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“Comment j'ai été violée par un terroriste”
Une victime témoigne huit ans après le drame
Publié dans Liberté le 16 - 06 - 2005

En classe terminale série sciences, elle n'avait d'autres soucis que de réussir son bac, jusqu'au jour où les terroristes brisent sa vie.
“Achaque fois qu'un homme s'adresse à moi, je me dis que c'est un terroriste !” C'est la conviction de Samira, une fille violée par un terroriste à l'âge de 19 ans. Huit ans après son drame, les années et les problèmes de la vie n'ont en rien affecté sa mémoire de l'horreur qu'elle a vécue. Elle se souvient, en effet, de son viol dans les moindres détails, comme s'il datait d'hier. Les faits remontent à 1997. Plus précisément au mois de juin. “C'était un vendredi”, se souvient-elle. Ce jour-là, une de ses voisines, dans la région de Blida, nouvellement mariée à La Casbah d'Alger est venue chez elle lui demander de l'aider dans “un grand ménage” qu'elle s'apprêtait à entreprendre. Sans hésiter, Samira accepte la sollicitation de sa copine, compte tenu de la relation de “confiance et de complicité” qui s'est tissée entre elles au fil des années, mais également au regard de la proximité de leur âge. De nature extravertie, sociable, sensible, Samira a également tendance — comme aime-t-elle à se définir — “à sourire volontiers aux autres et à me faire facilement des amis”. Elle ne rechigne pas non plus à venir en aide à une personne en difficulté, à plus forte raison quand il s'agit d'une amie.
C'est ce comportement qui lui colle à la peau comme une seconde nature qui l'a, selon toute vraisemblance, poussée à devenir la “confidente” de son ancienne voisine et à se lier d'amitié avec elle. Samira lui a été, en effet, d'un grand réconfort moral en prêtant une oreille attentive à ses problèmes de couple. “Elle me parlait souvent de son mari et des problèmes qu'elle a vécus avec lui de son vivant. Elle me disait qu'elle avait énormément souffert avec lui et qu'il ne cessait de la tromper avant de décéder d'une cause naturelle”, précise-t-elle sur le ton du regret. En arrivant chez son ancienne voisine, Samira l'a effectivement aidée à faire le ménage tout en papotant un bon moment avec elle. Deux heures plus tard, Samira a expliqué à son amie qu'il était temps qu'elle rentre chez elle. “D'accord ! Mais peux-tu m'accompagner pour cinq minutes seulement chez une voisine qui habite juste ici à La Casbah ?” lui avait demandé la jeune mariée. “Pour 5 mn, il n'y a pas de problème”, répond Samira. Il était 16h quand les deux femmes rentrent dans le domicile de la voisine. Dans cette maison appelée communément “douera” (maisonnette) à La Casbah, il n'y avait personne d'autre qu'une femme. Du moins en apparence. Âgée d'environ 35 ans, cette dernière faisait la vaisselle au moment où les deux femmes franchissaient le seuil de la “douera”. La femme en question c'était pour ainsi dire la préposée au ménage. à peine à l'intérieur quatre hommes font brusquement irruption.
LA SOURICIÈRE
C'étaient des hommes quelconques, en jeans et en tee-shirts et ne présentant aucun signe suspect. Le plus âgé d'entre eux devait avoir dans les 35 ans tandis que les trois autres devaient ne pas dépasser les 25 ans. Hébêtée, Samira n'a pas eu le temps de se poser des questions par rapport aux assaillants que sa copine lui propose d'épouser l'un d'eux : “Avec qui veux-tu te marier ?” l'interroge-t-elle. “Je dois d'abord consulter mes parents”, lui explique Samira d'une voix à peine audible. Rebondissant tout de suite après, la jeune mariée en pointant du doigt un des assaillants, regarde Samira en lui disant : “tu vas te marier avec celui-là !” Terrorisée, la victime n'a eu le temps de réaliser ce qu'il lui arrivait qu'un des assaillants a commencé à lire la Fatiha, la désignant l'épouse de celui élu par son ancienne voisine de Blida.
