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Systémique, la crise post-électorale ébranle le régime des mollahs
Répression, parodie de procès, clergé et classe dirigeante divisée…
Publié dans Liberté le 13 - 08 - 2009

Les grandioses manifestations qui ont secoué Téhéran et les grandes villes iraniennes au lendemain du scrutin présidentiel du 12 juin, dont la régularité a été mise en cause, semblent bien loin, tant il règne un calme précaire au pays des mollahs. Le pouls du pays ne bat plus qu'au rythme de la parodie de procès d'une centaine de manifestants, au rang desquels figurent des responsables importants du camp dit réformateur et quelques ressortissants étrangers.
Depuis deux jours, c'est le procès d'une jeune étudiante française, Clotilde Reiss, accusée d'espionnage, qui fait la une de la presse mondiale. La France, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, puis par celle du président de la République, Nicolas Sarkozy, a exigé la libération immédiate de l'accusée qui n'est “coupable de rien du tout”, selon les deux responsables. L'Union européenne, présidée actuellement par la Suède, lui a emboîté le pas pour formuler la même exigence.
L'emprisonnement puis le procès de la Française et d'une Franco-iranienne employée à l'ambassade de France à Téhéran, auraient deux objectifs : Le premier, à usage strictement interne, consisterait à accréditer la thèse du complot dirigé de l'étranger contre la République islamique. Le but en est clair : discréditer les leaders de la protesta aux yeux de l'opinion et, pourquoi pas, les juger et les punir comme le demandent déjà certains hauts responsables des Gardiens de la Révolution, qui voudraient voir sur le banc des accusés les candidats Moussavi et Karoubi ainsi que l'ancien président Khatami. La presse étrangère étant toujours indésirable en terre iranienne, la presse indépendante étant muselée et certains de ses responsables arrêtés, il est difficile de conjecturer sur l'état réel de l'opinion générale iranienne face à la manœuvre. En effet, les Iraniens n'ont plus comme canaux d'expression, si tant est qu'ils en sont, que les médias contrôlés par le régime, ce qui rend vaine toute velléité d'enquête ou de sondage. Le deuxième objectif de l'arrestation et de l'inculpation des ressortissantes françaises relève, sans aucun doute, de la volonté politique de punir la France, dont le président a eu les propos les plus durs à l'égard de l'Iran, en 2007 déjà, s'agissant du dossier du nucléaire. “Nous ne voulons pas de bombe iranienne comme nous ne voulons pas de bombes sur l'Iran”, avait-il dit alors, en substance, devant un parterre de diplomates. Jamais chef d'Etat n'a aussi clairement évoqué et envisagé l'option militaire contre l'Iran dans le cas où la République islamique s'entêterait à se doter de l'arme nucléaire. Avec l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche et sa politique de la main tendue, c'est tout naturellement que Nicolas Sarkozy a pris la place du grand Satan, en jouant au diablotin, aux yeux des mollahs.
Pour autant, les maîtres de Téhéran iront-ils au bout de leur démarche en condamnant Clotilde Reiss, qui risque cinq ans de prison, voire la peine capitale, si elle est reconnue ennemie de Dieu par le tribunal révolutionnaire ? Très peu probable. C'est d'autant plus improbable que le régime iranien, ébranlé de l'intérieur, ne voudrait pas voir les 27 pays de l'Union européenne radicaliser leur position derrière la France. D'autant plus que la main tendue d'Obama menace de se retirer dès septembre prochain si Téhéran ne donne pas de signe tangible d'une réelle volonté de collaborer avec la communauté internationale.
CLOTILDE REISS CONTRE LA TÊTE DE MOUSSAVI ?
Dans un communiqué publié par l'Elysée, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il faisait de la libération de la jeune étudiante sa priorité. Ce qui n'est pas peu dire. Mais de quel moyen dispose-t-il pour ce faire, sinon de la négociation plus ou moins transparente ou plus ou moins occulte ? Or, n'est-ce pas ce que recherche précisément Téhéran : contraindre la France à la négociation ? Et si négociation il y a, quelle serait la contrepartie de la libération de Clotilde Reiss ? Pour répondre à la question, il est nécessaire de s'arrêter sur la nature de la crise iranienne et sur les priorités immédiates du régime de Téhéran. La crise est systémique. Ce sont les mécanismes de la distribution des pouvoirs à l'intérieur du système qui ne fonctionnent plus et les équilibres censés en découler qui ne font plus consensus au sein de la classe dirigeante. Car, faut-il le rappeler, aussi bien Moussavi que Karoubi et Khatami ont eu à occuper de hautes fonctions dans les institutions de la République islamique. Ils ont contribué à son instauration et à sa pérennité. En aucun cas, ils n'ont prétendu la remettre en cause. La signification qu'une partie de la presse et des analystes occidentaux ont voulu donner au terme générique de “réformateur” est quelque peu exagérée et fantasmatique même si, au demeurant, le personnage et le look de Moussavi sont assez sympathiques. La guerre se situe entre les acteurs d'une même révolution, porteurs d'un même projet, à quelques nuances près, mais dont la coexistence est de plus en plus difficile. Comme après toute révolution, l'heure des règlements de compte sonne toujours. La confrontation conservateurs-réformateurs est de nature post-révolutionnaire et elle est motivée par des enjeux de pouvoir. La bataille entre les parties est engagée, mais la décantation est loin d'être faite et l'issue en est encore incertaine, malgré les apparences que donnent les conservateurs victorieux. Ceux-ci, toujours au pouvoir, sont les premiers à le savoir. C'est pourquoi ils ne rechigneraient pas à libérer tous les prisonniers et les inculpés étrangers, y compris les trois “randonneurs” américains si nécessaire, pour peu qu'on les laisse faire tranquillement le ménage chez eux. Moussavi, figure emblématique de la protesta post-électorale, serait alors le premier à en faire les frais, comme le souhaitent si ardemment les pasdarans. Hillary Clinton, en déclarant depuis son périple africain que les Etats-Unis ont soutenu les protestataires et continueront à le faire, leur a fourni, malgré elle, un argument pour décapiter le mouvement. Pourront-ils le faire sans risquer un embrasement général et, peut-être même, la chute du régime ?
