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Sur le chemin éclairé de Cheikh Kaddour Benachour
CHEIKH GHAFFOUR
Publié dans L'Expression le 08 - 09 - 2001

C'est dans la ville de Nédroma qu'est né en 1930 Cheikh Mohamed Ghaffour. Ce musicien de talent est venu avec sa voix, son chant puisé dans le répertoire des vieux poètes - musiciens de la région, Ben M'saïb, Ben Sahla, Cheikh Rémaoun, Kaddour Benachour et tant d'autres donner un souffle nouveau à la musique populaire algérienne.
Il fut durant sa carrière ce mélomane qui n'a jamais rêvé d'être un grand chanteur. Cependant le destin a fait qu'il le sera malgré lui, la période post-indépendance. Il avait comme le sentiment de vouloir, comme dans une sorte d'élan nationaliste porté sur la culture, apporter quelque peu sa contribution à ce qui était à l'époque un credo pour les intellectuels et les artistes, à savoir la renaissance de la culture algérienne. Il fut pour cela encouragé par des mélomanes connus à Nédroma dont la regretté instituteur Si Mohamed Bouri...
Certes, dans cette entreprise de relance de la musique dans cette vieille cité, Cheikh Ghaffour n'était pas le seul. Il formait avec d'autres musiciens un groupe très homogène animé par le même élan, celui de servir l'art musical andalou et populaire avec son empreinte locale d'un goût artistique original. Le genre musical Nédromi est au carrefour de diverses influences musicales: andalou, gherbi, haouzi... dont la région de Tlemcen a été le terreau. Il est né du fait des échanges culturels que la population a entretenus de tous les temps avec les vieilles cités citadines de Tlemcen, Oujda, Fès et d'autres villes limitrophes appartenant à la même aire culturelle, à la même géopoètique et musicale et partageant de ce fait, les mêmes traditions de goût. Ghaffour possède un art aiguisé dans le chant populaire du genre andalou.
La nostalgie de la tarbiaâ, ce lieu central et symbolique
Nédroma, cette cité où les habitants sont de vieille souche berbéro-arabe était jusqu'à une certaine époque une ville très ouverte et combien accueillante pour les hommes de lettres et de l'art. Cheikh Larbi Bensari, le dernier grand templier et maître indiscutable de la musique andalouse dans la région et avant lui Cheikh Menouar Benatou y animait régulièrement des soirées à l'occasion de fêtes ou de rencontres d'esthètes et de mélomanes. Avec Si M'hamed Ben Rahal el Koumi (1858-1929) elle aura produit, rappelons-le, au début du siècle dernier, le premier homme politique algérien. Dans le chant de Cheikh Mohamed, il y a la nostalgie de la «tarbiaâ» ce lieu central et symbolique où se réunissaient chaque soir à l'ombre des mûriers les vieux citadins enturbannés de cette antique cité des potiers. C'est un endroit légendaire car il est chargé de souvenirs. C'est un lieu-dit. En tant que tel il est un témoin muet, dira un vieil instituteur, de la mémoire culturelle et politique de la vieille cité des Almohades. Ghaffour appartient à l'histoire culturelle et artistique moderne de Nédroma.
Le passé artistique récent de cette cité jamais plus grande qu'un gros bourg du fait de l'émigration constante de sa population est riche de grands noms de ses musiciens dont nous citerons parmi les plus prestigieux le poète-musicien Cheikh Rémaoun (m. en 1925), le grand poète mystique Cheikh Kadour Benachour (1850-1939), Driss Rahal (m. en 1955) Cheikh Ramdani, Ahmed Hassouna dit Ghomari plus connu sous le nom de Cheikh Ahmed Nédromi enfin Cheikh Ghenim Mohamed dit Nekkache décédé en 1986 à l'âge de 84 ans. Ce dernier n'est en effet autre que le maître de notre musicien Cheikh Mohamed Ghaffour au phrasé musical pur. Cheikh Nekkache est resté aux yeux de ceux qui l'ont connu une figure emblématique de la musique andalouse.
