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«Notre marché de travail est répulsif»
LE SOCIOLOGUE MUSETTE MOHAMMED SAIB À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 03 - 06 - 2009

Question centrale à réponses aussi multiples, variées que controversées, la problématique algérienne de la migration et du développement constitue un véritable casse-tête pour l'ensemble des responsables politiques. De nombreuses études ont été entamées sans pour autant aboutir aux résultats escomptés. Devant cette déficience, le Cread poursuit son programme de recherche sur la migration internationale avec un nouveau projet axé sur la contribution des migrants en Algérie. Contacté par L'Expression pour clarifier la situation, le sociologue Musette Mohammed Saïb, connu et reconnu dans son domaine, nous ouvre les portes du dialogue et répond à nos questions.
L'Expression: Un nouveau projet axé sur la contribution des migrants au développement, aussi bien de la diaspora algérienne à l'étranger que des étrangers en Algérie, est élaboré par le Cread. En quoi consiste au juste cette initiative?
M. Musette: L'idée du départ est en soi assez paradoxale. Plusieurs écoles s'opposent et s'affrontent sur les rapports entre la migration et le développement. Pour faire simple, prenons les deux écoles opposées: d'une part, il est dit qu'avec le développement du pays, la migration va s'estomper. C'est un peu ce qu'on dit à propos du codéveloppement à la française.
Si on développe les bassins de migrants, les gens ne vont plus tenter de partir.
D'autre part, il est dit que c'est la migration qui va amener le développement. Autrement dit, si on organise la migration des travailleurs, ils reviendront avec plus d'expérience, de savoir-faire, voire des capitaux qui par la suite boosteront le développement du pays d'origine.
Ce retour est parfois contesté, car très souvent les compétences qui partent ne prennent qu'un billet aller simple, en vendant tous leurs biens, voitures, maison et meuble...Entre ces deux écoles, il existe une troisième voie, une voie intermédiaire qu'on voudrait explorer. C'est celle du triple gagnant (Win win win): le migrant en premier, puis le pays d'accueil et ensuite le pays d'origine.
Le gain est ainsi partagé, mais ces transferts matériels et immatériels entre migrants et non migrants, entre le migrant et son pays d'accueil, et entre le migrant et son pays d'origine, empruntent des voies très mal définies. Nos regards vont être focalisés sur ces rapports. Notre problème se situe au niveau de la mesure de l'impact de la migration sur le développement économique et social. Pour l'Algérie, c'est l'étape zéro de la connaissance dans ce domaine. Même au niveau international, les experts avancent lentement dans la production d'une connaissance scientifique et objective, loin des discours de circonstance.
Plusieurs facteurs ont fait du cas algérien une exception africaine....
Trois facteurs contribuent à faire de cette expérience une exception africaine. Primo: du point de vue historique. Dès le lendemain de l'Indépendance, l'Algérie a mis en place un marché du travail régional, avec l'exportation de la main-d'oeuvre abondante et non qualifiée mais demandée par l'ex-puissance coloniale et avec l'importation d'une main-d'oeuvre qualifiée nécessaire pour la construction de l'économie et des institutions nationales.
Deuxio: l'Algérie est l'unique pays africain, à ma connaissance, à avoir adopté une politique de réinsertion de ses travailleurs migrants à l'étranger, malgré des résultats mitigés. Tertio: selon mes recherches, il n'existe pas de pays africain qui octroie un quota de sièges parlementaires à leurs ressortissants à l'étranger.
La situation présente mérite qu'on s'y attarde. L'Algérie importe de la main-d'oeuvre étrangère pour des gains de temps et de coûts dans la réalisation des grands travaux dans une conjoncture où le niveau du chômage reste important. Cette expérience mérite une évaluation approfondie.
La crise financière mondiale actuelle nous interpelle à plus d'un titre sur l'avenir des tendances récentes observées (baisse du chômage, de la pauvreté, retour des migrants, hausse des transferts...). Comment cette crise peut-elle nous être fatale?
Il faut rester très vigilant aux effets de cette crise sur les indicateurs de notre développement.