LES MOUDJAHIDINE DU PEUPLE : L'INVITE SURPRISE
Quelle que soit la popularité réelle ou supposée de Moussavi, elle n'explique pas à elle seule l'engouement pour sa candidature et l'extraordinaire mobilisation pour protester contre l'irrégularité du scrutin et les résultats donnant Ahmadinejad vainqueur, malgré l'ampleur et la violence de la répression. Ce sont majoritairement les jeunes et les femmes qui ont animé sa campagne, puis les manifestations de protestation. Or, ce sont les deux franges de la population qui souffrent le plus de la restriction des libertés imposées par le régime théocratique. En se rangeant derrière Moussavi, ils ont choisi celui qui leur apparaissait comme le moins liberticide des candidats. Sans plus. Les lourds soupçons qui ont pesé sur la régularité du scrutin et la réélection du président sortant ont été le prétexte pour porter dans la rue leurs ressentiments et leur ras-le-bol et, dans les faits, le mouvement a largement dépassé Moussavi et a échappé à son contrôle. Même si, pour des raisons tactiques cela n'a pas été publiquement exprimé, en réalité c'est le procès de la République islamique qui a été fait dans la rue. Et il n'est pas exclu que des militants du parti des moudjahidine du peuple, dans la clandestinité mais toujours actifs, aient joué un rôle important à l'occasion.
Interrogé par une chaîne de télévision française, un dirigeant de ce parti clandestin a fait preuve d'un optimisme débordant en annonçant la fin très prochaine du régime des mollahs. Il a par ailleurs fait part de l'existence d'une coalition de résistance laïque de cinq formations, dont les moudjahidine constituent la principale composante. Ayant joué un rôle central dans la chute du Shah avant d'être persécutés et pourchassés par les mollahs, les moudjahidine du peuple n'ont jamais cessé de résister. Aidés et armés par Saddam Hussein à son époque, ils ont été classés comme organisation terroriste par les puissances occidentales. Ils ont récemment été réhabilités en les supprimant de la liste noire de ces organisations. Cela peut impliquer qu'ils auront désormais accès à des moyens logistiques importants, ce qui expliquerait en partie l'optimisme du responsable sus-cité.
L'INTROUVABLE INTERLOCUTEUR
Le clergé et la classe dirigeante sont divisés. Chose inédite, l'autorité du Guide de la révolution, Khamenei, est ouvertement contestée. À cause de sa victoire lourdement entachée d'irrégularités, le président réélu est fragilisé et sa marge de manœuvre est des plus minces. Le sommet de l'Etat iranien est traversé de graves turbulences et sa stabilité est des plus précaires. Le mouvement de protestation, en stand-by en ce moment, peut reprendre de plus belle, avec probablement plus de détermination, si les conservateurs au pouvoir lui en donnent l'occasion en inculpant, par exemple, les candidats Moussavi et Karoubi ou encore l'ancien président Khatami, tous accusés de fomenter des troubles et d'alimenter la désobéissance.
En temps normal, la fragilisation et la déstabilisation du régime iranien seraient vues d'un bon œil par les puissances occidentales. Ce n'est pas forcément le cas présentement. Au moment où l'administration Obama et une partie de la communauté internationale invitent Téhéran à la négociation, en particulier sur le dossier du nucléaire, le pays est en panne de représentant suffisamment légitime et crédible. De plus, la priorité du régime est davantage d'assurer l'assise de son pouvoir à l'intérieur que de rechercher un quelconque compromis avec l'extérieur. Pendant ce temps, nul ne sait où en est le programme d'enrichissement de l'uranium et Israël, trépignant d'impatience, pourrait en profiter pour commettre l'irréparable. Une vraie poudrière en somme.
M. A. B.


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