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«C'est un voyage de la tête et du coeur»
FRANCIS PORNON, AUTEUR DE EN ALGERIE, SUR LES PAS DE JEAN BOUDOU
Publié dans L'Expression le 29 - 01 - 2011

Il est question dans ce roman de passions partagées, de souvenirs retrouvés et de passé ressuscité
Francis Pornon est natif du sud de la France. Après des études de philosophie, il a beaucoup voyagé dans le monde et a exercé divers métiers. Il a été, entre autres, enseignant coopérant en Algérie durant quelques années après l'Indépendance (de 1968 à 1971). Il est auteur de romans historiques, d'essais, de poèmes, de reportages ou carnets de route, de polars, de pièces de théâtre et de chansons, de nouvelles et de romans. Parmi ses nombreuses publications, on citera: Explosif et vieilles ficelles (Ed. Mare Nostrum); Toulouse Barbare (Ed. Privat); Algérie des sources (Ed. Temps des cerises); Un homme seul, Par-delà le grand fleuve et Algérie, Algérie! (Ed. Paroles d'Aube) et Rêves brisés (Editions Pascal Galodé). Il a publié récemment, en Algérie, un roman intitulé En Algérie, sur les pas de Jean Boudou paru chez Lazhari Labter éditions et qui paraîtra bientôt en France aux Editions Vent Terral.
Il est question dans ce roman de passions partagées, de souvenirs retrouvés et de passé ressuscité. Ce sont les passions partagées pour une Algérie où l'on a vécu, qu'on a quittée et qu'on a envie de retrouver. Ce sont les souvenirs des sept dernières années de la vie de Jean Boudou, cet écrivain occitan par excellence, qui a vécu et enseigné en Algérie avant d'y mourir en 1975 et que l'auteur Francis Pornon a voulu ressusciter en allant sur ses pas, à la recherche de ce passé si beau, de ces souvenirs si tendres, d'une Algérie qu'il a lui-même connu en tant que coopérant et dont il a souvent la nostalgie...
L'Expression: Parlez-nous de cet attachement pour l'Algérie, qui se ressent à travers votre écrit.
Francis Pornon: Mon rapport à l'Algérie a commencé déjà pendant la Guerre d'Algérie, où j'ai tout fait pour ne pas y être envoyé sous les drapeaux comme on dit. J'ai tout fait pour terminer mes études, au lieu de prendre les armes. Après l'Indépendance, l'occasion m'a été donnée d'y venir, mais cette fois-ci en tant qu'enseignant coopérant. Bien sûr, je n'ai pas hésité à accepter cette proposition et je suis donc venu y enseigner. C'est une période qui m'a beaucoup marqué et pendant laquelle j'ai pu découvrir un pays magnifique et un peuple accueillant et chaleureux dont je garde encore et toujours de très beaux souvenirs. J'ai donc été professeur de philosophie au lycée Ibn Sina de Béjaïa de 1968 à 1971. Nous avons été nombreux à venir en Algérie après son indépendance en tant que coopérants, et nous en avons gardé de bonnes images et aussi d'excellents rapports avec nos amis algériens, collègues, élèves ou simples voisins. Après cela, je suis reparti chez moi et la vie a repris son cours. Un jour, vers les années 90, un ami à moi, qui a été aussi mon élève à un moment donné de mon parcours, me dit que l'image de l'Algérie telle que donnée en France ne reflétait pas du tout la réalité, qu'on la noircissait volontairement et qu'il fallait absolument que j'y aille, que j'observe de moi-même, que j'en fasse le constat et que j'écrive cette réalité et cette vérité tant occultées. Et effectivement, je suis venu, et à partir de là, c'est devenu très fréquent, une fois tous les deux, trois ans, et actuellement, au moins une fois par an.
Et l'Algérie d'aujourd'hui?
Aujourd'hui, nous sommes nombreux aussi à constater avec regret qu'un énorme mur -qui rappelle beaucoup celui de Berlin-, est en train de se construire entre l'Algérie et la France et nous trouvons que c'est bien dommage d'en être arrivés là. Il est clair que nous avons une histoire commune qui nous a marqués tous, de part et d'autre. On ne pourra certes, pas effacer ce qui s'est passé, ni l'oublier, et ce n'est pas ce qui est demandé ici, mais peut-être faire l'effort de cicatriser, de tourner une page de l'histoire pour en ouvrir une autre, plus constructive. Je pense que nous pouvons, nous, intellectuels et hommes de lettres,-peut-être assez représentatifs et plus proches de la population que ne le sont les hommes politiques- faire quelque chose pour empêcher ce mur. Nous n'avons pas les intérêts stratégiques de la politique et donc nous pouvons du moins tenter de rapprocher les peuples.