Nous ne sommes pas à l'abri des chocs exogènes. Le projet de création de 3 millions d'emplois nouveaux sera certainement révisé à la baisse. La migration est surtout le fait des couches moyennes, que ce soit pour le retour ou le départ. Les couches inférieures sombrent déjà dans une nouvelle pauvreté, même si elles ont un emploi. Les remous sur le front social sont un indicateur d'une lutte contre la paupérisation des salariés. Les transferts de fonds de l'étranger aussi risquent d'être ralentis. Au Maroc, on a observé déjà une baisse de 15% des transferts de la diaspora au premier trimestre 2009.
Le problème algérien de la migration et du développement est une question centrale aux réponses multiples. Selon vous, dans quel sens cette migration des Algériens affecte-t-elle le développement du pays?
Votre question prend déjà position: vous ne regardez que la migration des Algériens vers l'étranger. Or, il y a aussi la migration des étrangers vers l'Algérie, qui tend à devenir aussi un pays d'installation pour des migrants frontaliers et des Subsahariens. Nous avons aussi fait appel à des travailleurs étrangers pour la réalisation des grands projets qui sont restés en souffrance depuis des années.
Ces travailleurs migrants temporaires peuvent aussi s'installer en Algérie. C'est une éventualité qu'on ne peut occulter. Comme je l'ai déjà dit, nous ne sommes pas en mesure, à l'heure actuelle, d'évaluer l'impact de la migration internationale sur notre développement. C'est l'objectif même de ce nouveau projet. Pour notre émigration, on a toujours cru que les travailleurs migrants ne retournent au pays qu'à l'âge de la retraite.
C'est vrai partiellement. L'âge moyen des retours observés entre 1996 et 2006 était de 42 ans. C'est dire que les idées reçues ont une longue vie. On a toujours dit aussi que les Algériens n'effectuent que peu de transferts vers l'Algérie. Nos études ont démontré que 92% des Algériens apportent soit de l'argent, soit des biens ou encore des équipements en Algérie. Pour nous, l'essentiel, c'est l'apport de nos migrants au pays, au soulagement de la souffrance des leurs, la nature des circuits empruntés importe peu.
Le coeur de la problématique de la migration internationale, comme vous l'avez souligné lors de la tenue d'un atelier technique du Cread à Alger, se situe au niveau du marché du travail. Pouvez-vous être plus explicite?
Peut-on penser à la migration sans l'emploi? C'est vrai qu'actuellement la population migrante algérienne à l'étranger est constituée de plusieurs catégories sociales: femmes, enfants, personnes âgées, exilés, étudiants, mais la catégorie essentielle reste le migrant économique, le travailleur. Je reste convaincu que sans emploi il n'y aurait pas de migration internationale, certes, à l'exception des migrations forcées. Cette exception confirme la règle. Si vous savez qu'il n'existe aucune possibilité d'emploi, régulier ou irrégulier à l'étranger, allez-vous engager des ressources pour partir? Je ne pense pas.
Cette perspective d'emploi est déterminante dans la prise de décision du départ. La migration internationale s'imbrique ainsi dans le marché mondial du travail.
Les nouveaux départs sont généralement pour des motifs de mobilité professionnelle ascendante, dans un environnement propice à la méritocratie et avec un salaire décent. Il existe aussi un déterminant social. Il ne s'agit pas toujours d'une décision individualiste. Il y va de l'intérêt aussi de sa famille ou de ses enfants.
C'est une décision collective. Notre marché de travail fonctionne selon des mécanismes plutôt répulsifs, tandis que certains pays du Nord ont adopté des politiques attractives avec des offres alléchantes... qui ne sont pas toujours vraies d'ailleurs.
On connaît les déboires de certains de nos compatriotes à l'étranger. Le marché du travail des pays au nord de la Méditerranée s'organise aussi pour attirer les meilleurs des travailleurs avec la Carte Bleue.
Le mot de la fin...
C'est une nouvelle aventure pour notre équipe dans un environnement national et international très friand des bonnes pratiques observées dans les rapports entre migration et développement.
Toutes les agences des Nations unies et les organisations internationales sont mobilisées autour de cet axe de recherche.
Il est de notre devoir d'apporter notre contribution aussi modeste soit-elle, et surtout de bénéficier des savoirs produits dans ce domaine à l'échelle internationale.


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