La composante actuelle des Verts dérange-t-elle à ce point le coach sétifien? Il faut croire que l'EN version Rabah Saâdane, telle qu'elle est actuellement constituée au niveau de son effectif, risque de déranger au plus haut point beaucoup de gens. En effet, les derniers propos tenus en Egypte par l'entraîneur en chef de l'ES Sétif, en l'occurrence Noureddine Zekri au sujet des joueurs franco-algériens susceptibles de porter le maillot des Verts, sont loin d'être innocents. Ils posent aujourd'hui, une fois de plus, le sempiternel problème des joueurs d'origine algérienne qui n'ont jamais mis les pieds au pays, qui parfois ne parlent même pas la langue nationale, ou encore, ne connaissent presque rien de l'Algérie. Supposons que cela soit vrai, mais faut-il leur rappeler de manière aussi crûe et brutale une telle vérité, surtout si leur destin a été ainsi fait? Les Algériens qui n'ont jamais mis les pieds au «Bled», et qui un jour, pour une raison ou une autre, ont finalement «renoué» avec leur pays d'origine, ont été légion par le passé. En quoi des jeunes footballeurs algériens pétris de qualité ne peuvent-ils pas aspirer un jour à être sélectionnés à leur tour dans l'EN algérienne? Selon le coach de l'Entente, Zekri, le fait de n'avoir pas été formée et éduquée dans son pays d'origine, cette catégorie de joueurs nés dans l'Hexagone ou ailleurs à l'étranger, n'a tout simplement pas le droit aujourd'hui de porter le maillot national. Un tel point de vue émanant de la part d'un technicien de football, relève vraiment quelque part de la ségrégation pure et simple envers une catégorie de citoyens qui ont pourtant le droit de choisir et surtout, de prendre en main leur destin footballistique. Il est vrai que la non- convocation devenue systématique des joueurs «locaux» en Equipe nationale, hormis quelques exceptions, est effectivement très mal perçue par beaucoup de gens actuellement. Mais Noureddine Zekri semble oublier «volontairement» que depuis quelques années, notre football national ne produit plus des joueurs de très grande qualité, ou sinon que très peu. Est-ce aussi le fait qu'il soit aujourd'hui à son tour à la tête de la barre technique d'un club aussi prestigieux que l'ESS et ayant sous sa coupe plusieurs éléments parmi les meilleurs du pays actuellement, qu'il a le droit de «stigmatiser» violemment les joueurs franco-algériens? Tout joueur d'origine algérienne a toujours par le passé eu droit à une sélection avec l'EN et de manière naturelle. En 1982, lorsque Mahieddine Khalef avait décidé de convoquer pour la première fois avec les Verts de l'époque, le franco-algérien Abdellah Liégeon, un défenseur titulaire à part entière au sein de la grande équipe de l'AS Monaco, et qui n'avait de surcroît jamais mis les pieds en Algérie, cela n'avait «choqué» personne. Mieux encore, l'ex-patron de la JSK et de l'EN, l'avait finalement écarté pour des raisons disciplinaires et ce n'est que quatre ans après que Abdellah Medjadi de son nom algérien, a pu jouer le Mondial 86 sous la direction de Rabah Saâdane. Il y avait aussi les Halim Benmabrouk, Noureddine Korichi, Abdel Djadaoui, Harkouk et tant d'autres joueurs franco-algériens qui ont tous porté un jour le maillot de l'EN. En réalité, les responsables actuels au niveau de la FAF, à leur tête Mohamed Raouraoua, ne font que perpétuer une tradition de longue date adoptée chez nous et qui rarement avait constitué un véritable problème dans l'esprit des différents sélectionneurs désignés à ce jour à la tête de l'EN. Et si aujourd'hui le fait de faire appel à toute une pléiade de jeunes joueurs d'origine algérienne va à l'encontre des principes «personnels» d'un technicien comme Noureddine Zekri, ce dernier va certainement devoir «s'expliquer» sérieusement sur la question, devant les actuels responsables du football algérien et le plus vite possible. Il y va de l'intérêt de tout Algérien de savoir si un citoyen dont le métier est footballeur et qui n'a jamais mis les pieds dans son pays d'origine, doit être considéré aujourd'hui selon Noureddine Zekri, comme persona non grata dans l'EN, ni plus ni moins.