L ́Iran a procédé hier à des tirs de missiles de longue portée capables d ́atteindre Israël, au second jour d ́exercices balistiques, avec en toile de fond les tensions persistantes avec l ́Occident sur son programme nucléaire. Peu avant ces tirs, le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a averti que Téhéran répondrait à toute menace de manière «destructrice», notamment sur son programme nucléaire. «Les forces armées ont procédé avec succès lundi au tir d ́un missile Ghadr-1, version améliorée du Shahab-3 d ́une capacité de 1800 km, et d ́un missile Sejil à deux étages utilisant du combustible solide», a annoncé le commandant Salami, cité par la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Le Sejil est un missile d ́une portée de 2000 km et «possède des capacités extraordinaires», selon l ́ancien ministre de la Défense, Muhammad Ali Najar. Les deux missiles sont capables d ́atteindre le territoire israélien distant d ́environ 1000 km. «Toutes les cibles dans la région, où qu ́elles se trouvent, peuvent être atteintes», a noté le commandant Salami, cité par l ́agence Isna. Il a, par ailleurs, prévenu que la réponse de l ́Iran face aux menaces extérieures serait «destructrice». «Face aux menaces contre l ́existence, l ́indépendance, la liberté et les valeurs du régime (islamique), notre réponse sera directe, ferme et destructrice», a-t-il dit, selon l ́agence Irna, ajoutant que cette réponse ferait «regretter» à l ́ennemi ses menaces. Israël et les Etats-Unis n ́ont pas exclu l ́option militaire face au programme nucléaire iranien. Les Occidentaux accusent Téhéran de chercher à fabriquer l ́arme atomique, ce que l ́Iran a toujours démenti. Les Gardiens de la révolution, l ́armée idéologique du régime, ont entamé dimanche des manoeuvres balistiques avec des tirs de missiles de courte, moyenne et longue portées. Londres a exprimé hier sa «préoccupation» quant à ces tirs, mais ajouté que «la question principale» restait le programme nucléaire iranien. Commentant ces exercices, la France a demandé à l ́Iran de «cesser immédiatement» ses «activités profondément déstabilisantes», tandis que Moscou a appelé «à ne pas céder à l ́émotion». Interrogé à propos d ́éventuels liens entre les exercices balistiques et l ́annonce vendredi de la construction d ́un nouveau site d ́enrichissement d ́uranium, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a assuré qu ́il n ́y en avait pas. «Comme vous le savez, il s ́agit des exercices ́ ́Grand Prophète-4 ́ ́. Le chiffre 4 signifie que c ́est la quatrième année que de tels exercices sont organisés. Il s ́agit d ́exercices défensifs», a dit M.Ghashghavi à la presse. La nouvelle usine en construction près de Qom (centre) «ne viole aucune loi internationale. Les pays occidentaux se livrent à des commentaires qui ne sont pas réalistes», a-t-il ajouté. L ́Agence internationale de l ́énergie atomique (Aiea) avait annoncé vendredi que l ́Iran l ́avait informée de la construction de cette nouvelle usine en plus de celle de Natanz (centre), ravivant les inquiétudes des pays occidentaux. Téhéran a assuré que ce second site serait placé sous la supervision de l ́Aiea. Le diplomate en chef de l ́Union européenne, Javier Solana, a exprimé son «inquiétude» au sujet de la seconde usine d ́enrichissement de l ́uranium comme des essais de missiles. La reconnaissance par l ́Iran de la construction d ́une deuxième usine nucléaire a «éclairci» la situation, a jugé, pour sa part le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. «Je ne sais pas si elle dégénérera, je ne le crois pas», a-t-il ajouté.