La déclaration attendue de l'UGTA soutenant les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances est rendue publique. Un soutien laborieusement justifié par de redondantes formules creuses sur “les équilibres financiers internes et… externes” et “le développement… durable”. En gros, le syndicat d'Etat découvre le danger du “crédit à la consommation”, “source de destruction d'emplois et de pans entiers de l'économie nationale” ! Cent cinquante millions de dollars par an contrariaient un plan quinquennal de cent cinquante milliards de dollars, soit trente milliards d'investissement par an, soit un rapport de 0,5% ! La Centrale, comme on l'appelle, de manière significative, la direction de l'UGTA, n'a pas trouvé matière à appuyer la loi de finances complémentaire que dans ce qu'elle interdit le crédit à la consommation qui, encore une fois, constitue une quantité négligeable dans les mouvements financiers du système rentier national. Et malgré cette réalité, elle lie étrangement et insidieusement cette mesure à “l'utilisation rationnelle des ressources financières et leur préservation des appétits de toutes sortes ( !)”. Vraiment ? Le Trésor souffrirait donc des emprunts contractés par les acquéreurs de voiturettes “Maruti” et de produits électroménagers même “Taiwan” et qu'ils remboursent avec un intérêt de 9% ! Tout le monde connaît les manières dont sont satisfaits les “appétits de toutes sortes” au détriment du Trésor public. Hier, alors que l'UGTA se félicitait de cette restriction qui sanctionne le petit consommateur, Soltani, chef de parti islamiste pourtant coalisé, en a cité une : les prêts sans intérêt aux députés. On peut en rappeler d'autres, puisque tous les emplois de cadres ont droit, notamment en périodes pré-électorales, à de tels privilèges qui, eux, coûtent effectivement au pays. Parce que ce n'est pas de Maruti qu'il s'agit, mais de Peugeot 407 et autres grosses cylindrées ! La réalité de fortunes bâties par la prédation est aveuglante et sans commune mesure avec les petits filets d'argent que le système laisse parfois couler jusque chez l'Algérien moyen ! Et au lieu de lutter contre les immenses brèches de la corruption, du détournement et du passe-droit, on se mobilise pour l'assèchement des sources du prêt au particulier comme pour une “tâche d'édification nationale” ! On pourrait d'ailleurs considérer le stock de prêts concédés par les différentes “organisations de masse”, et le comparer au montant des prêts bancaires, histoire de voir par quelles ressources est financée leur puissance. On pourrait aussi considérer les effacements renouvelés de dettes d'entreprises publiques indéfiniment déficitaires et, surtout, les annulations de dettes de vrais et faux fellahs. Rien ne sert de brandir les 150 milliards de dollars du programme de développement et les 1 000 milliards de dinars de mise à niveau de l'agriculture comme une “réalisation”. Ce n'est pas le montant qui fait le développement ; c'est sa gestion. Et cette gestion, nous l'avons déjà éprouvée : si elle fût “développante”, on n'aurait pas besoin d'économiser 150 millions de dollars de crédits à la consommation. M. H. [email protected]