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«La télévision et le cinéma sont des armes politiques…»
ENTRETIEN AVEC AZOUZ BEGAG
Publié dans L'Expression le 14 - 01 - 2009

Invité d'honneur à cette manifestation dédiée au 7e art, qui se tient actuellement jusqu'au 15 janvier, à Sidi Bel Abbès, c'est un Azouz Begag jovial, généreux et très drôle que nous avons rencontré.
Sa communication à la table ronde, portant autour du thème de «l'adaptation à l'écran» a été tout simplement magistrale. Elle fut animée, entre autres, par l'écrivaine native de Sidi Bel Abbès Maïssa Bey, l'universitaire Hanane El Bachir qui prépare une thèse depuis dix ans autour de l'oeuvre Le Gone du Chaâba. Coordonnée par la chercheuse et poète Daniele Maoudj, moitié kabyle, moitié corse, cette rencontre s'interrogera à bon escient sur la confiance qu'on doit donner ou non aux mots et, a contrario, à l'image dans ce processus de (re)création. Loin du discours rébarbatif des politiciens mais ce fut un véritable show qui nous fait dire que Azouz Begag a raté sa vocation de comédien. L'ancien ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, qui est aussi écrivain et chercheur français en économie et sociologie au Cnrs, nous a donné une belle leçon sur l'amour des mots et de l'image. Car tout le monde a en mémoire son livre autobiographique Le Gone du Chaâba, adapté à l'écran par Christophe Rugia. Nous avons rencontré ce monsieur bourré de talent et d'humanité, à son arrivée, et il a consenti à répondre à nos questions, avec un large sourire...
L'Expression: Votre sentiment quant à votre participation à ce festival?
Azouz Begag: C'est la première fois que je viens à Sidi Bel Abbès, que je viens en Oranie. Et c'est la première fois que je viens en Algérie en hiver. Je suis très heureux de participer à ce festival de cinéma parce que derrière, il y a une équipe très dynamique, très généreuse, qui essaie de faire connaître son cinéma amazigh et qui n'hésite devant aucun obstacle, avec des moyens pas toujours évidents. Je suis vraiment très fier d'avoir pu, aujourd'hui, être à Sidi Bel Abbès et participer à l'ouverture du festival.
Justement, vous portez plusieurs casquettes. Et votre livre, le Gone du Chaâba a été adapté à l'écran, thème d'une table ronde que vous avez animée avec brio?
Oui, je suis un écrivain, un cinéaste, un homme politique, je suis même un scientifique. Je trouve que la meilleure façon de parler au peuple de ses problèmes, de ses histoires et de ses rêves, beaucoup plus que de littérature, c'est le cinéma qui le permet. Voila pourquoi je suis encore plus heureux d'être ici. Parce que le cinéma est un art populaire qui est accessible à tout le monde. Je crois que durant 5 jours, nous allons voir de très bons films, nous allons rencontrer des jeunes Algériens qui vont peut-être, à leur tour, découvrir la magie du cinéma et devenir dans quelques années des cinéastes, pour faire de l'école du cinéma algérien, une Ecole solide, qui aura une grande ouverture sur le monde...
Quand on écrit, vous savez, on a les yeux fermés, c'est le stylo qui parle. Au cinéma, on ouvre les yeux. Je rêve de faire un film, en tant que cinéaste, mais sans dialogues. Je suis un écrivain frustré, car je suis né dans un bidonville, à Lyon, de parents analphabètes. J'ai besoin que des parents comme ceux-là, pauvres, puissent lire le livre. J'ai besoin avec l'écriture, de faire une action politique. La lecture c'est la première pierre pour un enfant dans l'élaboration de sa personnalité. Elle contribue à forger son sens critique. Le pouvoir du roman est la parole. Avec le cinéma, il faut oublier tout ce que j'ai dit. C'est la puissance de l'image qui doit remplacer le dialogue. C'est une souffrance pour un écrivain qui voit ses livres à l'écran, une sorte d'amputation de soi-même. Ce n'est pas mon roman mais une autre oeuvre. Dans le Gone du Chaâba, la relation entre l'écriture et l'image a bien fonctionné. Comment ce travail d'écriture est devenu un travail d'acteur...
