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Le foot a changé, les mentalités aussi...
Ghalem Abdelkader (Zerga). Ancien goal du MCA et de l'équipe nationale
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2010

«Il n'y a pas d'endroit dans le monde où l'homme est le plus heureux que dans un stade de football.»
Albert Camus
e tout son trajet sportif, s'il ne devait rester qu'une seule chose, ce serait probablement les mots. Et Zerga en a toute une besace pleine. Son temps de parole est conté. Mais qui se souvient de Zerga ? Ceux qui ont les tempes grisonnantes garderont, sans doute, l'image bien ancrée de ce goal fantastique et fantasque, qui jouait, grâce à un talent reconnu, sur du velours mais aussi sur les nerfs des supporters. C'était tout juste après les années euphoriques de l'indépendance. On est chez lui, à Blida, dans un appartement au dernier étage, à la façade quelconque.
Il nous reçoit, Braham Attar, ancien joueur du MCA et vieil ami commun, et moi dans son chez-soi où il réside depuis des années. Une méchante maladie (des artères bouchées), l'a cloué dans un fauteuil roulant. Zerga a été amputé d'une jambe il y a quelques semaines et visiblement il accepte avec stoïcisme et dignité sa nouvelle situation.
«Que voulez-vous, c'est la volonté de Dieu, on n'y peut rien. Je suis profondément croyant et je suis obligé d'accepter mon sort. Heureusement que cela m'est arrivé maintenant à un âge déclinant et non pas dans ma jeunesse. Je n'aurais pas goûté aux immenses sensations du football», admet-il, fataliste et résigné.
La dotation prochaine d'une prothèse le console un peu. Sinon, Zerga a gardé toute sa bonne humeur et son humour sarcastique.

