Oran : le 2e Salon international du Dentaire MDEX du 18 au 20 septembre    Jeux Africains scolaires (JAS-2025) / Badminton : 6 médailles dont une en or pour l'Algérie    Solidarité nationale : parachèvement de l'opération de versement de l'allocation spéciale de scolarité dans les délais impartis    Protection civile : renforcement des efforts de la formation en matière de premiers secours    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 60.332 martyrs et 147.643 blessés    L'Algérie prend la présidence du CPS de l'UA pour le mois d'août    Pluies orageuses accompagnées de grêle sur 3 wilayas du Sud à partir de vendredi après-midi    Arkab reçoit le ministre nigérian des Affaires étrangères pour examiner le renforcement du partenariat dans les domaines de l'énergie et des énergies renouvelables    Oran: "La Nuit des musées", une soirée à l'ambiance singulière    Tribunal de Bir Mourad Raïs : le parquet ouvre une information judiciaire sur la mort de quatre personnes au stade du 5 Juillet    Jeux scolaires Africains (JSA-2025)/5e journée : cinq médailles d'or pour la boxe féminine algérienne    Attaf reçoit son homologue sud-africain    Biskra commémore le 59 anniversaire des "massacres du dimanche noir"    Initiative Art 2 : 16 porteurs de projets innovants dans le domaine des industries culturelles et créatives retenus    L'Algérie décroche un siège dans le premier bureau exécutif de l'Organisation des jeunes du MNA    Startups: Ouadah salue le lancement du premier fonds d'investissements privé dédié au financement des projets    Jeux scolaires africains/Natation: une nouvelle belle moisson de médailles pour l'Algérie lors de la 3e journée    Agressions sionistes contre Ghaza : plus de 232 journalistes tombés en martyrs depuis octobre 2023    Les six raisons du faible impact de la revalorisation de l'allocation devises en Algérie de 750 euros sur le cours du dinar sur le marché parallèle    L'Algérie plaide pour une action urgente en faveur de Ghaza    Les citoyens sensibilisés à la gestion énergétique    Victoire de l'Algérie devant le Koweït 86-74    Pierre-Emerick Aubameyang, le retour à l'OM    1,1 million inscrits ont consulté les résultats de leurs dossiers    Le sarcophage maudit    Du haut du ciel, cette brillance des étoiles nous éclaire    Insuffler une nouvelle dynamique à la coopération bilatérale    Ne pas transformer la Syrie en un théâtre d'affrontements !    Le héros national, le Brigadier de Police Mellouk Faouzi s'en est allé    Ghrieb et Mouloudji à Tlemcen pour mettre en valeur les synergies entre secteurs    CHAN-2025 Parole des Algériens : faire mieux que 2023    Le président de la République honore les champions du BAC et du BEM 2025    De nouveaux tracas    L'artisan de la scène culturelle    Hidaoui souligne l'importance d'encourager les jeunes dans le domaine des médias numériques    Mohamed Meziane installe le nouveau secrétaire général du ministère    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



À chacun sa religion...
CHRETIENS DE KABYLIE, 1873-1954 DE KARIMA DIRECHE-SLIMANI / J'ETAIS CHRETIEN...DE MOHAND AZOUAOU
Publié dans L'Expression le 08 - 12 - 2010

«A vous, votre religion. À moi, ma religion.» lit-on dans le Saint Coran à l'adresse des Polythéistes demeurés acharnés au tout début de l'islâm.
Le fanatisme religieux ne cesse de s'exacerber. Deux ouvrages, parmi d'autres, mais très différents dans leur objectif et dans la qualité de leur exposé, essaient de présenter ce qu'il en est de ce que presque tout le monde murmure sans aller au fond de ce que recouvre l'expression «les conversions de Kabyles au christianisme».
L'ouvrage Chrétiens de Kabylie, 1873-1954 (*) de Karima Direche-Slimani, spécialiste de l'histoire sociale de l'Algérie à la période coloniale et le témoignage (de propagande?) J'étais Chrétien (**) de Mohand Azouaou, jeune musulman kabyle, nous placent crûment face à une problématique identitaire extrêmement sensible et, de plus, fortement complexe. La mémoire de l'Histoire a ici de quoi multiplier les paradoxes et troubler les esprits les plus puissants.
