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Djamel Amrani, en mémoire
CINQUIèME ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DU POèTE
Publié dans Liberté le 06 - 03 - 2010

“Je suis de ce monde et je vis/Les souvenirs d'une autre vie.” Djamel Amrani.
Djamel Amrani est incontestablement le poète national. Depuis son premier ouvrage le Témoin, dans lequel il a porté un témoignage lucide sur la torture en Algérie par la soldatesque française, il n'a pas cessé de porter haut le nom de sa patrie.
Il a été le témoin, au moment de son adolescence, du visage hideux de la barbarie qu'il a subie dans sa chair et dans son âme. Les stigmates de son arrestation, de l'assassinat des membres de sa famille, à la fin des années cinquante, ont gravé à jamais la violence de l'acte dans le souffle vivant de ce porteur de parole.
Djamel Amrani a inspecté ses frayeurs le long de sa vie ; une vie qu'il a subie et rejetée, luttant contre l'indifférence et l'ostracisme d'autrui. Poète, il l'a été ! Mais, en plus, il a été le vecteur d'une mémoire carnivore, obèse jusqu'à l'insatisfaction totale, d'une Algérie qu'il hissait comme un étendard, aux noms de tous les martyrs. Dans Bivouac des certitudes (remarquons la recherche du titre qui augurait, déjà, du martyre subi, car torturé par une mémoire présente), Djamel Amrani a convoqué une foultitude d'émotions, propres à un poète racé, pour dire la Révolution. Il a écrit la lutte.
Il a dit la fraternité. Il a justifié les sacrifices. Il a su choisir les mots utiles, les mots qui ne blessent pas, les mots authentiques, les mots à hauteur de l'humanité, car notre poète n'avait pas de haine. Du moins, je n'ai jamais eu à déceler dans son écriture, ni dans son parcours, le moindre sentiment vindicatif. Les lendemains qui déchantent existent. Les espoirs, clairement affichés, induisent forcément des déceptions. Le message de Novembre a pu être falsifié après l'indépendance. Les renoncements ont obligé certains à baisser les bras ou à s'exiler. Djamel Amrani a choisi son camp : celui de la marge. Vivre en marge, nourri par ses souvenirs, falsifiant son avenir comme étant un élément subsidiaire, porté par la vague écervelée d'une poésie qui était au quotidien l'ami, la femme, le père, l'amante, le repos, le soleil… Et tout le reste ! Amrani a opté pour ce champ où la plume trace le sillon et où la fulgurance moissonne le poème. Que de fois Djamel ne m'a-t-il répété ses envies d'aller vers le suicide ! Mais en fait de suicide, il s'agissait en vrai d'aller vers l'anéantissement de l'être dans la plénitude du dire et dans la confusion de la solitude. J'avais dit, en son temps, à Djamel que “aussi loin que portent nos regards…” (recueil publié dans les années 1970) représentait le tournant d'une écriture portée par la mémoire, donc tournée vers un passé douloureux et que, désormais, grâce à ce recueil, le regard du poète unissait dans une douleur salutaire la somme de blessures d'hier, actives au demeurant, et la viduité fertile d'un présent oppressant. Depuis lors, il n'a pas cessé de se renouveler, de fortifier son poème, de s'offrir davantage au regard courroucé de certains dogmatiques, de rouvrir la plaie d'une blessure nourricière, d'approfondir les failles de ses faiblesses, d'appeler à la fraternité innocente et désintéressée et de blinder sa solitude qui l'a autorisé à rejoindre l'autre rive dans une indicible intimité de la main. Pour terminer ce petit salut que je t'envoie, d'ici, de ce côté d'une rive encore agitée, je sais que toi, Djamel Amrani, tu as porté — comme seuls savent le faire les poètes résistants —, tu en étais un, irremplaçable, fidèle aux vents de ta folie, apte à la révolte solitaire, une “nuit du dedans” portée comme un oriflamme, comme jamais personne ne l'a portée. Je relis, souvent, ta poésie pour m'autoriser un répit et espérer un rai de lumière, quand la tentation de l'oubli — comment t'oublier, ô Djamel ! — m'oblige à réciter mes classiques.
Y. M.
(*) Poète, écrivain et secrétaire général du Haut Conseil à l'amazighité (HCA)


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