Votre roman En Algérie, sur les pas de Jean Boudou s'inscrit-il dans cette perspective?
Justement, mon ouvrage sur Jean Pornon part de cette idée. J'ai soumis mon projet d'écriture au Centre régional du livre du Midi-Pyrénées et par bonheur il a été accepté. J'ai donc pu bénéficier d'une bourse d'écriture qui m'a permis d'entreprendre cette passionnante aventure. J'ai pu ainsi aller à la découverte de ce passé magnifique et suivre les traces de cet ancien coopérant qui a passé les sept dernières années de sa vie en Algérie, plus précisément dans la région de l'Arbatache. J'ai ainsi entrepris des recherches sur ce personnage, je suis parti dans cette région, j'ai contacté des gens, j'ai rencontré des proches, j'ai posé des questions aux alentours et tout ce travail m'a permis de collecter des informations et ainsi j'avais de quoi écrire ce livre qui restera comme trace de ce passage en Algérie. J'ai effectué de nombreux allers-retours entre Alger et Béjaïa et c'est justement au cours de l'un de mes séjours à Béjaïa, à l'occasion d'une manifestation culturelle, que j'ai pu rencontrer mon actuel éditeur par le biais d'un ami commun. Je lui ai parlé de mon projet, il a semblé intéressé et m'a proposé de lui soumettre mon manuscrit dès que je l'aurais terminé. Ce fut fait, et le voilà sorti en Algérie. Pour revenir au roman, je voudrais tout simplement dire que c'est un voyage de la tête et du coeur, une manière de soigner une mémoire malade, la soigner en soi et en les autres...
A quand remonte votre dernière visite à Alger?
J'étais à Alger au mois de novembre dernier. C'était à l'occasion du Salon du livre. C'était la première fois que je participais à ce salon dont j'avais eu des échos auparavant.
L'occasion m'a été donnée cette fois-ci d'y aller dédicacer mon ouvrage et j'en ai été très heureux. Croyez-moi, si je vous dis que j'ai été très agréablement surpris par cette manifestation livresque.
L'affluence du public était extraordinaire et son engouement pour le livre se voyait à vue d'oeil. Laissez-moi vous dire aussi que j'ai été fortement surpris par l'intérêt que portait le lecteur à l'auteur. Dès le premier jour de ma vente-dédicace, j'ai été entouré de gens de tous âges qui venaient, non seulement acheter mon livre, et donc se le faire dédicacer, mais aussi et surtout discuter avec moi du sujet de mon roman en tant qu'auteur et de mon rapport à l'Algérie en tant que Français. J'ai trouvé ça formidable. Cette soif du savoir et cette curiosité de poser des questions, de vouloir tout connaitre, c'était une expérience magnifique.
Et les enfants dans tout ca? Vous êtes vous-même enseignant, comment leur faire aimer le livre et leur donner le goût de la lecture?
Justement, j'ai constaté lors de mon passage à ce Salon du livre qu'il y avait énormément d'enfants qui venaient avec leurs parents. Ils étaient là et semblaient eux aussi curieux de connaître mon histoire et tentaient tant bien que mal d'y comprendre quelque chose.
J'ai aimé cela chez eux. On sentait l'intérêt du curieux de tout savoir et on voyait le regard vif et malicieux de l'enfant avide de connaissances. Ceci prouve qu'ils sont très réceptifs. Pour ce qui est de comment rendre sa place au livre, de comment inculquer à l'enfant d'aujourd'hui l'amour du livre et lui transmettre le goût de la lecture et la passion de l'écriture, je vais vous parler de notre expérience en France et de notre méthode en tant qu'enseignants d'école. Ce n'est pas pour dire que le meilleur exemple soit donné en France, mais cela pourrait servir. En fait, c'est tout simple.
En premier lieu, bien sûr, il faut installer une bibliothèque dans chaque école, pour ne pas dire dans chaque classe, et faire lire les élèves. Ceci est primordial.
Ensuite, et c'est aussi important, faire venir de temps en temps des auteurs dans les classes pour lire des passages de leurs livres, raconter leurs histoires, en discuter avec les élèves et leur faire partager ce moment d'émotion qui sera sans aucun doute communicatif.
De là va naître cet intérêt pour le livre et pour l'auteur, et pourquoi pas faire de quelques-uns des élèves d'aujourd'hui, les auteurs de demain...


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