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“La prison du silence”
La nouvelle de Adila Katia
Publié dans Liberté le 17 - 02 - 2010

RéSUMé : Un jour où elle rend visite à Hakim, elle croise inévitablement Ayoub. Il tient encore à elle. Mais elle doit renoncer à leur bonheur et lui demande d'oublier leur amour et leurs promesses. Ayoub veut savoir pourquoi…
26eme partie
-Hélas, je ne peux pas répondre à tes questions, répond-elle. Je te souhaite beaucoup de courage et de chance dans la vie !
Elle le quitte en courant et elle est soulagée que son oncle soit venue la chercher. Ayoub aurait pu la rattraper et la mettre à bout avec ses questions et sa peine face à sa décision. Sûrement qu'elle aurait craqué. Elle aussi l'aimait mais la malchance l'avait mise entre les mains d'un être sans foi et sans scrupule qui avait réussi à lui gâcher sa vie. Si seulement elle n'était plus de ce monde.
- Sèches tes larmes ! lui recommande son oncle Ali. Dans quelques mois, il sera parmi nous !
- La prison va le briser, murmure-t-elle. Tout cela par ma faute.
- Pourquoi Fateh t'a-t-il battue ? l'interroge-t-il.
Maya s'enferme dans un silence que son oncle ne parviendra pas à briser malgré toutes les questions qu'il lui posera. Elle ne lui dit même pas au revoir quand il la dépose chez ses grands-parents maternels. Ces derniers pleuraient le malheur qui avait frappé la famille. Maya aussi, sans faire de commentaires, sans répondre aux questions de sa grand-mère. Tous sont intrigués sur le réel motif de la querelle.
- T'aurait-il trouvé avec quelqu'un ?
Maya secoue la tête pour dire non.
- Alors pourquoi ?
Aucune réponse. Personne ne pourra lui arracher ne serait-ce un seul mot pendant plusieurs jours.
Terrassée par la fièvre, Maya reste alitée pendant plus d'un mois. Elle recevra la visite de ses oncles et grands-parents paternels qui lui demanderont de revenir à la maison. Mais elle refuse en secouant la tête, les yeux larmoyants. Elle n'était plus qu'une ombre…
- La mort de ta mère ne t'a pas rendue aussi malade. Qu'est-ce que tu nous caches dans ton silence ? lui demande une fois son oncle Ali. Tu vas finir par sombrer dans la folie en gardant tes secrets ! Vide ton cœur ! Cela te guérira !
Maya avait éclaté en sanglots. Si seulement elle pouvait se confier sans provoquer de scandale, sans qu'il y aille de l'honneur de la famille.
Elle les connaît si bien. Le sang appelle le sang. Rien d'autre ne pourra laver l'honneur souillé.
Les semaines, les mois passent. Péniblement pour tous. Maya avait rompu avec l'extérieur. Il n'y avait que Hakim qui avait des nouvelles d'elle. Ils s'écrivaient régulièrement. Elle lui mentait sur beaucoup de choses, entre autres, qu'elle allait bien, qu'elle avait repris ses études qu'elle s'était fait de nouveaux amis.
Hakim en était heureux et le lui disait. Il ignorait que c'était des mensonges. Rien que des mensonges écrits pour le rassurer.
A. K.
(À suivre)


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