Le leader libyen a dépêché en Mauritanie une forte délégation composée de onze membres où elle a été reçue par le chef de la junte au pouvoir en Mauritanie avant de s'entretenir avec le président renversé par le coup d'Etat du 6 août 2008. Mouammar El-Kadhafi espère marquer un grand coup dans cette région sahélienne qui lui est reste sur la gorge tant qu'il n'aura pas réussi à la placer sous sa tente. La Libye, rappelle-t-on, a jeté son dévolue voilà longtemps, lorsque Tripoli s'était affublé de son fameux livre vert, sur cette vaste région désertique mais riche en minéraux (pétrole, gaz, uranium, or...) et géostratégique à plus d'un titre. Et le guide de la Jamahiriya n'a cesse de fourbir ses efforts y installer sa tente. Ses onze envoyés sont à Nouakchott pour tenter une médiation dans la crise politique mauritanienne qui dure depuis plus de six mois. Apparemment, les Libyens n'obtiendront pas grand-chose. La semaine dernière, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, qui exige le rétablissement de l'ordre constitutionnel en Mauritanie, avait annoncé à Addis-Abeba des sanctions contre les membres civils et militaires du pouvoir mauritanien, notamment des restrictions aux visas et le gel de leurs avoirs. Le chef de la junte au pouvoir depuis le 6 août, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a rétorqué que le peuple et l'Etat ne seront pas affectés par les sanctions prises par les Africains contre son régime. “Les membres du Haut-Conseil d'Etat (junte) n'ont aucun compte (bancaire) à l'extérieur, ni en Afrique, ni en Europe, ni ailleurs. Nous nous sommes sacrifiés pour notre pays, pour ancrer la démocratie et ses valeurs, nous continuerons notre projet”, a poursuivi le général qui s'est félicité de la décision de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) d'accompagner le processus électoral en Mauritanie en vue du retour à l'ordre constitutionnel en envoyant des observateurs à l'élection présidentielle le 6 juin. Les sanctions africaines ont été également rejetées par la Coordination nationale de sauvegarde de la démocratie en Mauritanie, qui regroupe 17 partis politiques. Le 4 février, le principal opposant au régime renversé par le coup d'Etat militaire et qui a soutenu le putsch en Mauritanie, Ahmed Ould Daddah, a proposé une sortie de crise passant par l'abandon du pouvoir par l'armée et le non-retour du président destitué, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. D. B.