Stars d'hier, vieilles gloires aujourd'hui, ils ont beaucoup perdu de leurs muscles et de leur prestance, mais ils ont, cependant, gardé deux choses essentielles aux yeux des puristes et des nostalgiques. La technique en mouvement de Belloumi, les grandes enjambées de Merzekane, les débordements irrésistibles de Chebel et l'excellent placement de Korichi sont restés presque intactes et témoignent encore – si besoin est – d'un passé glorieux et nous rappellent en fait l'épopée inoubliable du fameux Mondial espagnol de 1982, même s'ils remontent à presqu'une trentaine d'années. C'est dire que les héros de Gijon, qui ont terrassé à l'époque l'ogre allemand pour écrire l'une des plus belles pages de la Coupe du monde, continuent à attirer la grande foule et à susciter un engouement populaire là où ils passent. Et cela s'est encore vérifié cette semaine où les anciens de Gijon ont effectué un véritable pèlerinage dans le lointain Québec où ils ont été invités par l'Académie de football Adlani dirigée par l'Algérien Ahcène Adlani. Ils auront eu droit à un accueil très chaleureux de la part des milliers d'Algériens résidant au Canada, principalement à Montréal et dans la ville de Québec. Dès mercredi dernier, à leur arrivée à l'aéroport international de Montréal, les camardes d'Ali Fergani et les milliers de citoyens canadiens étaient agréablement surpris par l'engouement populaire sans précédent qui régnait dans un aéroport vite transformé en tribune enflammée de stade où les “One, two, three, viva l'Algérie” et les “Djibouha ya louled” ont fusé comme au stade du 5-Juillet alors que les youyous fusaient de tous les côtés pour planter une ambiance méditerranéenne bien de chez nous. C'est dire que cette belle tournée qu'effectuent depuis quelques jours les anciens internationaux algériens au Canad pays du soccer et surtout du football américain aura comblé d'aise toute l'importante communauté algérienne résidant dans la province du Québec, mais aussi l'importante délégation algérienne conduite par Ali Fergani en tant que président de l'Association des Anciens internationaux et rehaussée par la présence de certains vétérans de la première heure qui ont pour noms Mohamed Lekkak, Ali Attoui et autres Zoubir Bachi. Et pour le compte de leur premier match de gala disputé vendredi soir au stade Laval de Québec, à quelque 250 km de Montréal, les camarades de Belloumi ont déjà attiré la grande foule dans une ville où la communauté algérienne n'est pourtant pas aussi importante qu'à Montréal. Et pour cause, ils sont venus très nombreux pour la plupart en famille pour respirer l'air du bled, supporter les Verts et humer d'une façon précoce le parfum énivrant du Mondial sud-africain. Opposée à une sélection provinciale du Québec les “Vieilles gloires” du football algérien ont quelque peu souffert devant la jeunesse et la robustesse de l'adversaire du jour mais les Belloumi and co ont réussi à imposer leur football chatoyant toujours fait de gestes spectaculaires et de football de charme qui permit aux Algériens de tenir la dragée haute à l'adverse du jour en le forçant au match nul 5-5, soit quatre buts pour le seul Abdelhafid Tasfaout et une réalisation de Merzekane. “De telles rencontres nous font réunir et surtout rajeunir à plus d'un titre”, nous dira ce vieil Algérien installé au Québec depuis les années 1980 qui a éprouvé bien du plaisir et surtout de l'émotion à s'approvisionner en autographes de rêve tout en expliquant à sa femme québécoise et ses gamins vêtus aux couleurs algériennes. N'est-ce pas qu'ils seront des milliers d'Algériens résidant à Montréal, à Québec ou à Ottawa à venir faire la grande fête cet après-midi à partir de 15h, saluer les stars d'hier à Gijon et à Mexico “tout en priant pour la bande à Saâdane”. Comme quoi, il n'y a que le football, sport roi par excellence, qui peut engendrer autant de bonheur et de passion à des milliers d'Algériens follement amoureux, comme d'habitude, de tout ce qui touche aux couleurs nationales.
