Comme il fallait s'y attendre, les massacres de l'armée israélienne à Gaza ne sont pas restés sans conséquences sur le projet d'Union pour la Méditerranée, cher au président Sarkozy. Les pays arabes membres de cet ensemble régional gèlent leurs activités, refusant d'être à la même table que l'Etat hébreu dans la situation actuelle. Bien qu'officiellement il n'y ait pas eu de réactions, un haut responsable égyptien a confirmé que les pays arabes ne voulaient pas de contacts avec Israël dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, suite à son agression meurtrière contre les Palestiniens de Gaza. “On peut parler d'un gel jusqu'à nouvel ordre”, a affirmé cette source, tout en prenant le soin de préciser que “les Arabes ne vont pas courir s'asseoir aux côtés des Israéliens dans un tel climat”. L'Egypte, qui assure la coprésidence de l'Union pour la Méditerranée avec la France, aurait été jusqu'à prendre l'initiative de demander le report de toutes les réunions prévues durant le mois en cours, janvier, pour fixer des règles-clefs de gouvernance de l'UPM. Même, si le Caire a évoqué une “surcharge du calendrier diplomatique”, pour justifier sa requête, cette “excuse officielle” présentée aux Européens n'est qu'une tentative de dissimuler le “sentiment insupportable”, ressenti par les partenaires arabes à devoir discuter avec une délégation israélienne dans le cadre de l'UPM. Par ailleurs, une réunion politique des hauts fonctionnaires des pays membres et des comités techniques a été reportée à une date ultérieure à la demande de l'Egypte, a indiqué une source européenne. Pour information, ces réunions devaient en particulier régler les questions de base, toujours en suspens, comme la composition et le mandat du secrétariat général, chargé de gérer les projets concrets de l'UPM. Ainsi, le projet phare de la France, durant sa présidence de l'Union européenne de juillet à décembre 2008, est pratiquement au point mort. Il est la victime collatérale de l'offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza, qui n'a pas laissé les parties arabes sans réactions. Ceci étant, il n'y a pas que l'Egypte à adopter cette position. Il en est de même pour les pays du Maghreb, qui auraient “commencé à revoir” leur participation à l'Union pour la Méditerranée (UPM), suite à l'offensive israélienne à Gaza, selon un porte-parole de la présidence de l'Union du Maghreb arabe (UMA), à Tripoli. “Les pays de l'UMA ont commencé à revoir leur adhésion à l'Union pour la Méditerranée, tant que les Israéliens et les Palestiniens en sont membres, notamment après ce qui s'est passé à Gaza”, a indiqué la même source, qui a gardé l'anonymat, citée par l'agence officielle libyenne Jana. En outre, la Libye qui assure la présidence de l'UMA s'était clairement déclarée d'emblée contre cette Union prônée par le président français Nicolas Sarkozy. Mouammar Kadhafi estime que l'UPM porterait atteinte à l'unité arabe et africaine. Il y a lieu de souligner que depuis le 27 décembre et le lancement de l'offensive israélienne meurtrière dans la bande de Gaza, les médias officiels libyens mènent une campagne virulente quasiquotidienne contre l'UPM, estimant que la guerre de Gaza était le “résultat” de cette union. Ils ont dénoncé notamment la position des pays européens membres de l'UPM soutenant selon eux l'Etat hébreu. Mouammar Kadhafi pense que les projets économiques promis aux pays du sud de la Méditerranée étaient un “appât” et représentaient “une sorte d'humiliation” pour ces pays. “Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu'ils nous jettent des os”, avait-il notamment dit lors d'un mini-sommet arabe en juin à Tripoli, avant le lancement officiel de l'UPM en grande pompe à Paris cette instance de 43 membres, dont les 27 pays de l'Union européenne, 11 partenaires arabes et Israël. Merzak Tigrine
