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“L'état de la Mauritanie nous inquiète”
Les sahraouis et les répercussions diplomatiques de l'Après-coup d'Etat
Publié dans Liberté le 28 - 09 - 2008

L'après-coup d'Etat intervenu en Mauritanie, 15 mois après une présidentielle saluée comme un modèle démocratique pour l'Afrique et le monde arabe, interpelle tout le monde, particulièrement les Sahraouis. La situation du voisin inquiète ces derniers. Pour Baba Sayed, la déstabilisation de ce pays profiterait au “Maroc expansionniste”, qui n'a toujours pas admis l'indépendance de la Mauritanie et qui occupe illégalement le territoire non autonome du Sahara occidental. Le Maroc, suggère le chercheur sahraoui, veut obliger la Mauritanie à se mettre sous son “aile protectrice”, pour prouver aux puissances occidentales que les “beïdanes”, qu'ils soient Mauritaniens ou Sahraouis, ne sont pas faits pour bâtir ou pour diriger des Etats.
Pour de multiples et nombreuses raisons, qu'il serait fastidieux d'énumérer ou de recenser ici, tout ce qui se passe chez nos frères et voisins mauritaniens ne nous laisse et ne peut nous laisser insensibles ou indifférents. C'est dire que les récents évènements survenus, lors des dernières semaines à Nouakchott, et qui ont abouti au changement de régime, ont constitué au plus haut point pour nous, Sahraouis, de sérieuses et légitimes inquiétudes. Comment peut-il en être autrement alors que nous sommes en permanence exposés, les uns comme les autres, de la part du royaume du Maroc et de bien d'autres puissances d'outre-mer, à de grands et graves défis qui, à défaut de ne pas y prêter toute l'attention requise, peuvent mettre en danger, à chaque instant, jusqu'à nos existences ? Le peuple sahraoui a la plus grande et importante frontière avec la Mauritanie. Au cours des siècles — c'est une donnée qui participe de l'évidence —, il a réussi à tisser avec elle de solides liens d'amitié et de bon voisinage, qui ont été largement facilités, il est vrai, par le fait qu'en plus des multiples liens sociaux et linguistiques de tous les peuples de la région, nous sommes les deux seuls peuples à avoir en partage “la culture beïdane”. Mais il est tout aussi vrai qu'à côté de ces liens d'amitié et de fraternité indéniables, nous avons à gérer en commun, depuis les trois dernières décennies, une histoire qui n'a pas toujours été sans (petites) histoires. En effet, le peuple sahraoui n'a pas et ne peut pas oublier qu'en 1975, alors qu'il fondait de grands espoirs sur son aide et son assistance, la Mauritanie a trahi sa confiance et lui a tourné le dos. Elle a été partie prenante, avec le Maroc et l'Espagne, des accords tripartites de Madrid, de sinistre mémoire, aux termes desquels les Sahraouis ont été divisés comme un troupeau de moutons, leur territoire dépecé et leurs richesses pillées. En se faisant la coupable complice de nos pires ennemis, la Mauritanie nous a porté un coup de poignard dans le dos, dont nous ressentons encore profondément la douleur. En décidant d'apporter son concours au Maroc, dans son entreprise de génocide et de conquête militaire de notre pays, la Mauritanie nous a lamentablement déçus. Elle a incontestablement, par son geste inconsidéré, altéré nos rapports et porté un grand préjudice à la solidité et à la qualité de nos relations. Conscientes de la nécessité de ne pas insulter l'avenir et de ne pas rester prisonnières, ad vitam aeternam, de ce lourd passif, les directions des deux pays se sont attelées à la tâche ardue de rétablir la confiance entre les deux peuples. Les dirigeants mauritaniens n'ont ménagé ni leur temps ni leurs forces pour nous aider à oublier les séquelles traumatisantes de ce passé qui, pourquoi ne pas le reconnaître, a de la difficulté à passer. Quelques années après la signature desdits accords tripartites de Madrid, par la Mauritanie, et son entrée officielle en guerre aux côtés du Maroc, contre son voisin et frère sahraoui, des dirigeants mauritaniens, qui ont eu tout le loisir de mesurer la gravité de l'erreur néfaste commise par leur gouvernement, et qui ont pris conscience des graves et lourdes conséquences sur les plans social, politique, militaire, économique et stratégique, qu'une telle erreur a engendrées pour leur propre pays, ont décidé de sauver leur pays d'un désastre annoncé.