Passionné de foot
Et puis, n'allez pas croire que ça calanche côté mémoire. Il raconte tout à trac son passé, le must de ses années échevelées. Ses conquêtes, mais aussi ses défaites. Avec quelque chose de musical dans le timbre de sa voix, il évoque son idylle d'avec le sport qui «en fin de compte n'est qu'un jeu. Il devait le rester. Or, c'est désormais un drôle de jeu», jongle-t-il avec les mots. Zerga veut stigmatiser la dilution des valeurs. «Où sont le goût du jeu, l'attrait du risque, le vertige de l'effort, la défense des couleurs, le mouillage du maillot qui sont réduits, hélas, à des choses abstraites ?» «De nos jours, on ne recense plus les victoires, les scores et les performances mais une liste de gains, de contrats et de sponsors», résume Zerga, qui est aussi à l'aise dans la discussion que sur les terrains. De son nom Ghalem Abdelkader, né le 27 avril 1938 à Tunis, où s'était établi son père dans les années trente pour échapper au service militaire. Sa famille est originaire de Khemisti dans la wilaya de Tiaret.
«Mon enfance a été turbulente et je vous mentirais si je vous dis que je n'étais pas un petit délinquant qui a été mis dans une maison de rééducation et a échappé même à la prison. J'ai exercé des petits métiers, mais j'ai beaucoup travaillé dans la ferronnerie avec mon oncle
Abdeslam Trabelsi. J'étais destiné à être forgeron. C'est à Gamart où nous avions aménagé que j'ai connu le football où je me distinguais déjà dans les quartiers, où je tapais dans l'œil d'un maître d'éducation physique M. Hamza. Mais c'est un dirigeant de grande envergure, M. Azzouz Denguir, le père du Club Africain, qui m'a intégré en juniors dans ce club prestigieux. Au milieu des années cinquante, la tentation de l'émigration m'a emmené en France où j'ai bourlingué. J'étais à Lyon et à Saint Nazaire pour tenter d'exercer dans les chantiers navals, mais j'ai dû me rabattre sur Marseille.
En 1958, je suis retourné à Tunis où M. Denguir m'intégra dans le Club Africain. Au bout de 3 mois, l'entraîneur italien Fabio me titularisa. Quatre mois après, j'étais sélectionné en équipe nationale tunisienne. A l'indépendance, j'ai regagné mon pays à l'instigation de M. Alem, dirigeant de l'équipe du FLN qui m'a orienté vers le Mouloudia d'Alger qui était entraîné à l'époque par Fouila.»
Zerga, qui tient ce surnom de ses yeux bleus, raconte avec beaucoup d'humour sa première apparition au stade de St Eugène en 1963.
«On avait joué contre le CRB qui nous administra une correction 4 à 0 et sur notre terrain ! Les supporters gonflés à bloc, au bord de la crise de nerfs, m'avaient pris pour cible. ‘‘Retourne chez toi en Tunisie avec ta harissa''. J'étais sur le point de faire mes valises et repartir en Tunisie. Mais je ne pouvais pas le faire.
Après le mca, l'usma
Boubekeur venait de signer à l'USMA. Le MCA n'avait pas de goal. Les dirigeants comme
Derriche, Djazouli, Tadjet, Benhabyles en hommes sages, m'en avaient dissuadé. Puis, les succès se sont succédé à Blida et à Boufarik. De pestiférés, on était devenus des héros.» C'est aussi ça les mystères et les incertitudes du sport.
Zerga n'oubliera pas ce match à incidents gagné au stade El Anasser face au MCO, mais qui laissera des séquelles et... des suspensions. Il se remémore les derbies algérois «qui vous donnent de ces sensations, de ces émotions que vous ne trouverez nulle part ailleurs».
Mais le foot a aussi son revers, comme cet épisode vécu dans la tourmente à Oran où le MCA croisait le fer avec son homologue oranais.
«C'est un mauvais souvenir car j'ai été incarcéré injustement dans les geôles pendant deux nuits au motif que j'avais éborgné un jeune supporter local. En vérité, à la sortie du stade, les supporters nous lancèrent toutes sortes de projectiles. Brahim Aouadj répliqua en lançant une pierre dans leur direction. La rumeur faisait croire qu'elle avait atteint l'œil d'un supporter et que j'étais l'auteur de cet accident. Il n'en était rien. Le commissaire d'Oran, fervent supporter du MCA, avait fait les investigations nécessaires pour s'apercevoir que l'accidenté en question n'en était pas un et vaquait normalement à ses occupations. De fait, on m'a libéré, mais j'ai été profondément marqué par cet épisode.»
Zerga se rappellera aussi de la réaction coléreuse de Khabatou qui l'avait insulté lorsque le keeper algérois avait encaissé, en France, deux buts sur coup franc, face à Bastia, où évoluait Rachid Mekhloufi. La forme déclinante et l'émergence de Kaoua devenu titulaire avaient relégué Zerga sur le banc.
«Un jour, Yacef Saâdi m'avait sollicité pour rejoindre les rangs de l'USMA. Je n'ai pas hésité un instant. Et lorsqu'on a joué la finale face au MCA, je ne vous cache pas que j'avais voulu intensément gagner ce match. Je ne sais pas pourquoi. On menait 2 à 1 face à la meilleure attaque d'Afrique du Nord. Bachi, Betrouni, Bousri, Draoui... jusqu'au moment où Keddou, emporté par son enthousiasme, avait déserté son poste pour monter en attaque. On a perdu 4 à 2. Mais ces derbies se terminaient toujours dans la joie et la bonne humeur», signale Zerga, qui a aussi gardé les bois de l'équipe nationale. Une rivalité
farouche régnait entre le Congo Brazaville et le Congo Kinshasa. «On avait joué contre ce dernier pays. Dans les vestiaires, le frère du président assassiné à Brazzaville nous suppliait de gagner ce match. Je me rappelle qu'on s'était illustrés et j'avais fait de grandes prouesses face aux attaquants adverses déchaînés.»
Comblé par le jubilé
Puis, Zerga, «afin de ne pas oublier», dit-il, nous priera d'évoquer le jubilé qui lui a été consacré le 7 septembre dernier à Bologhine. «Je remercie tous ceux qui m'ont aidé et qui étaient à mes côtés dans les moments difficiles, surtout mes anciens camarades du MCA. Ce jubilé m'a fait du bien. J'avais rencontré des amis perdus de vue depuis plus de quarante ans. J'étais comblé !»
Le football, qu'il continue bon an mal an à
suivre, il lui consacre une place bien spéciale dans son cœur. «Je suis le football à la télévision. A mon sens, les matches du championnat national ne sont pas dignes d'intérêt. On se dit professionnel, mais on joue un football de rue. Le professionnalisme exige des hommes pour le mettre en chantier. Ce qui me désole un peu, c'est que les moyens existent mais sont en totale inadéquation avec le niveau faible que l'on nous sert tous les week-ends.»
Le MCA le fait-il toujours rêver ? «L'année dernière, les jeunes avaient décroché avec brio, le championnat. Cela a mis un peu de baume au cœur des milliers de supporters que je salue au passage. J'espère que les joueurs vont s'améliorer. Je le dis et le répète, les grands clubs doivent préserver leur standing et la seule richesse demeure l'élément humain. Ce que je constate, c'est que souvent l'encadrement n'est pas à la hauteur», se désole-t-il.
Dans un autre registre, Zerga persiste à dire que les évolutions ne se font pas toujours dans le bon sens. «Ce qui a changé, ce qui change, ce sont ces comportements. Les bonnes valeurs se sont estompées.»
Peut-être que l'ancien gardien le plus en vue au lendemain de l'indépendance veut-il signifier que l'inexorable entrée en scène de l'argent a tout chamboulé en ne laissant aucune place à la création, à l'art et... à la folie !


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