Résidant actuellement à Lyon (France) où il occupe un poste au niveau du consulat d'Algérie, l'ancien buteur mouloudéen, détenteur d'un palmarès unique à ce jour sous les couleurs du prestigieux Doyen, et aussi ex-attaquant de l'EN, a profité de son dernier passage à Alger pour nous accorder l'entretien suivant. L'Expression: Que devient aujourd'hui Abdeslam Bousri? Abdeslam Bousri: Cela fait à peu près cinq ans que je travaille au niveau du consulat d'Algérie à Lyon. Vous avez, apparemment, quitté le monde du football? Pas tout à fait! D'ailleurs, dès mon retour à Lyon, je dois préparer mon dossier concernant le stage d'entraîneur que j'espère effectuer très prochainement sous l'égide de la Fédération française de football (FFF), étant actuellement détenteur d'un diplôme algérien d'entraîneur 2e degré. Donc, vous avez bien l'intention d'exercer le dur métier d'entraîneur? Je vous rappelle que j'ai déjà exercé par le passé le métier d'entraîneur sous les couleurs du MCA. D'ailleurs, dès la fin de ma carrière de footballeur, j'ai occupé pendant plusieurs années différents postes en catégories jeunes du Mouloudia, avant de travailler en équipe seniors en compagnie de mes aînés Kamel Lemoui, et aussi Maâtallah. Deux entraîneurs aux côtés desquels j'ai aussi appris beaucoup de choses. Vous pensez revenir en Algérie, une fois ce diplôme en poche? Parfaitement! Une fois ce diplôme d'entraîneur acquis en France, je pense sérieusement prendre en main un club, ici, en Algérie. Je souhaite vivement aujourd'hui mettre ma longue expérience de joueur et d'entraîneur au profit d'une équipe comme le Mouloudia d'Alger, pourquoi pas. Aujourd'hui, j'ai 58 ans, et je sais que je peux apporter à mon tour beaucoup de choses au football algérien. Ce football qui m'a permis de connaître, à une certaine époque de ma vie, la réussite, la popularité, et surtout de glaner des titres, tout autant prestigieux avec le Mouloudia d'Alger. Justement, que pensez- vous de la situation que traverse aujourd'hui le MCA, votre club de coeur? Sincèrement, beaucoup de peine. Je vous assure qu'il n'est pas normal que ce club chargé d'histoire, et surtout symbole du football algérien, en soit réduit aujourd'hui à ce type de situation, tant sur le plan sportif, que sa gestion à tous les niveaux. D'après votre longue expérience avec le Doyen, pourquoi selon vous, le MCA vit actuellement une saison déplorable? Tout d'abord, je pense que l'effectif actuel du MCA est malheureusement tout juste moyen. Hormis quelques éléments qui essaient de tirer l'équipe vers le haut, les autres n'y arrivent pas. Maintenant, il y a aussi le fait important qu'un club aussi prestigieux par le passé, ne possède même pas encore de stade. D'ailleurs, depuis mon séjour qui prendra fin demain, j'ai vu et entendu des choses qui m'ont vraiment fait de la peine, notamment avec ces histoires de domiciliation du MCA dans tel ou tel autre stade d'Alger. A votre époque, ce genre de problème existait-il? Jamais de la vie, croyez-moi sur parole! Mieux encore, je n'ai jamais connu le huis clos. Avant, tous les matchs derbys MCA-USMA, MCA-CRB, MCA-JSK, par exemple, se jouaient devant des publics record et surtout sans aucun incident majeur. Je vous rappelle qu'à notre époque, un club comme le Mouloudia d'Alger entretenait de véritables relations fraternelles avec ses clubs voisins, en Kabylie, à l'Ouest, et aussi à l'Est. Aujourd'hui, ce qui se passe est franchement déplorable à cause de cette violence qui va finir par tuer notre football. Et dire qu'à mon époque, un jour que le MCA jouait à Oran face au prestigieux MCO, tout le public oranais du stade Zabana m'avait longuement applaudi lorsque j'ai réussi à inscrire un but jugé d'anthologie par tous les présents. A notre époque, le vrai spectacle se déroulait sur le terrain et dans un fair-play total. En parlant de fair-play, juste après votre titre de champion d'Afrique des clubs champions obtenu pour la première fois en 1976, pouvez- vous nous rappeler une anecdote en la matière? Par exemple l'invitation qui avait émanée en 1977, de la part du prestigieux Real Madrid, et qui avait permis au MCA de prendre part pour la première fois dans l'histoire du football algérien, au 75e anniversaire de Santiago Bernabeu. Un tournoi qui avait surtout permis au MCA d'affronter le grand Real (1-2), et par la suite de faire match nul (1-1), face à l'Iran, une année seulement avant sa participation au Mondial 1978, organisé par l'Argentine. Un grand souvenir pour vous, n'est-ce pas? Et comment! faire partie de l'équipe qui a permis au football algérien de se faire respecter au niveau africain aux côtés des prestigieux Ahly du Caire, du WA Casablanca, du Club Africain, du Hafia de Conakry, avait constitué pour tous les Mouloudéens une très grande fierté. Un peu comme le fait aujourd'hui l'EN dont vous avez aussi eu le grand privilège de porter le maillot? Parfaitement, même si se sont deux époques différentes. Quelles sont les chances de qualification des Verts à la CAN 2012? Maintenant, tout est possible pour l'EN. Et le match retour contre le Maroc? Justement, le fait d'avoir battu ce pays voisin qui pratique un football d'excellente facture, devra logiquement remettre en confiance l'EN. Moi, en tout cas, je reste persuadé que notre Equipe nationale peut obtenir un bon résultat au Maroc, d'autant plus que l'entraîneur Abdelhak Benchikha est réputé pour son mental de battant. En France, vous suivez régulièrement le football algérien? Comme tout Algérien qui se respecte, bien sûr. Je me déplace aussi régulièrement au stade Gerland pour suivre les matchs de l'Olympique de Lyon, tellement l'ambiance est cordiale et franchement familiale. L' OL est aujourd'hui un grand club professionnel du championnat français, dirigé comme il se doit par un président Aulas qui est bien entouré à tous les niveaux. Quand vous voyez un ex- joueur comme Bernard Lacombe réussir sa carrière de manager sportif à Lyon, cela prouve pourquoi ce club figure depuis longtemps parmi les meilleurs en France. Un dernier mot peut-être pour conclure? J'espère sincèrement qu'il est temps qu'un club aussi prestigieux que le MCA soit très sérieusement entouré. Je souhaite, enfin, bonne chance à l'EN qui nous a tous procuré de grandes joies en 2010, et qui est capable de se qualifier à la prochaine CAN.