«Ils sont furieux, ils n'ont pas supporté la mort de leurs voisins, amis, cousins ou frères». Hier, en début d'après-midi, des adolescents du quartier de Souali-Kouider à Zéralda ont empêché la circulation des véhicules au niveau du carrefour menant à la gare routière. C'est aux environs de cette même gare que six jeunes de ce quartier ont été assassinés dans la soirée d'avant-hier. «Nous exigeons un barrage fixe à ce carrefour, sinon on ne bougera pas», répètent les jeunes. «Ces jeunes sont en colère, ils n'ont pas supporté la mort de leurs voisins, amis, cousins ou frères», confie un habitant du quartier qui surplombe le carrefour. Les rares voitures qui passent sont automatiquement la cible de pierres. A moins de cent mètres, les policiers observent la scène. «Nous n'avons pas reçu l'ordre d'intervenir», indique l'un des agents de la BMPJ. Des roseaux ont été enlevés par la police hier matin, afin de dégager l'endroit et le rendre plus «visible». «Ce tronçon de route est très fréquenté par des couples louches même en plein jour, nous ne pouvons plus sortir en famille, il faut que ça change», s'indigne un autre habitant du quartier, plus âgé que le premier. «Les terros sont venus le plus normalement du monde et sont repartis tout aussi tranquillement», dit le frère d'un des blessés lors de l'attentat d'avant-hier toujours dans un état comateux au CHU Mustapha-Bacha d'Alger. L'homme assure lui-même la sécurité devant chez lui. Une lourde tension règne. Les regards suspicieux fusent de toutes parts. «N'eût été notre présence tout de suite, il y aurait eu un carnage dans ce quartier», révèle ce policier en ajoutant: «Et maintenant on nous accuse d'avoir laissé s'enfuir les terroristes». «La houkouma nous a dit: ettafrat ( c'est cuit)», lance cet autre jeune dont le regard porte, toutes les appréhensions du monde.