Certainement, la lecture de ces deux ouvrages donnera à réfléchir sur la gravité de la question de la foi, telle qu'elle est rituellement posée, c'est-à-dire de telle sorte que les profits des enjeux ne soient pas discutables. En 1978, à propos d'une conférence au Caire portant sur le thème «La foi commune en Dieu dans l'islamisme et le christianisme», le Père dominicain égyptien Georges Anaouati remettant sur le tapis ce que l'on savait déjà, écrivait sans ambages: «La foi en Dieu est commune à vous, chrétiens, et aux idolâtres [...]. Restons-en aux valeurs humaines qui, elles, sont communes aux chrétiens et aux musulmans [...]. La foi islamique en Dieu n'est pas semblable à la foi chrétienne.»
Des jugements sévères et des conclusions hâtives
Dans la seconde moitié du siècle dernier, certains spécialistes des religions, fiers de leur trouvaille «intellectuelle» donnent du grain à moudre, plus que jamais, aux détracteurs de tout bord et de toute confession. Le fait religieux a subi la violence des mécontents, des politiques, des économies et des philosophies de l'ère nouvelle que les experts occidentaux, dirigeants du monde, se sont ingéniés à enrober de l'illusoire et indéfinissable mondialisation. Il n'est point besoin d'être fort en thème pour penser, aujourd'hui, qu'à propos des religions et pour des motifs de stratégies multiformes, sont formés des jugements sévères et des conclusions hâtives qui ne peuvent, hélas! se détacher des conditions subjectives de l'être humain puisque toute religion veut s'affirmer par rapport à l'autre religion, et chacune d'elles élaborant, et sans cesse le réajustant aux exigences de l'actualité, son programme et son enseignement. Et l'islâm - disons pour caractériser une sincère humilité et rester respectueux d'autrui -, au moins aussi bien que les grandes religions monothéistes, contribue à l'élévation spirituelle et scientifique de l'humanité, c'est-à-dire ainsi que le proclament les éminents esprits religieux: «Purifier les moeurs, éclairer et concilier les consciences et les croyances, faire tomber les barrières raciales et les chauvinismes nationaux, remplacer la loi du plus fort par celle de la vérité et de la justice.»
Au reste, lorsque le Prophète Mohammed (QSSSL) a convié l'empereur Héraclius de Byzance à embrasser l'islâm, en lui envoyant Abou Soufiane, le chef des Qouraïche, il l'a fait avec la conviction de celui qui était chargé seulement d'«avertir les Incroyants», de «transmettre la Révélation» pacifiquement «à tous les hommes», non par la contrainte mais par la démonstration. Evidemment, il y a longuement à discuter et à remettre à l'endroit les vrais principes de l'islâm pour autant que les coeurs et les esprits soient sans haine et parfaitement respectueux de la personne humaine...tout comme tant de versets coraniques le recommandent aux croyants. Cela sans qu'il soit besoin d'en rajouter au zèle apologétique de certains dont les intérêts n'ont aucun lien authentique avec le Coran et qui bien souvent conduisent à accréditer des niaiseries et à proclamer des inexactitudes, choses contraires à l'esprit des textes sacrés, notamment ceux que propose la parabole de la sourate «El-Mâ'ida, La Table (servie)». Or les guerres de religion en Europe auront été et le seront pour encore longtemps l'exemple même de l'usage de la violence à des fins de conversion. Toutes les conquêtes entreprises par les armées européennes - et spécialement au Moyen-Orient et en Afrique - ont été provoquées sous le couvert de la religion chrétienne. Les croisades se sont étendues du xie au xiiie siècle sous l'impulsion de la papauté pour reprendre le Saint-Sépulcre aux Musulmans puis pour défendre, affirme-t-on, le Royaume latin de Jérusalem! En réalité, relèvent les historiens, «la croisade a été un mouvement quasi permanent». Au vrai, sous d'autres formes, la même croisade ne se perpétue-t-elle pas, à nos jours? Qu'en a-t-il été des objectifs de l'expédition française en Algérie? Qu'en est-il de la France coloniale, de sa vocation de Fille Aînée de l'Eglise?
