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Carburant contre excédent agroalimentaire
Dans le froid de Bir El-Atter, les GGF luttent quotidiennement contre les contrebandiers
Publié dans Liberté le 05 - 02 - 2009

L'autre cible est le patrimoine. Si les sites archéologiques sont exposés au vandalisme et sont devenus le repaire des “soulographes”, certains étant carrément transformés en urinoirs, les pièces et sculptures font la tentation de quelques amateurs qui les proposent à des prix dérisoires. Une bonne partie du produit de la contrebande, excédent de production agricole et de l'industrie agroalimentaire tunisienne, se retrouvera sur des étalages à Tébessa qui a vu proliférer des grossistes en la matière.
Ni “hassi” ni parfum. Le matin de Bir El-Atter ressemble à tous les matins d'hiver des Hauts-Plateaux avec le froid qui épouse la plaine immobile et le silence que dérangent les vrombissements des véhicules furtifs. Les pick-up sont maîtres des routes. Indétrônables, à vive allure, il est quasiment impossible de les intercepter sur les grands axes. Leur seul handicap, c'est la piste. Et la piste longe la rivière, rarement en crue, qui délimite la frontière, de ce côté-là, avec la Tunisie. Dès que la patrouille des GGF est aperçue — des kechef sont postés un peu partout des deux côtés de la frontière —, le calme revient sur la route. Un 4x4 tunisien prêt à franchir la limite, las d'attendre, rebrousse chemin. Côté algérien, c'est un berger (multifonctions) qui a donné l'alerte. Tout au long de la route, on découvre ces guetteurs suivant des troupeaux, le téléphone à la main. Ils ne font même pas semblant d'être perturbés. Indifférents, ils continuent de reproduire le même réflexe. Le centre-ville tranche nettement toutefois avec le chantier Tébessa, avec ses couleurs, ses magasins et… sa propreté.
La sortie sud de la ville dévoile une longue plaine avec des champs et des fermes délimités. Quelques arbres fruitiers agonisants, abandonnés et secs. Dans chaque champ et ferme est plantée une petite maison d'une grande utilité. Ces constructions sont d'ailleurs toutes situées au bout des champs, au ras de la rivière. Sur les presque 100 kilomètres de frontière, le décor artificiel est identique. Succession de fermes pour la majorité “stérilisées”, maisonnettes de mise et, curieusement, partout des ânes prêts à servir. Sur la rive de l'oued est tracée une piste que des engins retapent après chaque crue qui en emporte des pans. À peine passées les dernières pluies, qu'un engin est dépêché sur place. Un rétrochargeur est en phase de terminer la tâche. Il consent à céder un bout de la piste pour la patrouille sous le regard méchant de quatre jeunes qui l'entouraient. Quelques centaines de mètres plus loin, on aperçoit trois hommes, deux sont en kachabia avec des fusils. Ils traversent pour rejoindre les GGF. Ce sont des homologues tunisiens en patrouille pédestre armés de jolis fusils d'assaut belges. Echange aimable et chacun reprend sa rive. Le froid ne s'est toujours pas estompé malgré le timide soleil qui a osé inonder l'endroit de ses rayons. On continue le chemin et on surprend des fermiers en train de préparer l'expédition. Des ânes en selle de fortune, des jerricans pleins de carburant attendent le feu vert. Mais rien ne les inquiète. Leurs vis-à-vis attendent, planqués, de l'autre côté. Les deux rives sont, en plusieurs endroits, coupées par des pistes transversales. Et les GGF sont obligés de les détruire à chaque fois. Comme des prédateurs, les contrebandiers sont toujours à l'affût. Aux aguets, ils surveillent, se lancent sur la rivière dès que le risque s'éloigne. Ils remettent les pistes en l'état. Sinon, ils sont sur les routes roulant comme des fous chargés de jerricans ou de réservoirs gonflés pour prendre jusqu'au-delà de 100 litres de carburant, dans un incessant va-et-vient entre la multitude de stations-service, qui seront entreposés dans ces constructions dans les fermes où ils disposent de citernes. Le commandant du 8e GGF, qui a en charge la surveillance et la lutte contre la contrebande de cette portion de frontière, explique dans le détail les techniques qu'ils utilisent non sans avouer la difficulté de sa mission.
Manque de moyens, vide juridique et gestion politique de cette région ont donné des ailes aux contrebandiers qui profitent de cette situation comme une impunité. D'où leur arrogance. Et pour y remédier, les “soldats” (comme on appelle les GGF à Tébessa) doivent s'ingénier pour créer le flagrant délit ou les coincer dans des embuscades qui, parfois, durent des jours.
