Le marché pétrolier a tenu bon face à l'augmentation des réserves américaines de brut et après le recours au Fonds monétaire international par la Grèce. L'économie des Etats-Unis n'a pas usurpé son statut de locomotive de l'économie mondiale. Lorsque de bonnes nouvelles parviennent du pays de l'Oncle Sam, les indices sont intégrés automatiquement par les marchés mondiaux des matières premières. Ce fut le cas vendredi pour le marché pétrolier. Il a suffi que les excellents chiffres de l'immobilier, réalisés en Amérique soient rendus publics pour que le baril reprenne sa marche en avant, épisodiquement interrompue jeudi suite à la publication des chiffres du rapport hebdomadaire du DOE, le département américain de l'énergie. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en juin, a terminé à 85,12 dollars, en hausse de 1,42 dollar par rapport à la veille. A Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a gagné 1,58 dollar pour clôturer à 87,25 dollars. C'était cependant loin d'être prévu, voire d'être gagné. En effet, les analystes dont les prévisions tablaient sur une baisse des réserves aux Etats-Unis, ont été surpris par une forte hausse, d'une ampleur qui avoisinait les deux millions de barils. 1,9 million plus exactement. La hausse attendue des stocks d'essence, qui était évaluée à 300.000 barils, a fait un saut spectaculaire pour atteindre les 3,6 millions de barils. Et comme pour ne pas démentir le vieil adage qui dit «jamais deux sans trois», ceux des produits distillés qui ne devaient pas dépasser les 900.000 barils, ont bondi à 2,1 millions de barils. Les cours de l'or noir ont tout de même tenu le choc et ont terminé la séance de jeudi, à New York, en hausse de deux petits cents à 83,70 dollars. L'affaire était pourtant mal engagée en début d'échanges. «Tous les marchés se sont repris: le pétrole, la Bourse. On avait eu des pertes en matinée, dues aux inquiétudes concernant la Grèce, la hausse du dollar, les préoccupations liées au haut niveau des stocks (pétroliers américains, Ndlr), mais comme d'habitude, le marché trouve plus facile de monter que de baisser» a expliqué l'analyste Tom Bentz de BNP Paribas. On pouvait, dès lors, penser que la journée de vendredi allait s'annoncer particulièrement difficile. Un indice et non des moindres allait changer la donne: celui des chiffres de l'immobilier aux Etats-Unis. C'est paradoxalement le secteur qui fut à l'origine du déclenchement de la crise financière internationale, et qui provoqua la chute de la quatrième banque d'investissement américaine (Lehman Brothers) créée en 1850 par les frères Mayer et Emanuel Lehman à Montgomery dans l'Etat de l'Alabama, qui a volé en cette fin de semaine au secours des cours de l'or noir. «C'est l'envolée des ventes de logements neufs. Notre économiste pour les Etats-Unis explique que la reprise économique prend clairement une forme de "V", ce qui devrait certainement résulter en une demande accrue pour les matières premières», a souligné Adam Sieminski, de Deutsche Bank. La Grèce, qui a officialisé sa demande d'aide financière à l'Union européenne et au Fonds monétaire international, n'a pas perturbé outre mesure le marché financier. L'annonce semblait être plutôt bien appréciée quand bien même le fut-elle avec une prudence certaine. Des craintes confirmées par l'analyste de MF Global. «Il y a toujours un manque considérable de précision dans la mise en place. Les marchés financiers semblent prendre la nouvelle de façon positive, mais avec une méfiance considérable», a fait remarquer Mike Fitzpatrick. Le marché pétrolier, qui a été rassuré quant à une éventuelle baisse de la production des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, semble retrouver un certain équilibre sous l'effet combiné de la publication d'indicateurs économiques positifs aux USA, et de la baisse du dollar par rapport à la monnaie unique européenne. Les prix du pétrole oscillent désormais autour de la barre des 80 dollars. Ce qui a permis à la balance commerciale algérienne d'enregistrer un excédent de plus de 4 milliards de dollars pour le premier trimestre 2010.