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Le cinéma algérien à l'heure du terrorisme
MIROIR BRISE
Publié dans L'Expression le 06 - 09 - 2001

Après la Guerre de Libération, la révolution sociale, l'exode rural, la colonisation culturelle et les événements d'Octobre, les cinéastes algériens ont choisi un nouveau thème pour illustrer leurs images blanches du futur: le terrorisme.
Ainsi, le terrorisme est devenu un sujet en vogue qui fait vendre et que nos réalisateurs s'appliquent à mettre en synopsis pour convaincre d'éventuels producteurs, en particulier européens, beaucoup plus réceptifs à la situation critique en Algérie.
Il faut dire qu'avec la crise profonde que vit actuellement le cinéma algérien, il est tout à fait normal, voire logique, que des cinéastes algériens cherchent des fonds ailleurs pour mettre en boîte leur entreprise.
Certains n'hésitent pas, pour cela, à charger leurs oeuvres de disparités et de contradictions pour faire accepter leur produit.
Pour les années 2000 et 2001, plus de cinq films traitant du terrorisme ont été réalisés par des réalisateurs algériens et produits par des producteurs européens et en particulier français. Certains de ces films sont déjà sortis, d'autres en post-production, alors que d'autres encore sont au stade de pré-production.
Le terrorisme est devenu un sujet qui fait vendre
Le plus important pour ces cinéastes, à la recherche de notoriété internationale, c'est de réaliser leur film dans un «huis clos» total. Ainsi, le scénario est tenu secret jusqu'au dernier coup de clap. Les journalistes avides d'informations sont tenus à l'écart, et le lieu et la durée du tournage font toujours partie du domaine de l'inconnu. Certaines scènes jugées explosives, mettant en action des attentats ou la présence des forces de l'ordre, sont même tournées au Maroc ou en Tunisie, pour justifier le décor algérien, comme ce fut le cas pour le film de Nadir Moknache dans Harem de Mme Osmane.
Mais le terrorisme fait-il réellement recette ou est-ce simplement un sujet à la mode?
Le premier à avoir eu le courage de ses idées et sensibilisé au sujet est l'Egyptien Nadir Djallal avec son film El-Irhabi (le terroriste), mettant en vedette l'inamovible Adel Imam. Inspiré d'un roman de Lenine Khouri, le film raconte les tribulations d'un terroriste qui est hébergé par la fille d'un intellectuel qu'il avait pour mission de tuer.
A l'époque, en 1996, le terrorisme battait son plein en Algérie, et l'Entv, dans sa lutte idéologique pour combattre le terrorisme, avait mis le paquet en achetant les droits de diffusion, alors que le film battait tous les records d'entrées dans les salles en Egypte.
L'Unique était, d'ailleurs, la première télévision arabe à diffuser le film sur son petit écran, avant même la télévision d'Etat égyptienne.
Avec la montée alarmante du terrorisme et surtout l'assassinat en série d'intellectuels et d'artistes, les cinéastes algériens ont pris conscience que le sujet prenait une place prépondérante dans l'univers quotidien des Algériens.
Mais avec la peur au ventre, personne n'osait ouvertement parler du sujet. Mais, même en évitant le thème du terrorisme, nos réalisateurs étaient considérés comme des cibles vivantes. Le premier à être touché par la horde terroriste fut Djamel Fezzaz, le réalisateur du célèbre feuilleton El-Massir, qui échappe de justesse à un attentat à Bab El-Oued. Une balle, qui lui était destinée, avait traversé son visage.
Même en évitant le thème, nos réalisateurs étaient des cibles vivantes
En revanche, le cinéaste Ali Tenkhi, réalisateur du très courageux Papillon ne volera plus, n'a pas eu la même chance et fut assassiné devant son immeuble, alors qu'il descendait les ordures.
Cet assassinat a jeté l'émoi et l'amertume sur la profession, qui commençait à douter de l'avenir du 7e Art, surtout que réalisateurs et techniciens se sont retrouvés au chômage, à la suite de la dissolution de l'Enpa et du Caaic, principaux vecteurs de l'industrie cinématographique dans le pays.
Cette situation critique a poussé certains cinéastes à s'exiler, alors que d'autres ont préféré affronter le danger avec leurs idées et parfois leurs images. Avant de s'attaquer au thème du terrorisme, les cinéastes algériens ont dû s'intéresser à l'intégrisme.
C'est Mohamed Chouikh, réalisateur de La Citadelle, qui osa le premier dénoncer la montée de l'intégrisme. D'abord, avec Youcef, la légende du septième dormant où il retrace furtivement un fait réel, qui s'est produit à Ouargla où une attaque intégriste contre la maison d'une femme vivant seule a provoqué l'incendie de sa demeure et la mort de son enfant.
Dans son troisième film L'arche du désert, le réalisateur évoque indirectement les massacres collectifs d'innocents que connaissait à l'époque le pays.
