L'expert a préconisé la préparation à la transition énergétique par l'intégration de l'énergie renouvelable. Sommes-nous acculés à importer du pétrole dès 2030? Cette interrogation pessimiste, mais non moins réaliste, a été formulée jeudi à Alger lors de la 14e Journée de l'énergie «Energie 14» qui a été animée par divers professeurs et experts du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles de l'Ecole nationale polytechnique (ENP). Etaient conviés à cette rencontre, à laquelle a participé notamment le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, des représentants de divers ministères, dont en particulier celui de l'Energie et des Mines et d'organismes et entreprises nationaux comme la Sonelgaz. C'est sous le regard sans complaisance des élèves ingénieurs de 4e année de l'Ecole nationale polytechnique, invités aux débats, que le thème de la «Stratégie énergétique du monde musulman: pour un développement durable» a été traité et débattu, à la veille de la Journée nationale du savoir «Youm El Ilm» célébrée vendredi 16 avril en Algérie, a relevé pour L'Expression le professeur Chems Eddine Chitour. Dans une intervention remarquée, ce dernier, expert et professeur à l'ENP, a estimé impérative la nécessité d'une réflexion scientifique pour développer l'énergie dans le monde musulman sur une base scientifique et technologique. Cet expert a averti que «le pétrole ne sera plus le vecteur majeur du développement» à l'avenir. Il a appelé le monde musulman à «penser à l'après-pétrole» et non pas se contenter seulement de «vendre du pétrole et du gaz», sans réfléchir aux changements climatiques et à la pénurie prévisible des ressources hydriques. Le conférencier a invité les pays musulmans à préparer sérieusement la transition énergétique par l'intégration de l'énergie renouvelable. Il a, à ce propos, souligné l'importance du développement des énergies renouvelables, éolienne, hydroélectrique et solaire. Celle-ci est la plus frappante car à elle seule, elle peut répondre aux besoins intérieurs, voire plus, sachant que «les pays musulmans ont un potentiel énorme en ces énergies futures». Il a, par ailleurs, rappelé que le monde musulman détient les deux tiers des réserves de pétrole (64%) et la moitié de gaz naturel de la planète. Corroborant ses dires, le professeur a indiqué que le monde musulman exporte environ «25 millions de barils/jour de pétrole, soit 30% au niveau mondial, et près de 250 milliards de m3 de gaz par an». D'ailleurs, dans son intervention, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Noureddine Yazid Zerhouni, a invité les futurs chercheurs à consacrer davantage leurs travaux aux énergies alternatives en remplacement de l'énergie basée sur les hydrocarbures. «Le monde commence à s'installer dans une situation de pénurie d'énergies et spécialement celle à base d'hydrocarbures (pétrole et gaz)», a indiqué M.Zerhouni. «Je voudrais inviter les futurs chercheurs à penser et à consacrer davantage de recherches et d'investissements pour essayer non seulement de faire l'inventaire des conséquences de cette pénurie dans laquelle le monde, y compris l'Algérie, va s'installer, mais aussi sur des alternatives qui pourraient faire face à cette nouvelle donne au niveaux mondial et national en particulier», a-t-il souligné. Pour sa part, le président-directeur général de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, présent à la rencontre, soulignera: «Nous sommes devenus de plus en plus dépendants dans le domaine de la technologie de l'énergie», tout en appelant à une meilleure maîtrise des technologies nouvelles dans le domaine de l'énergie. Bouterfa a considéré que «l'environnement ne saurait être dissocié des efforts déployés pour sa préservation» car, a-t-il dit, «nous sommes responsables de notre avenir». Les intervenants n'ont pas manqué par ailleurs, d'agiter le spectre de la «guerre de l'eau qui se profile à un horizon proche». notamment au Moyen-Orient où sont concentrées les plus grandes réserves énergétiques mondiales.