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Des yeux tournés vers un autre destin
TSERIEL OU LES YEUX DE FEU DE JAOUDET GASSOUMA
Publié dans L'Expression le 15 - 07 - 2009

Bniqa est une grand-mère désabusée et Tsériel sa petite-fille, âgée de sept ans, veut connaître le monde...
Mais ce ne sera pas tout à fait «les yeux de chat» de la fillette que l'on verra tout au long d'un récit qui se veut poétique mais qui volontairement force dans le scabreux détaillé, - ni même les yeux de Mina, la mère, la parturiente qui «avait pris cet amas de chair pour son bébé, le croyant mort-né» et qui «avait plongé après ce choc dans une perte de mémoire confusionnelle qui lui faisait prendre Titiss, son mari, pour son frère.» C'est là que le drame commence.
On verra surtout, évidemment, les yeux de Lydia, la fille de «la vieille Bniqa, matrone de hammam, si fière derrière son comptoir, faisant la pluie et le beau temps, forte de son expérience dans le ‘‘métier'', vendant de l'or sous le comptoir, gérant les mariages, fournissant les jeunes filles aux vieux gros, flirtant avec la mort.» On écoutera, comme la fillette Tsériel, la grand-mère raconter l'histoire de «sa fille perdue Lydia, la magnifique créature [...qui] avait acquis de l'entregent par la grâce de ses charmes, en oubliant vite fait d'être une autodidacte de l'amour tarifié. Aujourd'hui devenue la belle mademoiselle Mi-Noocha, un surnom aux références chinoises pour des raisons évidentes d'yeux bridés.» C'est là que le drame s'amplifie.
Telles sont, en quelque sorte, les prémisses de son roman fantastique intitulé Tsériel ou les yeux de feu (*) que Jaoudet Gassouma nous propose de lire. Il faudrait du courage, un coeur bien accroché et de la patience pour supporter les malheurs d'un monde tombé en déliquescence. Et nous le verrons avec les yeux pleins d'innocence et de tristesse de Tsériel dont la mémoire est quêteuse du passé et dont la volonté est orientée vers la critique prospective. La petite fille, traumatisée par «l'accident» de sa mère, Mina, veut remonter le temps, expliquer «le monde ancien» et analyser ses conséquences, - quelle est la consistance de cette mémoire que sa mère a perdue? C'est là que le drame s'insère dans l'allégorie.
En somme, l'histoire, racontée par Tsériel, est celle d'une fillette de sept ans, souffrant d'un manque d'amour qu'elle ne trouve pas vraiment auprès de sa grand-mère Bniqa (du nom du bonnet de femme portée à la sortie du hammâm). Elle l'interroge d'ailleurs sur le manque d'amour de sa mère (Mina) amnésique et de son père (Titiss, fleuriste) brisé par le mal de son épouse et dont elle éprouve l'absence. C'est l'Algérie qui est passée par l'imagination et les observations de Tsériel qui représenterait la génération nouvelle qui semble impatiente devant tant de difficultés, tant de défis, tant de choses à remettre à l'endroit, à construire ou à reconstruire.
«Normal!», disent les jeunes avec raison, qu'il s'agisse de bien ou de mal. La jeunesse perd de plus en plus ses repères et souffre dignement de trop d'injustice et de manque de considération à son égard.
Certains jours de fête, et tout récemment, qui n'a pu être ému d'entendre nos jeunes crier et chanter le nom Algérie? Ce nom, ce qu'il représente, aucun jeune algérien, ne l'échangerait même contre sa vie sauve; il se fait, en dépit de toutes ses déceptions, un devoir sacré de le garder pour ses enfants de demain.
Pour en revenir à la lecture du roman Tsériel ou les yeux de feu de Jaoudet Gassouma, je tiens à en souligner les qualités: l'imagination, la vision de la réalité décrite, l'émotion. Cependant, me fondant sur le talent naissant indéniable de l'auteur, par ailleurs passionné d'art plastique, je voudrais qu'il s'écarte, ainsi qu'il le déclare, des faux brillants - si j'ose dire des «yeux de feu» - et des comparaisons qui ne sont pas «nous» et qui, de toute façon, ne nous ramèrent jamais à «eux». Normal! si l'on veut être soi, et ouvert vers le monde auquel, au reste, il faut montrer nos richesses: l'intelligence de notre pensée et l'habileté de nos mains.
Un dernier point. Sur le traitement littéraire et technique de Tsériel ou les yeux de feu, bien sûr, nous sommes loin de Jésus la Caille, de Francis Carco, ce premier roman et chef-d'oeuvre de l'auteur sur les «bas-fonds» parisiens où se rencontrent les mauvais garçons et les filles de joie. C'est vrai, «Les idées qui mènent le monde arrivent sur des pattes de colombe», disait Nietzsche. Mais cela n'empêche pas du tout, à mon sens, que la littérature et la morale aient des rapports puissants, capables d'énoncer, sinon de porter, franchement des rapports cohérents entre enseignement, éducation et morale.
Sans doute, le bien n'est pas nécessairement une condition préalable pour réaliser une oeuvre esthétique, pourtant le bien contribue en premier lieu à son esthétique lorsque l'éthique de l'écriture littérairement menée exprime une morale, la morale de l'écrivain, c'est-à-dire son attitude en face des problèmes moraux. Je dois ajouter que, sans que mon âme sensible soit chatouillée, il y a une morale de l'Art qui devrait pousser l'écrivain - qui a quelque chose à dire - à être vigilant, à être attentif à ce qui valorise et embellit la personne humaine. À quoi sert l'Art? Il sert à être beau! ai-je appris auprès de mes premiers classiques de langue européenne.
Les valeurs sont essentiellement «choses d'esprit», dit-on., sauf si ces valeurs sont jetées par l'homme dans un univers «absurde» et libre. Bien entendu, il ne faut pas se laisser aller à la seule critique qui signifie le mauvais de tout, la critique improductive de bien, - à mon sens, il appartient de toute évidence à chaque conscience algérienne d'assumer par un choix libre, d'imaginer des solutions...aux solutions. Les jeunes attendent nos jeunes écrivains d'aujourd'hui pour aller, nous tous ensemble, vers un destin fait de nos mains.
(*) TSERIEL OU LES YEUX DE FEU
de Jaoudet Gassouma
Editions Alpha, Alger, 2008, 198 pages.


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