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Quelle concorde ?
Publié dans Liberté le 31 - 10 - 2002

La lâcheté et la férocité de l'armée d'occupation sont bien illustrées par ce qui est resté dans l'histoire sous l'appellation des enfumades : trois tribus en trois endroits différents ont péri dans les grottes où elles se sont réfugiées, brûlées et asphyxiées vives.
Nous l'avons signalé à une occasion précédente, l'Algérie a été une terre de convoitises qui a connu les invasions, les résistances et les révoltes. Ce qui fait que l'élaboration de toute politique de concorde passe nécessairement par la prise en compte de l'accumulation de la misère sociale vécue durant les différentes occupations et qui a laissé des traces indélébiles dans la conscience collective des Algériens. Plus près de nous, le peuple algérien a eu à subir le mépris et la barbarie des troupes coloniales françaises. Il est utile, pour la bonne compréhension, de classer la période de la colonisation française en quatre étapes :
1830-1871: la résistance à l'envahisseur et le summum de l'atrocité et de la barbarie ;
1871-1919 : le séquestre et la spoliation (accaparement des terres les plus fertiles) ;
1919-1954 : la maturation du mouvement national et l'apparition du mouvement révolutionnaire ;
1954-1962 : la Guerre de libération nationale.
La lâcheté et la férocité de l'armée d'occupation sont bien illustrées par ce qui est resté dans l'histoire sous l'appellation des enfumades : trois tribus en trois endroits différents ont péri dans les grottes où elles se sont réfugiées, brûlées et asphyxiées vives. Ces opérations ne sont-elles pas les ancêtres de l'utilisation des armes chimiques contre les civils ?
Après quarante ans de massacres, de meurtres et de pillages de 1830 à 1871, le peuple algérien va connaître une période d'expropriation et de séquestre qui va durer jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Les terres les plus fertiles passent par les bons soins de l'Etat français, des tribus algériennes aux colons européens. De propriétaires cultivant librement leurs terres, les Algériens se transforment en prolétaires ou ouvriers agricoles au service des colons. Face à une telle barbarie, une première question vient à l'esprit : comment le peuple de la Révolution française, qui a imposé la Déclaration des droits de l'homme en 1789, basée sur la liberté, l'égalité et la fraternité, a-t-il pu permettre à son armée de tels dépassements ?
D'autant plus que “la France révolutionnaire avait même trouvé appui auprès de la Régence face aux monarchies européennes qui voulaient l'asphyxier. Une bonne illustration de cette relation privilégiée est rapportée par le journal français le Moniteur du 18 Juin 1793 : “Tandis que l'Europe se coalise contre la France libre, une puissance africaine (Alger), plus loyale et fidèle, reconnaît la République et lui jure son amitié.” La Régence était même allée jusqu'à prêter sans intérêt 2 millions de francs à la jeune République. “Un vrai ballon d'oxygène.”(1)
Les autorités françaises vont répondre à cette question par le mensonge et la falsification de l'histoire autour de la mascarade du coup de l'éventail : “En 1794, la France était attaquée de tous côtés. Non seulement son territoire était envahi sur plusieurs points, mais son peuple et son armée risquaient d'être affamés. Ne produisant pas assez pour subvenir à ses besoins, elle ne trouvait nulle part où acheter le complément de grain qui était nécessaire. Nulle part... sauf en Algérie, dont le dey offrit à la Convention toutes les facilités pour faire ses achats de blé... Le gouvernement français, convaincu de mauvaise foi, allait châtier le dey coupable d'avoir “injurié la France”. Car “l'honneur de la France” ne consistait pas à payer ses dettes le plus vite possible, “l'honneur de la France” consistait à frapper celui qui lui reprochait ses actes déshonorants. “Je suis le lion”; ma raison est la meilleure parce que je suis le plus fort. Et je suis le plus fort pas seulement par les armes, mais par toute l'organisation de mensonges , sous les noms divers d'enseignement, de littérature, de “culture”, etc., que j'ai créée pour me servir. En conséquence du mensonge, je ferai la vérité. Toute une armée “d'intellectuels” proclamera par le monde, comme la vérité, comme une Vérité évidente et universellement admise, que j'étais outragé sans raison et que mon droit à m'emparer d'Alger est incontestable.” (2) Combien de ressemblance entre hier et aujourd'hui dans la capacité des gouvernements à tromper les opinions publiques nationale et internationale !
