Suite à l'initiative algérienne lors du sommet de l'Union africaine à Khartoum en janvier 2006, les ministres africains et européens examineront, dans la capitale libyenne, tous les aspects liés aux questions migratoires. La première conférence ministérielle Afrique-Union européenne sur la question de la migration et du développement s'est ouverte, hier à Tripoli, en présence d'une délégation algérienne conduite par Abdelkader Messahel. Plus de cinquante ministres des pays membres de l'Union africaine et de l'Union européenne ont entamé, hier, les travaux de cette rencontre. Cette importante réunion, la première du genre à ce niveau de représentation, traitera des multiples dimensions de la problématique de la migration et du développement. Elle devrait aboutir à l'adoption d'une déclaration, ainsi que d'un programme d'action. Pour rappel, cette conférence a été convoquée suite à une initiative de l'Algérie, lors du dernier sommet de l'Union africaine. L'Algérie avait insisté sur l'examen de la question de la migration, mettant en évidence le fait que “seul un partenariat véritable garantissant le développement du continent africain est de nature à enrayer les causes de ce phénomène”. La partie africaine avait, dans ce contexte, tenu une réunion à Alger au mois d'avril dernier, au cours de laquelle les experts de haut niveau ont élaboré la position africaine commune, fondée essentiellement sur le lien entre la migration et le développement. La déclaration élaborée à cette occasion, et approuvée par le sommet de l'Union africaine à Banjul (juillet 2006), a permis à l'Afrique de disposer, pour la première fois, d'une plate-forme commune d'action, de concertation et de dialogue avec le partenaire européen. Ainsi, le document en question a servi en tant que tel, durant le dialogue de haut niveau organisé sur le sujet par l'Assemblée générale des Nations unies au mois de septembre écoulé, a encore précisé la même source. À Tripoli, les participants des deux rives adopteront une déclaration conjointe qui couvrira tous les aspects des questions migratoires. Ce texte conviendra ainsi que “le contrôle de la migration illégale doit s'effectuer en commun”, et qu'il faut “renforcer le rôle des diasporas dans le développement” ou “faciliter les migrations temporaires saisonnières”. Il couvrira notamment les migrations légales et immigration clandestine, migrations et développement et protection des réfugiés, ainsi que les problématiques plus larges de la paix, de la sécurité et des droits de l'homme. La conférence adoptera également un plan d'action UA-UE sur la lutte contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants. Côté développement, le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a affirmé “l'engagement total de l'UE pour le développement en Afrique”. Selon lui, “l'UE accorde une grande importance aux approches régionales sur la migration”. Il y a lieu de s'attendre, donc, à un véritable partenariat dans le domaine entre les rives sud et nord de la Méditerranée, seul moyen pour trouver une solution efficace au problème de la migration. K. ABDELKAMEL