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La langue arabe face au syndrome du colonisé
Publié dans L'Expression le 04 - 03 - 2009

On ne peut pas reprocher au leader du MSP d'avoir de vagues notions de l'Histoire. Il lui aurait fallu la lire lui qui ne l'a pas vécue étant né en 1954.
La généralisation de la langue arabe dans notre pays fait partie des priorités de M.Bouguerra Soltani. Une forte indignation transparaît du constat qu'il fait de certains particularismes qui affectent une bonne partie de la société algérienne. «La langue est une idéologie!», tonne-t-il avant de poursuivre: «Je ne comprends pas qu'en 2009, 47 ans après l'Indépendance, des parents puissent encore s'exprimer en français avec leurs enfants. Les mêmes qui se ruent sur la bûche de Noël. Je ne comprends pas non plus comment certains, plus âgés, la soixantaine et plus n'aient pas appris durant tout ce temps, la langue arabe...» Une indignation qui, visiblement, lui fait perdre la pondération nécessaire à tout responsable politique pour appréhender correctement la complexité de ce problème d'identité à reconquérir.
Une indignation mal contenue au point de le mener dans la confusion des genres et au survol superficiel des causes et de leurs solutions. Quand on repose, calmement, la question de savoir quelle solution il préconise, M.Soltani répond qu'il faut revoir le système éducatif. Une réponse simple à un problème complexe. Pourquoi complexe? S'il est indéniable, comme il l'avance, que l'apprentissage de toute langue passe par l'école, il n'en demeure pas moins que cette vérité ne sera jamais à elle seule une solution miracle, ni unique solution pour une société comme la nôtre.
Une société qui a ses propres spécificités qu'il faut «aller chercher» dans son Histoire. Une Histoire qui ne ressemble à aucune autre. Si particulière qu'il est impossible de lui opposer des stéréotypes. Une histoire millénaire dont la partie la plus tragique remonte au début du XIXe siècle. Plus exactement avec la colonisation française. Durant un siècle et demi, les Algériens se sont vu refuser par l'occupant toute forme de scolarité. Face à cela et pour préserver leur identité et leurs valeurs, les Algériens se sont organisés, le plus souvent clandestinement, pour créer de petites structures en guise d'école. C'est ce qu'ils appelaient «M'cid El Louha». Traduction littérale «l'école de la planche». Pourquoi la planche? Tout simplement parce que c'était ce que le dénuement imposait en guise de «cahier».
Une planche qu'il fallait effacer aussitôt la leçon apprise pour pouvoir passer à la leçon suivante. Le «programme» ne comportait qu'une seule leçon: apprendre les versets du Coran. Voilà comment nos aïeuls se défendaient contre la déculturation programmée par le système colonial. Ils ont paré au plus pressé et ils ont très bien réussi. Si bien qu'aujourd'hui et après une si longue nuit coloniale, l'Islam est incontestablement la religion de tous les Algériens. En revanche, «l'école de la planche» ne pouvait enseigner aucune autre matière académique. Pas de science. Ni même le vulgaire «calcul» quand le monde était aux mathématiques. Ce fut ainsi jusqu'au début du XXe siècle où le colonialisme, pour donner du lest, ouvrit parcimonieusement les portes de l'école française à une infime partie des «indigènes» que nous étions. A l'Indépendance, ceux-ci représentaient le dixième de la population, tous paliers confondus.
Une vérité incontournable qui a contraint nos dirigeants de l'époque à faire appel à l'aide égyptienne pour assurer la première scolarité «normale» des enfants algériens. La première de toute leur histoire coloniale. Passons sur la qualité des enseignants, qui nous furent envoyés par Le Caire pour ne retenir que l'aspect symbolique de la naissance de l'éducation nationale en Algérie. Dans les conditions qui étaient celles de 1962, on ne pouvait espérer un résultat autre que celui dont fait le constat le leader du MSP. Même après 5 décennies.
Pour la bonne raison que nous sommes encore dans la phase de la «quantité» dont le déficit d'un siècle et demi est énorme. C'est peut-être à la phase «qualité» que pense M.Soltani quand il préconise qu«'il faut revoir le système éducatif». C'est bien mais insuffisant venant d'un responsable politique de si haut rang. Il est attendu de lui qu'il développe clairement les voies et moyens pour y parvenir. Le simple constat est à la portée de tout le monde. Quant aux 10% des Algériens qui, en 1962, avaient eu «la chance» d'accéder au système scolaire colonial auxquels M.Soltani reproche de n'avoir «toujours pas appris la langue arabe», il serait trop long, ici, de dire tout ce qui doit l'être à leur sujet.
Disons simplement que c'est parmi eux que le Mouvement nationaliste est né et lequel a conduit au déclenchement de la Révolution le 1er Novembre 1954. Disons aussi qu'une bonne partie d'entre eux ne sont plus de ce monde. Disons enfin que le principal souci aujourd'hui est la reconstruction du pays. Que celle-ci ne peut se faire qu'avec la jeunesse et non avec le troisième âge formé par ceux qui, des 10%, sont encore en vie.
On ne peut pas reprocher au leader du MSP d'avoir de vagues notions de l'Histoire. Il lui aurait fallu la lire lui qui ne l'a pas vécue étant né en 1954. C'est dire, pour la énième fois, toute l'urgence qu'il y a à écrire notre Histoire.
Pour comprendre la «ruée vers la bûche de Noël» que fustige à raison M.Soltani mais qui, à tort, l'attribue, par raccourci, à l'usage de la langue française. Le problème est aussi complexe que le «syndrome du colonisé» qu'a tenté d'expliquer le grand penseur algérien Malek Bennabi.


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