C'est que Samira vient d'être mariée à un terroriste. Les évènements se sont accélérés ensuite autour d'elle et ne lui ont pas donné le temps de réaliser ce qui lui arrive. Elle était pour ainsi dire dans un état second. La conduisant dans une des chambres de cette maisonnette, le terroriste devenu son époux l'a de suite violée. Elle n'a opposé cependant aucune résistance. “Qui pouvait, à ma place, résister à des terroristes ayant droit de vie ou de mort sur moi !” explique-elle. “De plus, je pensais à ce qu'il pouvait advenir de mes parents, si je dénonçais ces terroristes et qu'ils venaient à l'apprendre ?” se demandait-elle. “Si je m'enfuyais et que j'avertissais les services de sécurité, qui me garantit qu'ils n'iront pas se venger contre mes parents ?” “Rien ! D'autant que dans les cas où des témoins sont menacés, l'état ne leur assure la sécurité qu'à eux et non pas à leur famille entière !” C'est donc toutes ces raisons qui ont contraint Samira à se taire, malgré elle. “L'horreur était d'autant plus importante que je n'avais jamais eu de relation physique avec un homme ; ajouté au fait que ce terroriste était dégueulasse et sentait mauvais”. “Ce jour-là, dit-elle, j'avais compris que ma vie était finie !” “Je ne pourrais plus relever ma tête à cause du déshonneur qui m'a frappé en perdant ma virginité, j'ai perdu définitivement ma place dans la société et dans ma famille”, dit-elle encore. “Si seulement je pouvais mourir, je me libérerais ainsi de cette solitude qui fait que personne ne veuille me comprendre et que tous se sont ligués contre moi”. Séquestrée pendant trois jours dans la chambre, Samira subissait le viol, sans pouvoir se défendre. Elle ne quittait la chambre que pour aller aux toilettes qui se trouvaient juste à l'angle de celle-ci. Pour s'alimenter, c'est la préposée au ménage qui lui ramenait des plats jusqu'à son lit. Durant les trois jours de séquestration, elle ne savait pas ce qui se passait autour d'elle.
LA FUITE
Au quatrième jour de sa séquestration, les quatre terroristes ainsi que son amie de Blida quittent le domicile. Il ne restait que Samira et la préposée au ménage. Les terroristes à peine sortis ont été repérés puis éliminés par les services de la sécurité. C'est du moins la rumeur qui circulait dans toute La Casbah à cette époque. Ce jour-là, voyant la menace terroriste écartée, Samira a pu quitter le domicile, notamment que la préposée au ménage n'avait opposé aucun refus à sa sortie. Cette dernière l'a informée que le mari de sa copine était en fait un terroriste abattu au seuil de la porte de son domicile. “Une fois à la maison, maman m'a informée qu'elle avait signalé ma disparition à la gendarmerie”. De peur de représailles de la part des terroristes, Samira donnera à la gendarmerie une fausse version de son histoire : “Je me trouvais chez ma tante”, leur a-t-elle dit. “Mais j'ai raconté à ma mère la véritable version des faits”, tient-elle à souligner.