Alors qu'il n'a même pas eu le temps de cicatriser les plaies de la colonisation, le peuple algérien se voit confronté, une nouvelle fois, à la cruauté et à la barbarie! Cette fois-ci, elles sont perpétrées par le terrorisme intégriste. Il y a également les événements douloureux d'Octobre 1988. De même que le traitement des dossiers des disparus et de la torture.
D'où la question : quel traitement pour l'après-terrorisme ? Faut-il traiter ces plaies par le souvenir ou par l'oubli ? Il y a des adeptes du souvenir et il y a des adeptes de l'oubli. Pour la tradition juive : “se souvenir est le secret de la Rédemption”. Le Coran enseigne le souvenir dans des circonstances et l'oubli ou le pardon dans d'autres : “Et rappelle, car oui, le Rappel profite aux croyants” Coran, 51-55. Mais aussi, “Pardonne-leur donc, et implore pour eux l'absolution” Coran, 3-199 ou encore “Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire est à Dieu” Coran, 42-40. Certains pensent “qu'il n'est bon ni pour une nation ni pour un individu d'effacer le souvenir des aspects tristes et funestes du passé, et il est souhaitable de passer par un dur travail de deuil”. Il y a également la conviction politique que cela permettra d'empêcher une répétition du mal. Par contre en Europe Occidentale, la démocratie était largement fondée sur l'oubli, après la Seconde Guerre mondiale.
Si l'option pour le souvenir est retenue, il faut décider de quand se souvenir ? Immédiatement ou plus tard ? En regardant un passé difficile de trop près, ne risque-t-on pas d'empêcher la cicatrisation des blessures et alors d'aggraver la déchirure de la société ? Aura-t-on assez de recul par rapport aux événements pour comprendre leur signification ? Ne risque-t-on pas de céder à la passion ? Mais le report et l'illusion de l'amnésie ont leurs prix psychologique et politique. Les victimes du terrorisme et leurs familles ont le droit moral de savoir par qui et comment les leurs ont-ils souffert ? Lorsque non traité globalement, le passé revient toujours par fragments et ses parties les plus sales sont utilisées dans les querelles politiques du moment.
Comment se souvenir ? Par le Parlement ? les Juges ? les commissions ou les tribunaux d'exception ? la presse ou la télévision ?
Comme il est facile de le constater, le sujet est autrement plus complexe et son traitement nécessite un travail d'analyse approfondie et l'engagement de toutes les composantes de la société dans un débat le plus large possible. Sans oublier le travail de mise à niveau de l'Etat, de l'économie et de la société civile (voir la question sur les conditions qui nourrissent la violence).
Sans un tel travail, il devient absurde de parler de concorde ! Entre qui et qui ? Comment ? Ne sommes-nous pas très loin de réunir les conditions nécessaires à la mise en œuvre de la “ concorde civile” qui reste, de mon point de vue, plus un slogan qu'un programme politique ? À jeudi prochain pour une autre question. Entre-temps, travaillons toutes et tous à élargir la base du dialogue sur l'avenir de l'Algérie.
A. B.
[email protected]
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(1)- S. Aouli, R. Redjala, P. Zoummeroff, 1994 : Abdelkader ; Edition Fayard.
(2)- Cent ans de capitalisme en Algérie 1830-1930, Histoire de la conquête coloniale, par Robert Louzon ; N°99 et 104 1er Mars et 15 Mai 1930 de la Révolution prolétarienne.


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