Retour sur l'asphalte pour une pause. À côté d'un relais, une pompe est prise d'assaut. Tous les regards se tournent vers les clients du relais. “On ne peut rien faire”, dit l'officier. “Ils sont capables de brûler la pompe”, explique-t-il. Ils auront une belle occasion de faire une démonstration quelques minutes après. La patrouille se scinde en deux. Dès qu'elle se met en branle, soulagement dans la pompe. Les premiers véhicules, chargés de carburant, sortent à toute vitesse. Un pick-up avec à son bord six fûts de mazout est pris en chasse. Il traverse un champ pour y échapper. Voyant qu'il ne pouvait s'échapper, il décroche la corde qui lui a servi à maintenir stable sa charge et laisse tomber toute la cargaison sur le poursuivant. Le chauffeur s'en sortira de justesse, son véhicule s'est enfoncé dans la terre labourée. Le contrebandier profitera de ce moment de panique pour se tirer. Il aura fallu du renfort pour sortir la voiture de la boue. Ces “accidents” du travail sont monnaie courante dans la région. Se faire agresser par un contrebandier est devenu anecdotique.
Un officier conduit vers la fourrière deux véhicules saisis. Les contrebandiers rameutent leurs collègues qui déchargent un camion de parpaings sur la chaussée pour l'empêcher de passer. Une autre voiture arrive et fonce dans le tas. Résultat : une voiture saisie cisaillée et un poteau cassé. Ces “exploits” serviront régulièrement à meubler les froides soirées d'embuscade ou des chalets.
Retour au point de départ pour revisionner un court film sur une course-poursuite tourné à partir d'un hélicoptère. Une patrouille poursuit une 505 chargée de jerricans de carburant. L'hélicoptère survole le périmètre et oriente la patrouille qui arrive à acculer le contrebandier. Avant que les GGF arrivent sur lui, il descend, prend un jerrican, puis un autre, les verse autour et sur la voiture et y met le feu. “Vous ne l'aurez pas intacte”, crie-t-il à l'endroit des gendarmes. Incroyable, impressionnant “live” digne des opérations filmées de la police américaine.
Le froid commence à sortir ses dards avec la tombée de la nuit. Pour autant, la contrebande ne sommeille pas. Bien au contraire, elle continue de sévir. La preuve : un petit groupe de GGF laissé en cours de route a intercepté trois Tunisiens conduisant un troupeau de brebis (67 têtes) à trois kilomètres en profondeur du territoire algérien. Les deux autres, jeunes, sont un cousin et un neveu, révéla l'aîné qui nia au départ avoir traversé la frontière. Le commandant, un vieux routier des GGF, le rassure avant de l'inviter à passer la nuit en cellule. “Tu n'as rien à craindre, tu n'as pas fait quelque chose de grave. Demain, le procureur te laissera repartir chez toi”, lui dit-il en instruisant ses éléments de leur ramener à dîner. Le procureur est informé. Ils seront présentés le lendemain matin. Il est rare que des ovins, contrairement aux bovins, proviennent de Tunisie. L'autre cible est le patrimoine. Si les sites archéologiques sont exposés au vandalisme et sont devenus le repaire des “soulographes”, certains étant carrément transformés en urinoirs, les pièces et sculptures font la tentation de quelques amateurs qui les proposent à des prix dérisoires.
Une bonne partie du produit de la contrebande, excédent de production agricole et de l'industrie agroalimentaire tunisienne, se retrouvera sur des étalages à Tébessa qui a vu proliférer des grossistes en la matière.
En embuscade depuis deux jours dans la forêt, le lieutenant tient un bon tuyau. Malgré la fatigue de l'attente, il réussit à entendre dans la nuit arriver un convoi qui bivouaquera non loin de son groupe. Les contrebandiers sont cueillis au lever du jour. L'information était juste. Ils ont saisi pour une valeur de 500 millions de médicaments. Des médicaments pour test de grossesse, pour faciliter les accouchements, utilisés aussi dans les avortements, pour le cancer du sein, des contraceptifs, de l'insuline… une véritable pharmacie ambulante. L'officier sera officiellement félicité par le général Bousteila.
Il sera également derrière le démantèlement d'une partie du réseau spécialisé dans les sachets de tabac et timbres fiscaux de l'Onda. Des timbres qui accompagneront cassettes et CD algériens sans que l'office encaisse un centime. Avec sa technique d'infiltration, il a encore réalisé un exploit similaire dans la saisie de 200 000 unités de sachets à tabac d'une valeur estimée à 500 millions de centimes. L'officier a réussi à lire tout le procédé du réseau d'emballage pour tabac. La partie algérienne achète les rouleaux de papier aluminium avec du plastique. Le produit disponible en Algérie est convoyé en Tunisie où il passe à l'impression. Le rouleau imprimé aux couleurs et sigle de la SNTA est ensuite découpé en sachets prêts à être utilisés, renvoyés sous forme de paquets en Algérie où ils seront remplis de tabac à priser (chique) de transformation artisanale. Le sachet est ensuite revendu au détail, deux fois moins cher que le produit de la SNTA.
D. B.


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