Hafsa Zinaï Koudil, la célèbre écrivain, tente, à son tour, sa première expérience cinématographique en s'attaquant à l'intégrisme religieux rampant. Dans son film Le démon au féminin, elle revient au phénomène du charlatanisme à la sauce islamiste. Elle raconte l'histoire véridique d'un frère obnubilé par le courant islamiste qui entraîna sa soeur à la mort, en lui faisant subir un exorcisme pour lui extirper ses idées trop occidentales.
Le film déclencha une véritable polémique au sein du courant islamiste, ce qui obligea le cinéaste à s'exiler pour quelques années en Tunisie.
Autre cinéaste à toucher au terrorisme par le biais de l'intégrisme, Merzak Allouache. Le réalisateur de Omar Gatlato, qui n'a pas confirmé son statut de révélation des années 70, a baissé rideau après l'échec de L'homme qui regardait par les fenêtres et Un amour à Paris.
Avec l'avènement de la démocratie et après les événements d'Octobre 88, Merzak Allouache s'est refait une nouvelle santé cinématographique et a multiplié les réalisations.
D'abord, Bab El-Oued City, considéré par les critiques comme le Omar Gatlato 2 et où il mettra à nu les origines de la montée de l'intégrisme et l'installation du terrorisme.
Dans son film suivant, Salut Cousin, Merzak Allouache s'attaque au sujet sous un autre angle de vue et plus précisément celle de la France et des Juifs pieds-noirs.
Avec L'autre monde, son dernier film qu'il avait intitulé Journal de Yasmina, en référence à une nouvelle d'une jeune fille juive à Cracovie, en Pologne, et qui fuyait l'extermination nazie. Le titre a été changé par la production française qui le jugea péjoratif. Dans ce film, Merzak Allouache est allé directement au sujet, sur les conseils de sa production. Ainsi, il raconte l'histoire de Yasmina, une jeune fille qui vient en Algérie pour retrouver son idylle et qui se trouve entraînée dans la tourmente algérienne. Avec ce film, l'auteur de l'inaperçu Alger-Beyrouth est sûr de recevoir la palme du risque, puisqu'il réalisa le film en grande partie en Algérie. Le réalisateur saute sur un sujet qui a été déjà exploité par Alexandre Arcady dans Là-bas mon pays, et qui n'a pas reçu l'accueil escompté en France. Actuellement, c'est la femme du réalisateur Mohamed Chouikh, Amina, qui se penche sur le sujet du terrorisme. Avec sa première oeuvre en tant que réalisatrice (alors qu'elle a passé l'essentiel de vie sur les tables de montage pour donner vie et forme aux films des autres), son film Rachida raconte, à travers la carrière d'une enseignante, le tourbillon de la violence en Algérie. La réalisatrice, qui vient de terminer le tournage de son film à Sidi Fredj dans un ancien village colonial, est partie en France pour entamer le montage de son oeuvre.
D'autres réalisateurs se sont intéressés à la situation sécuritaire en Algérie et ont tenté de récupérer le sujet à leur profit.
C'est le cas, notamment, de Karim Tradia, qui a entamé une carrière cinématographique timide en Algérie et qui est parti en Hollande (Pays-Bas) chercher la notoriété et la consécration tant attendues.
Un but qu'il a d'ailleurs atteint en partie, en mettant en scène un film sur les conditions de travail des journalistes algériens, intitulé Les diseurs de vérité. Un film qui s'attaque, en même temps, au pouvoir et aux islamistes, ce qui explique son absence de la scène culturelle et cinématographique algérienne.
Le thème du terrorisme, qui est devenu par la force des choses très attractif, pousse d'autres réalisateurs à exploiter ce filon.
C'est le cas, notamment, de Bachir Derraïs, ancien cosociétaire de CMS, la maison de distribution de films en 35 mm, qui, après quelques apparitions dans les films d'Arcady, d'Allouache et de Benguigui, se découvre une nouvelle vocation, celle de metteur en scène.
Pour ce genre de thème, les producteurs ne cherchent pas la touche de l'artiste
Sans expérience et sans formation, l'homme, qui réussit à ramener des cinéastes français et leurs films pour animer la scène culturelle algérienne, voit ses efforts récompensés, avec la réalisation d'un film sur le terrorisme en Algérie.
Il faut dire que pour ce genre de thème, les producteurs ne cherchent pas la touche de l'artiste, mais seulement l'impact du sujet sur l'actualité cinématographique. Ce qui explique la ruée des réalisateurs algériens sans réelles capacités créatives pour ce genre de thème.
Avec les documentaires de Belkacem Hadjadj et de Kamel Dehane, les films satiriques de Zemmouri et l'artillerie littéraire de Souaïdia, Samraoui et autres Yous Nasroullah, le thème récurrent du terrorisme en Algérie a de beaux jours devant lui en attendant que le coeur ait sa victoire sur la raison.


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