LE REJET FAMILIAL
Furieuse, la maman de Samira l'a accablée de reproches : “c'est ton comportement qui t'a conduite à ce genre de situation, c'est parce que tu fais confiance très facilement aux gens et que tu souris à n'importe qui que tu te retrouves devant ce genre de situation”, a crié la maman avant de prier Samira de sortir de la maison : “tu as perdu ta virginité, sors de chez moi ! Tu nous a déshonorés”, lui dit-elle. Seule pour faire face à l'horreur, Samira n'a trouvé personne pour la soutenir. Son frère et sa sœur étaient trop jeunes pour comprendre. son papa étant constamment absent de la maison familiale. Une fois dehors, Samira a tenté de se rendre chez sa grand-mère, cependant sans l'accord de sa tante et son oncle. Trouvant gîte dans un petit hôtel de la capitale, Samira a survécu, bon gré mal gré avec des “prostituées”. Jusqu'au jour où la police est venue la chercher chez elle à Blida. Elle était absente, ce jour-là. Et c'est en téléphonant à sa mère qu'elle fut au courant. “En me présentant chez la police, ils m'ont appris que les terroristes qui m'ont kidnappée, ont été abattus par les services de sécurité, ils m'ont demandé également de me soumettre à une enquête pour déterminer si oui ou non je n'avais pas aidé ces terroristes !” Furieuse de l'accusation dont on l'accable, Samira a promis aux policiers de les conduire à La Casbah, chez la préposée au ménage des terroristes pour la faire témoigner. “Cette femme n'y est plus !” ont-il indiqué. Soupçonnée de complicité avec les terroristes, Samira a passé “17 jours dans un commissariat d'Alger pour les besoins de l'enquête” avant d'écoper de deux mois et demi de prison ferme au pénitencier d'El-Harrach. De la prison, Samira a eu l'idée d'écrire une lettre à sa maman l'informant de ses péripéties. Très inquiète, la maman n'a pas tardé à constituer un avocat à sa fille suite à quoi Samira a bénéficié d'une liberté provisoire.
La maman de Samira a de suite ramené sa fille à la maison pour lui éviter d'autres mésaventures. Reprenant une vie à la limite de la normale, Samira vaquait à ses occupations quotidiennes tout en cherchant du travail. Jusqu'au jour où le voisin frappe à la porte de Samira : “un émir terroriste est à ta recherche”, lui dit-il. Echaudée de ne pas avoir dénoncé les terroristes le jour de son viol, Samira ira, cette fois-ci, directement à la police pour dénoncer les propos de son voisin. Ce dernier a été convoqué par la police qui l'a gardé une nuit dans le commissariat pour les besoins de l'enquête. Le lendemain, le voisin est relâché. “Sa femme est venue voir ma mère la menaçant de faire tomber ma tête”, témoigne Samira.
UNE VIE TUMULTUEUSE
Prise de panique, Samira quitte le domicile de ses parents. Elle a trouvé refuge dans le même hôtel où elle créchait auparavant. Une fille qu'elle a rencontrée dans cet hôtel lui a proposé de déménager vers une autre wilaya où “il n'y a ni les terroristes ni les problèmes”, lui dit-elle. Une fois dans cette wilaya, Samira a rencontré un homme témoignant de l'intérêt pour elle. “Etant persuadée qu'un jour ou l'autre je finirais par rentrer chez moi, lorsqu' il n'y aura plus de terrorisme, je ne voulais pas m'attacher à cet homme”, explique-t-elle. Quelques mois plus tard, la maman de Samira a reçu une personne démentant l'information selon laquelle “un émir était à la recherche de sa fille”.
Cette bonne nouvelle a poussé la maman de Samira à chercher sa fille partout, en vain... Et ce n'est que grâce à un coup de téléphone de Samira à sa maman qu'elle a appris “la bonne nouvelle”. Informée du lieu où se trouvait sa fille, la maman de la jeune-fille est venue la chercher en personne pour la ramener à la maison. Quelques semaines plus tard, Samira a reçu un invité surprise : l'homme qu'elle fréquentait dans l'autre wilaya. “Tu me manques Samira, reviens avec moi”, lui a-t-il demandé. Refusant la proposition dans un premier temps, Samira a dû par la suite revenir sur sa décision en se rendant compte qu'elle était enceinte. La grossesse a, par ailleurs, contraint le bonhomme à l'épouser. Après avoir donné naissance à deux enfants, son époux divorce d'elle et l'a prie de quitter le domicile conjugal. De retour chez ses parents à Blida, Samira, qui a la garde de ses enfants, s'est également attelée à chercher un travail pour subvenir à leurs besoins. Mais ce n'est que plusieurs années plus tard qu'elle est recrutée comme femme de ménage dans une société nationale. Aujourd'hui, même si elle n'arrive pas à oublier son viol, elle reconnaît néanmoins “l'aide précieuse de ma maman”, tient-elle à témoigner.
N. M.


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