie.
Il est agréable de se souvenir, pour la petite histoire, que le facteur, cet homme magique, vêtu d'un uniforme couleur kaki, arborant une casquette à visière ou parfois une chéchia «tarbouche» ou «stambul» d'un rouge vermeil, arrivait en conquérant dans les ruelles étroites de la Casbah. Il ne pouvait être porteur que de bonnes nouvelles aux habitants de la Citadelle! Leurs demeures étant dépourvues de boîtes aux lettres, il appelait naguère, de vive voix, les noms des heureux destinataires sur le seuil de la «skifa». Il était attendu comme le «messie». Et nous, tout jeunes encore, étions sollicités pour «déchiffrer» le message manuscrit de façon souvent bien maladroite. Entourés par nos aînés, pour la plupart illettrés, des savants nous étions alors, avec nos bagages scolaires élémentaires, imbus d'une fierté enfantine que nous entretenions habilement avec une arrière-pensée de remise d'une pièce ou d'un gâteau à la fin de l'épreuve. C'est pour dire combien une «lettre» avait alors une âme. Elle était attendue, espérée, désirée, convoitée même, allais-je dire. Son arrivée était un événement dans la famille et chez les voisins aussi.
A ces derniers, on communiquait, avec une frime mal dissimulée, les bonnes nouvelles transmises en prenant soin de cacher les mauvaises qui pouvaient parfois provoquer chez eux une réaction teintée d'ironie narquoise souvent mal déguisée. Tout ce ressentiment apparaissait déjà à la vue de l'adresse écrite sur l'enveloppe avec une main hésitante et par le timbre postal aux significations mystérieuses de par ses couleurs, dessins ou effigies «intraduisibles» pour nombre de destinataires. Pour certains d'entre nous, très peu du reste, c'était une occasion pour quémander l'estampille et penser à la conserver pour une hypothétique collection. Les moins jeunes, déjà lycéens ou collégiens, tournoyaient autour du facteur pour distinguer dans la liasse de lettres tenues à la main, une couleur bleue, rose, mauve...d'une lettre venue de France, d'Angleterre ou même d'ailleurs.
Elles étaient écrites par leurs correspondantes dans un français aussi branlant que le nôtre pour échanger avec eux moult événements, goûts, musique, photos d'acteurs et actrices, chanteurs et crooners, ou également celles de stars du football...et parfois même des confidences juvéniles que l'on relatait avec vantardise à tous les copains, mais un à un, avec un semblant de «secret» empreint de confidentialité entretenue.
L'autre «petite histoire» concerne bien sûr, la réponse à la fameuse «lettre» reçue le matin dans la bâtisse où nous vivions. «Krimou», ce soir tu viens à la maison pour écrire une lettre à «Didek Ali», hélait en ma direction «Khalti» Yamina ou «‘Ammi» Youssef. Quelle aubaine, pensais-je alors! De la «gazouze» à volonté, des gâteaux, peut-être même au miel, et encore une autre occasion pour faire le «zazou» avec mon abécédaire d'un français chaotique, acquis à l'arraché, à l'école communale coloniale.
La lecture d'un roman, même policier ou d'aventures, ou d'un livre classique (!) a disparu également de nos jours avec l'avènement de la télévision et sa parabole «diabolique», la vidéo, le compact disc (CD), qui ont aussi ravi la vedette au cinéma qui, jadis, faisait le bonheur de certains. Un livre à la main, sur un banc, dans un jardin public...ou encore dans le bus le long d'un long trajet, tout ça c'est du passé lointain ou une image d'Epinal.
Plus rien à lire, rien n'intéresse plus personne, c'est la vie au jour le jour qui nous tire, qui nous tire...mais vers où donc?
Cependant les chiffre sont là. Près de 3 millions (2.961.658) de lettres manuscrites ont été triées au cours du second trimestre 2008 par le nouveau centre de tri d'Algérie Poste de Birtouta (Alger) qui n'a ouvert ses portes que le 05 janvier dernier.
Approché par L'Expression, Toufik Mesbah, directeur du centre, qui nous a communiqué ces chiffres, a estimé que c'est là une «bonne moyenne» en cette «année charnière qui a vu le tri passer du stade traditionnel manuel à une mécanisation qui repose sur une technologie avancée mise en place par Algérie Poste. Actuellement, a-t-il précisé, 300.000 lettres, tous types confondus, sont triées quotidiennement et nous comptons aller encore plus loin et plus efficacement dans le tri lors du troisième trimestre.» La lettre manuscrite vit-elle ses derniers jours? Ces chiffres semblent dire le contraire mais comment, et qui, peut arrêter le progrès, sommes-nous en droit de nous demander.


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