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L'Algérie littéraire devant la critique
UNE REVUE QUEBECOISE LUI CONSACRE UN NUMERO SPECIAL
Publié dans L'Expression le 09 - 01 - 2003

Il est de fait que la littérature algérienne a dès les années 70 passionné les Québécois qui lui ont consacré forums et conférences.
Le Québec s'intéresse depuis une trentaine d'années à la littérature maghrébine, et particulièrement algérienne. Voici que l'une de ses plus honorables revues, Etudes littéraires, lui consacre son dernier numéro thématique au titre ambitieux Algérie à plus d'une langue.
Après une introduction de Mireille Calle-Gruber, coordinatrice d'un numéro placé sous le signe d'une névralgérie autant littéraire que sentimentale, s'ouvre en liminaire son entretien avec Albert Memmi. Dans Emergence d'une littérature maghrébine d'expression française-La génération de 1954 (cette dernière expression est de Henri Kréa), l'écrivain-essayiste - parallèlement à des propos instructifs d'histoire littéraire - positionne clairement la problématique d'hier (et récurrente encore chez certains esprits) de tout écrivain maghrébin écrivant en français. Celui-ci est indissolublement défini, tant par la critique que par lui-même, avec les caractéristiques de sa société sous domination: langue, nation, nationalité, mais aussi communauté ethnique, appartenance religieuse, engagement politique.
Les autres articles ont trait essentiellement à des écrivaines vues par d'autres femmes. Les parts du lion reviennent à Assia Djebbar et Hélène Cixous dans des textes bicéphales, c'est-à-dire d'elles-mêmes et sur leurs oeuvres. La première présente sa dernière création, qu'elle qualifie de drame musical, soit Filles d'Ismaël dans le vent et la tempête. Il s'agit d'une originale approche profane - dans tous les sens - mais toute déférente, d'un moment du sacré musulman: la tragédie (dans sa perception occidentale) de Aïcha, mère des croyants et de Fatima, après la mort de leur illustre Mari et Père. Quant à Hélène Cixons, elle clame à la fois sa nostalgérie (ce mot ancien n'est pas de Jacques Derrida comme il est mentionné, mais est attribué généralement à François Angiéras) et son algériance (son propre néologisme) dans un beau texte lyrique où se mêlent destin individuel, l'histoire en train de faire et le croisement des langues. Tassadit Yacine, dans Langue et domination s'interroge sur la fonction hiérarchique des langues, déterminantes en Algérie d'une identification individuelle sinon sociale. Avec un récit autobiographique bouleversant, Leila Sebbar (issu d'un mariage mixte) avoue sa douleur due au Silence de la langue de mon père en Algérie coloniale où l'enfance n'est guère magique tant l'innocence des têtes blondes et brunes est un mensonge. Nina Bouraoui, l'autre Algéro-Française par excellence de la seconde génération, est également étudiée à travers son premier roman au titre explicite La voyeuse interdite.
D'autres études viennent enrichir l'espace masculin. Citons, de Michel Levallois, Le mariage arabe d'Ismaÿl Urbain un célèbre saint-simonien qui épousa - dans toutes les acceptations du mot - l'Algérie sous le Second Empire. Le premier homme, une autobiographie d'Albert Camus, est une réflexion suggestive de Keling Wei sur Camus l'Algérien de naissance, de sort, de corps et presque de mort. Hervé Sanson, quant à lui, traite de Arriver en errance: le cas Sénac où il démontre, entre autres, comment ce poète a réapproprié la langue arabe dans un discours novateur entièrement voué à sa douloureuse quête nominative dans une Algérie sublimée et parfois honnie. Najib Redouane revient à la symbolique déjà classique du Fleuve détournée de Rachid Mimouni dans De l'indépendance confisquée à l'identité bafouée. Enfin, de superbes illustrations autour de Rachid Koraïchi potier et sculpteur calligraphique viennent harmoniser le commentaire de Marine Lostia sur son oeuvre, une architecture céleste pour le soufisme.
En définitive, diversifié dans ses lectures forcément européocentristes - sans euphémisme - et ses sujets à discussion féconde, ce volume bien conçu ne suscite qu'un seul regret: l'absence des littératures de langue arabe, voire de langue amazighe écrite (sans compter les marginales produites en anglais ou en espagnol). Il ne s'agit que d'un déficit de contributions en la matière et non d'un quelconque apartheid linguistique qui ne ferait qu'aviver un noeud gordien déjà fort lancinant: celui d'une littérature en plusieurs langues qui continue en Algérie, envers et contre tous, à s'ignorer mutuellement.


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