Bien que le soleil se fasse encore désirer, le printemps est là. Le premier fruit de la saison chaude s'expose sur les étals depuis plus d'une semaine déjà. Les nèfles sont arrivées et jouent les trouble-fêtes dans la mercuriale qui faisait des siennes. Avec leurs couleurs qui apportent des tons nouveaux aux étalages, les nèfles sont autant de gaieté et de variété fruitières sur nos tables. Mais derrière ces fruits parfois si savoureux, on retrouve tout un imbroglio linguistique et botanique à la fois. Le néflier vrai, le mespilus germanica L. des botanistes est un arbre de nos forêts. Commun à tous les massifs forestiers du nord de l'Algérie, ses fruits sont consommés presque exclusivement par les riverains des aires de production. La nèfle sauvage se trouve rarement sur les marchés à la fin de l'automne, dès les premiers froids sous l'appellation de mzah. Le mespilus germanica serait, comme son nom ne l'indique pas, originaire d'Asie. Cette espèce croît spontanément chez nous. Elle a fait autrefois l'objet de cultures. C'est de ses fruits qu'il s'agit dans l'expression française : pour des nèfles. Abandonnée, elle a été complètement supplantée au début du XXe siècle par une autre espèce cultivée, celle-là. Les néfliers du Japon et de Chine ou bibacier semblent avoir été introduits par l'agriculture coloniale. Il est connu sous les dénominations régionales de mchimcha, zaâroura, malisse, bou aadima et parfois mzah. Toutes ces appellations sont des références à des ressemblances à des fruits connus. Ce qui conforte la thèse d'une introduction récente. Nèfles d'ici et d'ailleurs Les nèfles d'Asie ou bibaces, dont la culture connut un grand engouement de la part des colons, furent longtemps assez rares et considérées comme un fruit exotique dans la métropole. On est encore loin de la propagation des kiwis, mangues, etc. L'aspect prolifique de l'arbre permettra son accessibilité aux revenus modestes. À cela s'ajoute un grand nombre de fruits au kilo. C'est ce qui a fait sa popularité. Ce qui n'enlève rien à l'excellence de sa chair juteuse, rafraîchissante, douce et acidulée à la fois. Toutes les qualités recherchées dans un fruit y sont rassemblées. Le marché en offre de nombreuses variétés de l'espèce. Les plus recherchées sont la champagne et la tanaka. Les connaisseurs toujours furetant dans les vergers vous sortiront toujours une variété oubliée comme celle dénommée Algérie dont ils vous diront qu'elle est autofertile, sucrée et productive. La remettra-t-on au goût du jour ? RECETTE TARTE AUX NÈFLES (http://www.linternaute.com) Pour 6 personnes : Pour la pâte - 200 g de farine - 100 g de beurre - Un peu d'eau - 30 g de sucre Pour la garniture - Une douzaine de nèfles - 60 g de sucre roux Confectionner la pâte avec la farine, le sucre, le beurre mou et l'eau. Etaler la pâte et la placer dans un plat à tarte. Disposer les nèfles préalablement nettoyées et épépinées face bombée vers le haut. Saupoudrer de sucre les fruits. Enfourner à 180°C pendant 35 minutes. Pour finir, servir tiède accompagné d'une boule de glace à la vanille. Momo [email protected]