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Irina Bokova et Dechra Bouaddal de M'sirda
Souffles…
Publié dans Liberté le 11 - 02 - 2010

Chers amis musiciens : de Ahmed Wahbi jusqu'à Lotfi Double Canon, de Radouane Bensari jusqu'à Réda Doumaz, de Rénette l'Oranaise jusqu'à Cheikha Remiti, de Cheikh Raimond jusqu'à Hadj El Fargani, de… jusqu'à Zakia Kara Terki, permettez-moi, tous, aujourd'hui, en vos noms, aux noms des autres, de demander à Mme Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco (l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), d'inscrire un petit village algérien appelé Bouaddal sur le répertoire du patrimoine universel. Qu'est-ce qu'il a de particulier ce village de Bouaddal, campé dans la wilaya de Tlemcen, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu du daïra de Bab El-Assa ? Rares sont ceux qui connaissent ce petit village unique dans son genre, oublié par et sur toutes les cartes géographiques. Je le sais ! Et pourtant Bouaddal existe. Il est un, sans paire. Bouaddal est une petite bourgade, reculée dans cette Algérie profonde, un hameau magique, fait en musique, de musique, situé dans la contrée de M'sirda, f'ouaga (la haute) ou t'hata (la basse) ? Qu'importe ! Au pied d'une montagne appelée Zendal. Dans cette petite déchra, constituée d'une centaine de hawchs, ne poussent que les sons, ne naissent que les chants, les rythmes et les danses. Sans exception aucune, tous les habitants de Bouaddal, de génération en génération, sont des artistes : des musiciens, des chanteurs et des danseurs. Les femmes comme les hommes. Les vieux, les jeunes et les enfants sont habités par la musique, Baptisés dans la musique. Les enfants de Bouaddal naissent dans la musique, grandissent par la musique, vivent pour la musique. Les mamans, comme les pères, ne souhaitent jamais avoir une progéniture d'ingénieurs, de médecins ou de professeurs. Cette déchera, oubliée dans le néant des néants, représente la patrie des sonorités, des rythmes et des rimes. Bouaddal est une portion d'une terre vibrante, en permanence, sous les pieds des danseurs de Laâlaoui. C'est elle qui a donné la célèbre troupe folklorique appelée Al rfa. Une troupe qui a honoré l'Algérie dans des grandes manifestations internationales. Mouh El-Bekkay, à l'image de tous les fils de Bouaddal, est un fou-musique. Il s'appelle Bekkay, ce mot signifie “pleureux”, en arabe. Son mon ne reflète point son cœur. Grand fêtard. Il est fier, d'abord, de ses longues moustaches hautement entretenues. Sourire ! Pour Mouh El-Bekkay, comme pour tous les gens de Bouaddal, la musique est une religion. Une fois Mouh El-Bekkay a grimpé dans l'âge, les autorités politiques, généreuses, lui ont offert “un hadj”. Mouh El-Bekkay pense que c'est Dieu qui doit se déplacer vers les hommes. Ces derniers n'ont ni les moyens ni le temps pour voyager, un voyage qui perdure des jours. Rattrapé par l'âge, un jour, Mouh el Bekkay est parti pour accomplir le hadj. Il était heureux ! Il était déçu, en même temps. De son retour de la terre sainte, il s'est vu oublié par les musiciens de Bouaddal. Les siens. Un hadji ne joue pas de la musique. Un hadji ne danse pas. Un hadji ne chante pas. Recroquevillé sur lui-même, plié, replié, triste, abattu, Mouh El-Bekkay écoula ses jours en regardant son instrument musical. Sans oser le faire respirer. Hanté par l'amour de son Zamer (la trompette), un jour, Mouh El-Bekkay dissimulant son instrument musical sous sa djellaba, sort de Bouaddal, s'éloigne dans les recoins les plus éloignés. Assis, sur une pierre au sommet de Zendal, le regard vers le ciel, Mouh El-Bekkay sortit son Zamer. Joue une petite heure. Cette fois-ci, il a joué pour lui, pour le ciel d'en haut, pour la mer d'en bas. Chère Mme Irina Bokova, directrice de l'Unesco, je vous ai raconté l'histoire de Bouaddal et celle de Mouh El-Bekkay, mais permettez-moi de vous demander : y a-t-il, encore sur cette terre polluée, un peuple, un village qui croit en la musique comme religion ? Eh oui, c'est Bouaddal ! “La musique, par sa force divine, est capable de métamorphoser les lieux, faire oublier des géographies, annoncer la naissance d'autres, plus notoires, plus lumineuses et plus illuminées.” Bouaddal.
A. Z.
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