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Robert Vernet. Préhistoirien, chercheur au Centre inter-africain d'archéologie, professeur aux universités de Niamey et Nouakchott
« Certains touristes se comportent en prédateurs »
Publié dans El Watan le 25 - 04 - 2007

L'Algérie, comme de nombreux pays d'Afrique du Nord, fait face à la multiplication des affaires liées au trafic et au pillage archéologique. Quelle ampleur prêtez-vous à ces phénomènes ?
Quoi qu'en soient les chiffres, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Mais il ne faut pas fatalement parler de trafic : le pillage n'est pas seulement le fait de trafiquants. L'Algérie fait partie des pays qui font aujourd'hui un gros effort dans le domaine de la répression du trafic du patrimoine, avec parfois un peu de naïveté. En janvier 2007, une importante saisie de pièces archéologiques en provenance du Mali a été faite à Roissy. Depuis toujours, les « gens du coin » ont récupéré des objets pour leur usage personnel ou pour en tirer profit. L'archéologie ancienne récoltait beaucoup et, à l'époque coloniale, expédiait en général le résultat en Europe. Il faut distinguer d'abord l'archéologie « classique »- grecque, romaine, égyptienne, historique dans le Sahel malien ou nigérien, par exemple - de la préhistoire. La première est beaucoup plus encadrée et plus rare, et nécessite des fouilles clandestines pour le pillage, ce qui n'est jamais facile à organiser ; la seconde, surtout dans le Sahara, étant exposée, dans des lieux presque toujours très isolés, à toutes les atteintes.
Qui sont les auteurs de ces pillages ?
Les touristes (expatriés ou venus d'Europe) ramassent très souvent quelques belles pièces. Parfois, ils en achètent aux autochtones, qui s'efforcent de répondre à la demande, puisqu'elle rapporte. Certains ont cependant un comportement de prédateur quasi pathologique, remplissant des cantines entières d'objets archéologiques. Certaines agences de voyages proposent des voyages dont un des thèmes est la visite de sites archéologiques… Quelques personnes financent leur prochain voyage au Sahara en vendant ce qu'ils ramassent ou achètent : ils remplissent leur véhicule et revendent en Europe. De véritables trafics organisés, avec complicités sur le terrain, dans les aéroports et chez les antiquaires en Europe et aux Etats-Unis. Le matériel saisi à Roissy auquel je faisais allusion plus haut était destiné à des antiquaires en Californie.
Quels sont les types d'objets les plus recherchés ?
Tout peut être exporté. Bien entendu, l'archéologie « classique » assure les plus gros bénéfices. Quelques cadeaux officiels - en particulier des statuettes de terre cuite ou de bronze - à des chefs d'Etat amis sont restés célèbres, de même que des exemples de pièces achetées par des musées de pays développés à des trafiquants ou d'objets volés dans des musées africains (le Nigeria a vu certaines de ses plus belles pièces sur le marché de l'art, pas toujours très regardant). Dans le domaine que je connais le mieux, la préhistoire, les pointes de flèche, peu encombrantes et fascinantes, les haches polies, les perles… Mais aussi les gravures rupestres découpées au marteau et au burin (j'en ai vu de belles tentatives avortées à Youf Ahaket, dans le Tassili de l'Ahaggar, il y a 15 ans). Le profit des trafiquants, qu'ils soient autochtones ou étrangers, est considérable : il suffit d'aller voir la partie émergée sur internet, où pullulent les sites de vente de pièces archéologiques, à commencer par E-bay, dont l'attitude est particulièrement hypocrite dans ce domaine.
D'après vos constatations, quelles sont les zones vulnérables, les zones pillées ? Et pensez-vous qu'il y a encore un espoir de sauvetage ?
Tout ce qui est géographiquement accessible est vulnérable. Aujourd'hui, grâce aux progrès techniques (véhicules 4x4, goudron, détecteurs de métaux, téléphone satellitaire…) qui assurent d'une part la sécurité et, d'autre part, l'accès à des zones autrefois « terra incognita » (GPS, électronique embarquée), aucune zone n'est à l'abri si elle n'est pas protégée pour une raison ou pour une autre. Je pense franchement qu'il est trop tard : nombre de régions sont déjà complètement pillées dans l'ensemble du Nord de l'Afrique.
Pourquoi d'après vous les structures de recherches sont rarement impliquées dans la préservation du patrimoine ?
Il est plus juste de dire que les institutions de recherches ont rarement les moyens matériels et humains d'intervenir dans ce domaine et, le plus souvent, pas le poids politique nécessaire.
Quelle est d'après vous l'ampleur des pertes pour la recherche et pour le patrimoine, pour ce qui est de l'Algérie et ses pays voisins ?
La perte est irréparable. Ce qui est parti a disparu et même si on saisit des cantines entières d'objets aux sorties des pays concernés, ces pièces archéologiques sont irrémédiablement sorties de leur contexte scientifique. Il n'y a guère d'autre solution que de donner des moyens aux chercheurs pour qu'ils puissent participer à la course de vitesse entre législations et institutions de surveillance d'un côté, et pilleurs - inconscients ou organisés - de l'autre.
Quelle est la part réelle de responsabilité des tours opérateurs dans le pillage des sites archéologiques ? Faut-il se méfier de l'activité touristique ?
La plupart des tours opérateurs sont conscients de leurs responsabilités et n'ont rien à se reprocher. Et il y a du progrès depuis quelques années. Malheureusement, certaines agences sont impliquées, parfois sans même s'en rendre compte - par exemple lorsqu'elles signalent que leur circuit passe par un site préhistorique exceptionnel. Il ne faut pas se méfier de l'activité touristique, qui joue souvent un rôle économique irremplaçable dans les régions de pillage. Mais il faut aider les acteurs du tourisme à prendre conscience du problème.
Comment le phénomène va-t-il évoluer dans les années à venir ? Doit-on s'attendre à une razzia ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
Le progrès du monde moderne et le développement du tourisme de masse ne peuvent pas inciter à l'optimisme. Mais la prise de conscience progressive de tous les acteurs va s'amplifier : un problème n'existe que lorsqu'il est identifié. Les nations doivent découvrir ce patrimoine archéologique.


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