Il a chanté tels «ya oualfi Mériem», «Ya layam» de Kaddour Benachour et surtout de poètes populaires marocains dont les oeuvres poético-musicales sont considérées comme des classiques dans le genre dit «gherbi» telles «el kaoui», «el maknassia», «dif Allah»... Le genre «gherbi» est, rappelons-le, très proche de la musique de l'école de Tlemcen.
Il est ainsi au carrefour de la musique algérienne et de la poésie chantée marocaine du genre «malhoun», des aèdes populaires (meddah), Masmoudi, élève du poète tlemcénien Saïd el Mandassi (16e siècle), Maghraoui Kaddour el Alami, Benali Ould R'zine, Djilali M'tired, Driss el Alami...
Un disciple éclairé de Cheikh Kaddour Benachour
Cheikh Nekkache n'était aussi que l'élève du professeur Mohamed Bensmaine disciple au même titre que Cheikh larbi Bensari (1864-1964) du grand maître Cheikh Benchaâbane dit Boudelfa à Tlemcen. Mohamed Bensmaïne (m. en 1942), professeur d'arabe à Rabat puis à Oujda, avait fondé en 1921 dans cette dernière ville où de nombreux Algériens y trouveront refuge avant et pendant la colonisation, la première association artistique dénommée «El Andaloussia». Un Nédromi, Boumediène Rahal, interprète judiciaire, lui succédera plus tard à la tête de cette association. Mohamed Bensmaïne est l'auteur également de nombreux livres sur la poésie et la langue parlée au Maroc. Il fait partie avec Bénali Fekar, Ghouti Bouali, Abdelaziz Zenagui... de la lignée de ces intellectuels algériens qui ont énormément oeuvré dans le domaine de l'étude des langues parlées au Maroc et en Algérie... Il devait au début du siècle dernier entreprendre avec le professeur et musicologue Si Ghouti Bouali enfin, Mostéfa Aboura un travail pionnier portant sur la codification et l'épuration des textes poétiques de la musique andalouse.
Cheikh Abdelkrim Dali aura été très proche un moment de Cheikh Mohamed Bensmaine et de sa troupe avec laquelle il participera à une tournée qu'elle effectuera en France en 1935. Parmi les autres élèves de cette association placée sous la houlette de l'intellectuel et homme d'art Mohamed Bensmaine, nous citerons Cheikh Abdelkader Belhadji, Salah Benchaâbane, Ourad Boumediène, Benyounès Bouchenak, Cheikh Brahim, Moulay el Habib... Ces musiciens ont été les vecteurs de cette culture médiane frontalière, son enrichissement et sa diffusion dans ses différents registres «haouzi», «malhoun» et surtout «gherbi». L'association «El Andaloussia», «Dar Es sebti», Sidi Yahia cette oasis avec ses sources fraîches et ses ombrages resteront longtemps dans la mémoire des musiciens algériens et marocains comme des lieux de rencontres et d'échanges enfin, des foyers où se sont tissés de nombreux liens et des grandes amitiés qui emplissent les souvenirs des mélomanes et de l'élite musicale de ces villes. Nous rappellerons par là les invitations fréquentes dont feront l'objet dans la ville frontalière d'Oujda les musiciens tels Driss Rahal, Cheikha Tetma qui séjournera longtemps à Fès, Lazaar Ben Dali Yahia, Omar Bekhchi, Ahmed Bensari dit Rédouane, Abdelkrim Dali...
Cheikh Mohamed en tant que Mouride (aspirant) est entré en retraite il y a déjà plus de dix années après une carrière musicale très riche. Il s'adonne aujourd'hui au soufisme dans la voie ou tariqa (Derqaouiya-Achouriya) tracée par le Charif Hassani Idrissi Cheikh Kadour Benachour Nédromi.
Il aura certes consacré une bonne partie de sa vie à faire connaître par la chanson et avec un savoir-faire artistique très raffiné, les oeuvres des grands poètes - musiciens de Nédroma, de Tlemcen, du Maroc et plus largement du Maghreb.


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