Une stabilité au service de la sécurité
En mettant fin au régime coupable, à leurs yeux, d'avoir été à l'origine de la guerre, ils ont tenté courageusement d'y remédier. Après avoir conclu la paix avec le Front Polisario et mis ainsi un terme définitif à une guerre absurde et coûteuse, ils ont décidé peu après de prendre leurs distances avec le régime expansionniste marocain et d'opter pour une politique de neutralité bienveillante dans le conflit qui oppose ce dernier au peuple sahraoui. De cette manière, ces dirigeants mauritaniens ont pu empêcher, à temps, les forces armées marocaines, présentes sur leur territoire et qui constituent une réelle menace pour l'indépendance de la Mauritanie, de s'incruster dans leur pays. De manière générale, ils ont empêché l'Etat marocain, qui n'a en fait renoncé à ses visées sur la Mauritanie que du bout des lèvres, de transformer, en dernier lieu, leur pays en protectorat ; un pays contraint de mener, par procuration, une désastreuse guerre qui n'est pas la sienne et qui, pis encore, ne peut qu'hypothéquer dangereusement l'avenir de l'Etat mauritanien.Les responsables sahraouis, de leur côté, ont tout fait pour montrer au peuple et aux dirigeants mauritaniens que les Sahraouis ne peuvent concevoir leur liberté et leur dignité, encore mois l'indépendance de leur pays, que dans un cadre qui garantisse avant tout à la Mauritanie sa souveraineté et sa prospérité. Les dirigeants sahraouis ont apporté la preuve continue, tangible et concrète à leurs homologues mauritaniens et au peuple mauritanien, que la stabilité de la Mauritanie est indiscutablement une condition sine qua none de notre propre sécurité. Avec les événements survenus au cours des dernières semaines à Nouakchott, et au regard des visées expansionnistes que les dirigeants marocains n'ont cessé de nourrir à l'égard de la République sahraouie démocratique (RASD), mais également à l'encontre de la Mauritanie sœur, il est nécessaire de rappeler ici la nécessité impérieuse pour les dirigeants sahraouis et mauritaniens de maintenir et de renforcer les traditions de concertation et de coopération, afin de barrer la route à ceux qui ont intérêt à semer la zizanie et à susciter la haine entre les deux peuples frères, mauritanien et sahraoui, à ceux qui veulent les pousser à nouveau sur la voie de la mésentente et de la discorde. Nous savons que le Maroc expansionniste ne ménagera aucun effort pour profiter de la situation difficile, que nous espérons passagère, que traverse la Mauritanie sœur, pour opérer un retour en force sur son territoire. Un retour que nous jugeons, et les Mauritaniens et leurs dirigeants en sont certainement conscients, hautement préjudiciable pour un pays, dont l'unité, la paix et la stabilité sont un sérieux gage d'unité, de paix et de stabilité pour le nôtre. Pour conforter sa position au Sahara occidental, le régime marocain cherchera, par tous les moyens, à se rendre utile et d'offrir ses services à la Mauritanie. Seulement, l'expérience nous a enseigné que l'objectif constant et immuable du régime expansionniste marocain en Mauritanie a été, et ce, depuis que cette dernière a émergé en tant que pays indépendant et souverain, d'essayer par tous les moyens de l'affaiblir et de la déstabiliser. L'objectif, en dernier ressort, est d'obliger la Mauritanie à se mettre “volontairement” sous son “aile protectrice”. En procédant de la sorte et seulement de la sorte, le Maroc pourra semer les germes de la déstabilisation et de la discorde, et apporter ainsi la preuve aux puissances occidentales qui sont prioritairement intéressées par la stabilité de la région, qu'elles considèrent à juste titre comme l'antidote au terrorisme, que les beïdanes, qu'ils soient de la Mauritanie ou du Sahara occidental, ne sont pas faits pour bâtir ou pour diriger des Etats. Pour notre part, nous considérons la prospérité, la paix et la stabilité de la Mauritanie sœur à la fois comme un précieux atout pour nous et une condition nécessaire et indispensable pour la stabilité de toute la région. C'est pourquoi nous affirmons que la présence des officiers et des hommes de troupe marocains sur le territoire mauritanien nous inquiète et suscite nos vives et profondes appréhensions. Cette présence est non seulement une intolérable atteinte à la souveraineté et à l'indépendance de la Mauritanie, mais elle constitue également une lourde et grave menace pour la stabilité et la concorde dans la région du Maghreb et bien au-delà. Nous demeurons cependant confiants : face aux graves et lourds dangers qui guettent leur pays, le peuple mauritanien frère et ses forces vives sauront prendre, le moment opportun, les mesures appropriées et adéquates pour préserver l'indépendance et l'unité de leur pays. Avant qu'il ne soit tard, ils sauront empêcher l'Etat marocain de profiter de la conjoncture difficile qu'il traverse, pour semer les germes d'une déstabilisation, seule condition à même de permettre au Maroc de concrétiser les visées expansionnistes auxquelles il n'a jamais réellement renoncé sur les pays des “beïdanes”.
B. M. S.
(*) Président du centre de Saguiet Al-Hamra et Rio d'Oro pour les études stratégiques et politiques.


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