Le Festival du film amazigh se tient à un moment difficile et douloureux, au moment où le peuple palestinien tombe sous les bombes. Un mot sur cet hommage que le festival rend au peuple de Ghaza et votre sentiment en tant qu'homme politique mais de culture aussi...
Le plus important, je trouve que la rue arabe, dans tous les pays arabes, manifeste son mécontentement, sa colère pour dire que ce huis clos organisé, ce massacre de civils palestiniens, qui est organisé à huis clos, hors de toutes les caméras du monde est absolument intolérable, non seulement pour les peuples arabes mais pour tous les gens de la planète Terre qui aiment la politique démocrate, le respect, la tolérance, la politique de courtoisie. C'est vraiment incroyable ce qui se passe aujourd'hui. Hélas! cela ne fera qu'augmenter les haines entre juifs et musulmans. Cela ne peut aboutir à rien qui soit humain, seulement à plus de violence. Aujourd'hui, à Paris, il y avait plusieurs dizaines de milliers de manifestants pour dire non à ces massacres et oui à la démocratie. Demain, il y aura 100.000 et après 300.000.
Tout cela parce qu'il y aura des réveils de conscience, de plus en plus nombreux à travers le monde, pour dire non à la loi du plus fort, du plus riche, à la loi du plus puissant. C'est aujourd'hui un bon signe démocrate. Ce qui est vraiment regrettable, c'est de voir les dirigeants arabes continuer à ne faire que parler. Ils parlent simplement, alors que tous les jours, il y a des civils qui meurent sous nos yeux, des assassinats politiques. Cela aussi, c'est intolérable. Parce que, derrière, la rue arabe est en train de gronder, de bouillonner, sur ces questions de l'injustice. Je ne sais pas à quoi cela nous mènera.
Que pourriez-vous justement dire sur le pouvoir de l'image dans la dénonciation de ces guerres, alors que nous sommes dans un festival qui donne la part belle à l'image.
La télévision et le cinéma en général sont des armes politiques. Voila pourquoi j'entends souvent des Arabes ou des musulmans se plaindre. La façon de les traiter leur est défavorable. Je leur dis: c'est aussi de votre faute. Vous n'avez qu'à prendre en main votre destin. Faites en sorte, avec vos dirigeants, que cet outil que sont la télévision et le cinéma, soit le vôtre et travaillez au lieu de dénoncer le fait que les autres ont trop de puissance. A vous de travailler pour en avoir vous aussi et pour vous défendre. Ce n'est pas une bonne position de tout dénoncer. Parfois, c'est bon de se dénoncer soi-même. C'est dire que ce qui se passe aujourd'hui, nous en sommes responsables. C'est aussi la façon dont je vois ce festival. Tous les dirigeants qui sont vraiment actifs et dynamiques, qu'ils se prennent en charge. Ils veulent faire un cinéma qui dure, qu'il soit intelligent et dynamique, ils le font malgré les difficultés mais ils font quelque chose! Voila le message que le Festival du film amazigh doit faire passer.
Que devient aujourd'hui monsieur Azouz Begag?
Azouz Begag est heureux, Ça va. Il travaille, il fait des films. Il écrit des livres. Je suis en train de préparer un très grand film à Paris, en tant que scénariste. Je viens de sortir un livre qui s'appelle, Dites-moi bonjour, un conte philosophique. Il sort mercredi à Paris (aujourd'hui Ndlr). Je voyage beaucoup. Je viens de passer trois mois à l'université de Los Angeles comme visiting professor et je continue comme ça mon chemin pour essayer de laisser à nos enfants un héritage qui soit digne de celui que nos parents nous ont laissé.
La politique ne vous manque-t-elle pas?
Non. Parce que je suis toujours en contact avec Dominique de Villepin qui était mon Premier ministre et je considère que c'est avec lui que je vais faire encore de la politique dans les trois ou quatre années à venir, avant les élections présidentielles de 2012. Je serai là!


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