Les miraculés d'un système idéologique
Le travail de recherche de Karima Direche-Slimani jette un éclairage impeccable sur le rôle, inclus dans l'oeu-vre de la colonisation, de Charles de Lavigerie, évêque de Nancy nommé à l'archevêché d'Alger en 1867.
Dans Les Chrétiens de Kabylie, l'auteur écrit: «Sa nomination, à Alger, lui laisse entrevoir la possibilité d'entrevoir un projet de conversion de grande ampleur; celle du continent africain tout entier. Selon lui, l'Algérie ´´n'est qu'une porte ouverte par la providence sur un continent barbare de deux cents millions d'âmes et que c'était là surtout qu'il fallait porter l'oeuvre de l'apostolat catholique´´. Dès sa nomination, il s'intéresse à la Kabylie [...]. Il fonde la Société des Missionnaires d'Afrique, plus connue sous le nom de la Société des Pères Blancs.» Dans ce livre, dont «l'objectif est de reconstituer les étapes historiques et les modalités sociologiques qui ont permis la constitution de cette communauté», on apprend dans le détail le chemin suivi et tout particulièrement que «La conversion au christianisme puis la naturalisation française a rendu leur statut encore plus incertain et les a stigmatisés dans des représentations souvent infamantes. [...] Chrétiens mais profondément attachés à leur identité kabyle, leurs descendants continuent, aujourd'hui, à chercher leurs racines.» Il s'agit là d'un ouvrage extrêmement riche en documents, très prenant par sa présentation honnête et dont la qualité générale se dégage dans ce court extrait de sa conclusion: «Produits d'une idée folle, d'un programme irréaliste et de la conversion têtue d'une poignée de kabylophiles, les Kabyles chrétiens sont les miraculés d'un système idéologique qui a voulu plier un monde à son idéal. Soumis à l'idéologisation forcenée du mythe kabyle comme à celle de l'arabo-islamisme algérien, les convertis, par le simple fait d'exister, renvoient à tous les tabous, les impensés et les interdits d'une histoire coloniale française et d'une histoire nationale algérienne.»
Quant aux 64 pages sous l'intitulé J'étais Chrétien (avec une préface de Mohamed El-Hadi Hassani, de l'Association des Oulémas Musulmans, rédacteur en chef adjoint d'El Bassaïr), elles constituent un témoignage à tout le moins étonnant de Mohand Azouaou. Est-ce le nom véritable de l'auteur ou un pseudonyme? Quoi qu'il en soit, il est question d'un jeune kabyle musulman de naissance converti au christianisme, en 1995, à l'âge de 20 ans. Il explique ses motivations, fait le récit des étapes de sa conversion et son enthousiasme à être chrétien sous son initiateur, un père de famille chrétien, espérant «atteindre la purification et la sainteté.» Mais bientôt, de «la grande joie», dit-il, que lui procure la conversion, il passe, après trois ans de vie chrétienne, par une «période de doute et de conflit intérieur». Voulant vérifier le jugement porté sur la religion musulmane qu'elle aurait «comme disent les chrétiens, de mauvais fruits parce que c'est un mauvais arbre», il se met à la lecture du Coran...et devient musulman. Le témoignage de Mohand Azouaou semble avoir dépassé de nombreuses frontières si l'on se fie aux messages publiés sur Internet. Il reste, cependant, que cette «confession» si sincère, si réelle soit-elle, appelle des réserves et des corrections tant au plan du contenu et de son exposition qu'au plan de l'analyse et du jugement des textes sacrés. Toutefois, l'expérience vécue par l'auteur mérite d'être connue pour renvoyer leur image exacte à ceux qui dénient la pression évangélique en Algérie ou ailleurs sur les individus que l'histoire sociale ou politique d'une région ou même de tout un pays a écartés de la vie tout court. «Les fêlures de l'histoire», pour emprunter cette expression à Karima Direche-Slimani, sont de tous les temps et de tous les univers, ainsi que de tous les paradoxes humains dès lors que l'on s'engage dans la conquête du monde par la confrontation des religions et des civilisations.
(*) Chrétiens de Kabylie (1873-1954) de Karima Direche-Slimani, EDIF 2000, Alger, 2010, 154 pages.
(**) J'étais Chrétien...de Mohand Azouaou
E-mail: [email protected]


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.