Après avoir incriminé les citoyens, c'est l'augmentation des salaires que Benhamadi pointe du doigt pour expliquer son échec dans la gestion de la crise des liquidités. Mieux vaut tard que jamais. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, a finalement percé le secret: «Le manque de liquidités dans les bureaux de poste est dû à l'augmentation des salaires.» Voilà donc qui peut rassurer les esprits curieux, mais cela ne change rien au problème. Les billets, même sales, manquent toujours dans les bureaux de poste. Et les augmentation n'ont pas touché les 36 millions d'Algériens! La dernière grande augmentation a concerné le corps de la police. Seulement, ce dernier, ne compte pas plus de 200.000 éléments. On ne peut donc imputer la cause aux 200.000 policiers d'avoir «dévalisé» nos postes. Certes, les augmentations de salaires ont été conséquentes: 50% avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. C'est dire que cet argument des salaires ne tient pas la route. Il y a à peine 6 mois, à l'APN, lors de la séance plénière consacrée à l'adoption du projet de loi de finances 2011, le ministre avait attribué la cause de cette crise aux citoyens. «Les citoyens doivent changer de comportement», disait-il à l'époque. Selon lui, les Algériens doivent «apprendre» à utiliser les autres moyens de paiement à l'exemple de la carte à puce. Il a même avoué qu'il y a pas un manque total de collaboration entre la poste et les banques. «Les banques doivent densifier leurs réseaux et jouer le jeu», avait-t-il insisté. Le ministre affirmait que le problème de liquidités ne se posait que deux fois par an à savoir le mois de Ramadhan et l'Aïd El Adha. «On achète le mouton une fois par an. Ce problème s'est également posé durant le mois de Ramadhan dernier. Il faut être raisonnable. La Banque d'Algérie ne peut continuer à tirer de l'argent sans arrêt». Or, on est au mois de mars, ce n'est ni le Ramadhan et encore moins l'Aïd et le problème est toujours là! Ce n'est donc pas un problème saisonnier, les solutions proposées à l'époque n'ont pas changé la donne. A bien fouiller le sujet, on comprend qu'il est trop sérieux pour l'expliquer par une augmentation de salaire, un comportement d'Algérien, un manque de collaboration entre la poste et les banques, le Ramadhan ou encore moins le mouton de l'Aïd. En fait, c'est tout ça à la fois. Par contre, cette fois-ci, il assure que «le problème est pris en charge par le gouvernement et la Banque d'Algérie, et que même les banques et les grandes entreprises nationales telle que Naftal, se sont mises de la partie pour contribuer à alléger le décaissement d'Algérie Poste». Le ministre garantit également que le problème sera totalement réglé dans quelques semaines. Pour ce qui est du paiement électronique, «des dispositifs ont été mis en place pour passer à ce nouveau mode de paiement». Il précise que ce changement qui se fera par étape, touchera d'abord les distributeurs électroniques de billets qui seront transformés en moyen de paiement. Avant de passer à la vulgarisation des terminaux de paiement qui permettrons de payer les achats par carte. Cette réponse laisse entendre que le paiement électronique est loin de voir le jour. Cet aveu à demi-mot et les explications du ministre laissent croire que la crise de liquidités fera de vieux os en Algérie...
